The Haunting of Bly Manor, vaincre ses démons à l’intérieur de la maison
En ligne depuis le vendredi 9 octobre sur Netflix, The Haunting of Bly Manor s’est rapidement hissé à la tête du classement des contenus les plus regardés sur la plateforme. Alors, cette nouveauté qui attire le public est-elle « parfaitement splendide » ?
Deuxième saison de la série d’anthropologie The Haunt et faisant suite à The Haunting of Hill House qui avait déjà ravi les sériephiles lors de sa sortie, The Haunting of Bly Manor était à l’évidence très attendue. Plusieurs acteurs de la première saison viennent d’ailleurs faire leur retour dans celle-ci, notamment Victoria Pedretti (également aperçue dans You) qui obtient le rôle principal. Toujours supervisée par Mike Flanagan, cette deuxième saison nous conte l’histoire de Dani Clayton, une jeune américaine venant d’obtenir un job au pair dans le manoir de Bly, vieille bâtisse isolée dans la campagne anglaise. Engagée par leur oncle, elle est donc chargée de s’occuper de Miles et Flora, deux enfants dont les parents sont décédés. Les comportements étranges commencent alors, et avec eux, d’effrayantes apparitions…
There’s some ghosts in this house
Il est primordial de préciser que les personnes s’attendant à de l’horreur comme elles en ont l’habitude seront déçues : peu de screamers à l’écran, tout se joue dans l’ambiance. La série se veut contemplative et prend son temps pour installer l’angoisse dans laquelle elle plonge le spectateur. Elle pousse ses personnages dans leurs retranchements, les amène doucement vers leurs peurs les plus enfouies, fait remonter leurs remords et multiplie les apparitions afin d’installer peu à peu une atmosphère glaçante. Les couloirs du manoir se resserrent et le climat dérangeant a de quoi rendre claustrophobe quiconque les traverse. Le décor est planté et The Haunting of Bly Manor prend un malin plaisir à jouer avec nos émotions et si elle risque de perdre les plus impatients, les plus observateurs ont largement de quoi se délecter.
De plus, cette nouvelle saison joue beaucoup avec la temporalité. La narration s’amuse à nous emmener dans différents moments et événements qui n’arrivent pas dans un ordre chronologique et on doit rester accroché pour lier les choses entre elles. Malgré tout, le temps semble parfois figé grâce à ce manque de repères et à l’aura dérangeante qui règne dans le manoir. On nous induit aussi en erreur : la série ne manque en effet pas de surprises et sait tromper celui qui pense savoir à quoi s’attendre. À l’identique de la première saison, le spectateur peut à nouveau s’engager dans une chasse aux fantômes à travers le cadre de son écran. Ces derniers sont nombreux à se cacher dans la pénombre et en arrière-plan de manière imprévisible. Tous ces points servent l’angoisse montante au fil des épisodes qui se terminent sur un final renversant qui ne manquera pas de nous tirer quelques larmes.
« Mort ne veut pas dire disparu »
Cette nouvelle saison de The Haunting est peut-être une histoire de fantômes, mais c’est avant tout l’histoire d’un drame : celui de la vie. Moins horrifique que la saison précédente dont elle est totalement détachée, celle-ci tend plus vers le drame sur un fond de paranormal. L’angoisse se joue ici dans les émotions grâce au mélange de scènes déchirantes et de tension. Si The Haunting of Hill House avait séduit son public grâce à la pluralité de lectures possibles, The Haunting of Bly Manor suit son exemple avec brio. Car si les fantômes peuvent être vus comme de réelles identités, ils peuvent aussi représenter les traumatismes de nos personnages. Ce qui devient glauque n’est alors pas plus les monstres cachés dans les décors que la réalité elle-même.
Marquée de performances d’acteurs irréprochables, cette nouvelle saison nous présente de nouveaux personnages qui touchent le spectateur. Ces derniers sont d’ailleurs confrontés à leurs angoisses profondes : regrets, addictions, mort… Bon nombre d’entre eux tentent d’apprendre à gérer le deuil et ne peuvent plus se voir en face, quitte à se plonger dans les souvenirs chaleureux du passé. The Haunting of Bly Manor effraie moins car elle nous raconte des histoires, et comme le dit si bien la série : lorsque l’on donne une histoire à quelqu’un qui fait peur, la peur s’amenuise. Les fantômes de cette nouvelle saison visent plus à nous toucher qu’à nous terrifier. Malgré tout, l’ambiance générale qui règne dans la série reste angoissante, et le comportement dérangeant des enfants parvient à installer un climat menaçant. La performance touchante de Victoria Perdretti crève l’écran et sans forcément être effrayés, on ne ressort pas indemne du visionnage.
Digne héritière de la première saison sans aller jusqu’à l’égaler, The Haunting of Bly Manor est un drame renversant sur un fond de paranormal dirigé d’une main de maître, imprévisible et d’une beauté sans pareil. Sûrement l’une des meilleures séries de 2020, parfaitement… splendide.