Summertime, le rayon de soleil qui fait du bien
Réalisé par Carlos López Estrada, Summertime est le récit d’une chaude journée d’été à Los Angeles, où s’entremêlent les vies de 25 jeunes et de leurs poèmes. Sorti en France le 15 septembre 2021, le film est une vitrine réaliste d’un Los Angeles débordant de jeunesse, de talent, de couleurs, et surtout de poésie.
Summertime voit le jour en 2019 à Los Angeles lors d’une scène ouverte de l’organisation de poésie, Get Lit-Words Ignite. Le collectif invite la compagnie de production Little Ugly à y assister et Carlos Lopez Estrada, le réalisateur de Summertime, est aussi présent. Paolina Acuña-González, membre du collectif Get Lit Player et qui joue son propre rôle dans le film, affirme que Carlos Lopez Estrada “a été frappé par l’inspiration de créer un film mettant en scène tous les poètes uniques de cette exposition”.
Le réalisateur lance l’idée d’un film passant d’un poète à l’autre dans tout Los Angeles, en citant comme référence Slacker de Richard Linklater. Les jeunes poètes sont invités à proposer des scènes, des chansons, des poèmes pour enrichir le long-métrage. Paolina présente alors un poème, Red Lipstick, qu’elle a récemment écrit pour le Get Lit Poetry Slam. Elle suggère une adaptation cinématographique de ce poème qui pourrait inclure davantage de visuels rouges à l’écran pour le mettre en valeur: l’idée des danseuses en robe rouge donnera vie à une des scènes phares du film. Paolina vient d’une école d’art dramatique, elle a donc une certaine expérience de la comédie, mais jamais de façon professionnelle devant une caméra. Un exercice “assez éprouvant !” confie-t-elle.
Un réalisme novateur
Un des aspects marquants du film est son réalisme. Filmé très spontanément, de manière presque amateure, Summertime plonge le spectateur au coeur de Los Angeles. Les plans de la ville se succèdent : les graffitis, la jetée de Santa Monica, Chinatown, Venice Beach, toute la ville est donnée à voir. Le spectateur peut s’imprégner de son aura unique avec un point de vue différent, novateur, plus réaliste, presque intimiste. On croirait y habiter. Paolina Acuña-González raconte qu’elle “aime la façon dont Summertime reflète une vision à multiples facettes de Los Angeles, du point de vue des résidents actuels plutôt que des personnes qui ne font que s’installer dans la partie superficielle de Hollywood”.
“Si je devais décrire le film en trois mots, je pense que ce serait : émotionnel, unique et innovant.” –Paolina Acuña-González
Paolina Acuña-González le décrit bien, le film est “émotionnel, unique et innovant”. La diversité du casting fait vraiment plaisir à voir, tout comme les thématiques abordées. On suit les parcours d’une skateuse guitariste, d’un critique Yelp compulsif, d’un serveur dans un fast food, d’une ex en mal d’amour. Les problématiques abordées sont autant contemporaines qu’intemporelles, comme le racisme, l’homophobie, les chagrins d’amour, la poursuite de ses rêves. Il est forcément possible de s’identifier à au moins un des personnages, ce qui rend le film très inclusif.
La poésie, moteur principal du film
Au-delà de l’odeur des cheeseburgers, c’est l’odeur de la poésie qui se dégage de Summertime. La ville est plus brute que jamais, et pourtant vibrante de poésie. Le genre utilisé est le “spoken word”, littéralement le mot parlé, une façon particulière d’oraliser un texte souvent accompagné d’une collaboration artistique, telle que la musique, le théâtre ou la danse. Les jeunes expriment leurs histoires, leurs cultures, leurs rêves, leurs craintes, leurs désirs, en poèmes. Cela les galvanise chacun à leur tour. Le tout est d’une puissance remarquable, qui enveloppe et transporte le spectateur au soleil, dans cette ville aussi poisseuse et dure que talentueuse, mais surtout inlassablement artistique.
