Twitter est en feu, Kekra a sorti un album !
Vendredi matin, 00h01. Twitter est déjà en ébullition. FreeBase 4, le nouvel album de Kekra, est sorti. Mais cet album mérite-t-il un tel engouement ? Le Pépère News revient sur un projet déroutant.
Kekra est quelqu’un. Ou du moins c’est un homme. Il est né à Courbevoie, dans le 92. Et c’est à peu près tout. On ne sait rien du rappeur, si ce n’est qu’il est masqué et vit au Japon. De quoi construire un personnage froid, agressif et sombre. Une ambiance qu’on retrouve d’ailleurs dans ses clips, tous magnifiques, car Kekra est un artiste. Un artiste avec son propre univers, qui plaît ou révulse, mais reste dans ce milieu underground qui lui sied parfaitement.
Pas de promo, bonne promo
Freebase 4 est le neuvième album en 4 ans pour Kekra. Et une fois n’est pas coutume, le rappeur n’a fait aucune promo pour son projet. Seules mises en bouche : un excellent clip, sur fond de guérilla, et une vidéo sur son Instagram avec l’annonce de la tracklist et un numéro de téléphone. Une fois le numéro composé, on tombe sur un répondeur prédéfini : “Je ne suis pas en France, laisse moi un message je te rappellerai… peut-être.” À ce jour, aucun témoignage d’un appel n’a été vu sur les réseaux.
Car on peut être sûrs que le moindre signe de vie sera repris, analysé et commenté sur Twitter. Critiqué par beaucoup pour être un “rappeur Twitter”, un rappeur dont beaucoup de twittos parlent mais qui n’arrive pas à vendre – ce qui n’est absolument pas un gage de qualité – Kekra reste dans son délire et divise.
Intro ou… promo ?
La première track de l’album s’appelle… Intro. Grosse surprise. Dans ce son, qui n’en est pas vraiment un, on peut entendre tous les commentaires qui ont pu être faits par les médias vis-à-vis du rappeur. Des avis bien différents mais qui s’accordent tous sur une chose : Kekra a influencé le rap français. Il a réussi à ramener la grime anglaise sur la scène française.
Littéralement “crade”, la grime est née dans les bas-fonds de Londres dans les années 2000. Elle est le mélange entre l’électro et la house des années 90 et un univers futuriste qui casse les codes. Si Drake, Kanye West ou Stormzy l’ont remis au goût du jour, Kekra est considéré comme celui qui l’a fait exploser en France. On la retrouve par exemple dans le morceau Esquimaux de Nekfeu et du regretté Népal. Ou encore dans le son Zone d’Orelsan, Nekfeu et Dizee Rascal.
Un autre point de vue émerge de la part des médias. Kekra n’a “pas l’ambition de briller”. Dans son univers si particulier, le rappeur n’a que faire de l’avis du grand public. Il rappe pour lui, pour ses fans et puis c’est tout. Jamais il ne cherche à percer, à vendre plus ou à être accepté par le mainstream. C’est notamment pour ça qu’avant cet album, il n’avait qu’un featuring, certes prestigieux, avec Niska, en neuf albums.
Des featurings et du classique
Première surprise de l’album, il y a des feats. Un premier sur la neuvième piste avec le rappeur nippon Kohh et un deuxième avec le duo Turner&Mustang. Rien d’étonnant pour le premier quand on sait l’influence qu’a la culture nippone sur le travail de l’artiste. Le deuxième est en revanche plus surprenant. Il intervient sur le dernier track, un remix de P*tain de salaire, le son clippé avant l’album, mais amélioré par cette collaboration. En invitant Turner&Mustang, un duo originaire de Courbevoie compilant à peine quelques milliers de vues sur Youtube, Kekra rend hommage à sa ville natale. Il a même nommé le remix 924, en référence au code postal de Courbevoie.
Pour ce qui est du reste de l’album, on reste dans du classique pour Kekra. Des prods travaillées et surprenantes, des répétitions dans les refrains et une ambiance sombre avec un flow propre à lui. Mais on reste aussi dans du classique pour les points faibles. Les textes sont parfois trop plats, trop répétitifs et on se fie alors trop aux instru pour juger le son. On tombe alors dans le tout ou rien : soit on accroche et on est à fond dedans, soit on lâche totalement et on a du mal à finir les morceaux. Les fans vont adorer, les autres détester. Du classique, on vous avait prévenu. Mention spéciale tout de même à Dubaï, Loyer et Non qui sortent clairement du lot et que vous devez aller écouter dès maintenant pour juger l’artiste.