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Université de Lille 2022, une manifestation étudiante pour dénoncer le projet de fusion

Université de Lille 2022, une manifestation étudiante pour dénoncer le projet de fusion

Des étudiants mobilisés devant le siège de l'Université de Lille

Des étudiants et des enseignants se sont rassemblés devant le siège de l’Université de Lille ce jeudi après-midi. Ils dénoncent le projet de fusion de l’Université avec quatre grandes écoles. Voté hier dans les conseils d’administration des différents établissements, le projet Université de Lille 2022 a été accepté à l’unanimité.

Après avoir manifesté contre la précarité étudiante en ce début d’année, les jeunes étaient cette fois environ une centaine à protester contre le projet d’établissement public expérimental (EPE). L’objectif de la création de cet EPE, nommé “Université de Lille 2022” et qui devrait voir le jour en janvier 2022, est de regrouper un maximum d’entités. Mais depuis son annonce en décembre dernier, la contestation fait rage. Et pour continuer à exprimer leur désaccord, des pétitions sont établies et des manifestations se forment.

Un manque de consultation

Un conseil d’administration se tenait ce jeudi 22 avril à l’Université pour valider le projet EPE. Directement concernés, les étudiants regrettent de ne pas avoir pu donner leur avis. Pour eux, c’est clairement un manque de consultation. Ils trouvent que cette manière de faire est révoltante. “Ils font ça en express”, fulmine Tomas Kebbati, étudiant en deuxième année de science politique à l’Université de Lille, élu au conseil de faculté de Lille 2 et co-animateur des Jeunes Insoumis de Lille. Selon lui, “l’université profite de la crise sanitaire”, qui rend “la mobilisation plus difficile pour les étudiants”. Imane Ouelhadj, coordinatrice de l’UNEF, syndicat étudiant, dans les Hauts-de-France indique : “Le projet nous a été posé comme ça, sans la possibilité de discuter.” Pour elle, l’université “bafoue la démocratie universitaire”.

Les étudiants considèrent que ce projet casse les droits des étudiants ainsi que la démocratie étudiante. C’est ce qu’affirme Geoffrey Peron, responsable du secteur étudiant des Jeunes Communistes du Nord. D’après lui, “la présidence de l’Université a complètement nié le droit à la démocratie et au débat. Ils ne nous ont pas demandé notre avis”. Il ajoute ensuite que “si l’université était rentrée dans une phase de consultation, ce projet n’aurait pas pu aboutir car la communauté universitaire est vent debout contre cette réforme”.

Pour essayer de pallier ce manque, un collectif avait mis en place un référendum. Le résultat est sans appel puisque environ 86% des votants rejettent cet EPE.

Un EPE qui crée de la “compétition entre l’université et les grandes écoles”

C’est ce que revendiquent les étudiants lors de cette mobilisation. Ils s’opposent à ce projet qui va selon eux créer une compétition, une concurrence entre les UFR (Unité de formation et de recherche) de l’université et ceux des grandes écoles. Corentin Caroux, étudiant en deuxième année d’histoire de l’art à l’Université de Lille et adhérent à la FSE (Fédération syndicale étudiante), le déplore. Selon lui, les quatre grandes écoles qui vont rejoindre ce projet “vont recevoir plus de budget et vont avoir plus de représentants dans les conseils de vie universitaire. […] Les UFR de la fac vont se retrouver à bout de souffle”. Même situation pour les différentes formations qui seront mises en concurrence entre elles. Ainsi, les formations jugées non-rentables seraient au mieux sous-financées, au pire supprimées, indique le Jeune Insoumis Tomas.

Ces jeunes ont l’impression qu’on leur plante encore un couteau dans le dos, après avoir dénoncé l’inaction du gouvernement face à leur précarité. Les étudiants pointent du doigt également une possible augmentation des frais d’inscription. Effectivement, lorsqu’on rentre dans un EPE, l’établissement peut déroger à la règle qui fixe nationalement les frais d’inscription et peut ainsi mettre en place des formations payantes. “Personnellement, je ne pourrais plus être à l’université si on était un grand établissement, je n’aurai jamais l’argent pour payer les frais d’inscription”, nous dit Corentin. Imane trouve cela “inconcevable”.

Une détermination constante

Malgré le résultat du vote du conseil d’administration, les étudiants ne considèrent pas qu’ils se battent pour rien et ils ne comptent pas s’arrêter là. “Je ne pense pas que notre présence va influencer le vote mais ça permet d’élever nos voix, de se faire entendre”, assure Corentin. Imane a, quant à elle, toujours espoir : “Même quand une décision est prise, il y a toujours moyen de la faire rectifier.” Geoffrey espère également pouvoir modifier cette décision : “Même si le projet est validé en conseil d’administration, le combat ne sera pas fini. Ce sera compliqué pour eux de l’imposer et de le mettre en place sachant que la communauté universitaire y est opposée.”

Les étudiants sont déterminés à continuer de s’investir dans les instances et dans la rue pour faire entendre leur voix. Mais avec l’avis positif du conseil d’administration sur ce projet de fusion, c’est un combat qui s’annonce long et semé d’embûches.

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