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West Side Story, un brin de nostalgie signé Spielberg

West Side Story, un brin de nostalgie signé Spielberg

La danse et la bataille se côtoient de près dans West Side Story. Buena Vista. West Side Story © DR

Ce début d’année commence en musique, en couleurs et en amour au cinéma. Soixante ans après le film de Robert Wise et Jerome Robbins, primé de dix Oscars, Steven Spielberg fait renaître la magie de West Side Story sur les écrans. Retour en 1957, lorsque deux bandes s’affrontent dans les rues de New York, mêlé à une histoire d’amour impossible, inspirée de Roméo et Juliette.

Dans son chef d’œuvre du XVIè siècle, Shakespeare dessine le portrait de deux personnes qui tombent éperdument amoureuses l’une de l’autre malgré la haine que se vouent leurs familles. West Side Story revisite cette histoire, en transformant les personnages et le décor : ce ne sont pas les Capulet face aux Montaigu mais deux bandes qui s’affrontent dans les ruelles new-yorkaises, les Jets d’un côté (américains) dont le leader est Riff et les Sharks de l’autre (porto-américains) conduit par Bernado. Tony, membre des Jets, est sorti de prison et ne souhaite plus avoir à faire à la violence. Lors d’un bal, où les deux bandes expriment leur rivalité à travers la danse, le regard de Tony et Maria (sœur de Bernado) se croisent et dès lors, naît dans cette atmosphère de haine, un amour passionnel voué à rester secret.

Fidèle à la version originale

Ce qui a marqué l’audience de 1961 lors du premier film sont les chorégraphies, les couleurs, les chansons mais aussi et surtout, la morale explicite de l’histoire. Spielberg n’a pas trahit l’authenticité de West Side Story, en effet, on retrouve devant la caméra du réalisateur des couleurs vibrantes ; particulièrement sur les robes des femmes lorsqu’elles dansent. La différence des deux bandes est davantage visible dans cette version, d’un côté des vêtements aux nuances de bleu, de l’autre du rouge. Les chorégraphes ont changé et pourtant l’énergie des danseurs reste intacte, idem pour la danse qui respire la même insouciance. Justin Peck, le chorégraphe affirme “Dans ‘America’, il y a ce moment où les femmes évasent leurs jupes d’une manière tout à fait unique qui honore la chorégraphie originale”.

Le réalisateur semble s’être réellement imprégné de la version originale, restant fidèle aux lieux emblématiques du film : les ruelles en chantier, la salle de bal, le fameux balcon… Les chansons et les paroles sont toujours celles de Leonard Bernstein ; les mémorables mélodies de Maria, et America, l’entraînant refrain de Tonight ou I feel pretty. 

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© NICO TAVERNISE (Wikimedia Commons)

La touche moderne de Spielberg

La distribution choisie par Spielberg est aussi un joli clin d’œil au film de 1961. Le réalisateur invite dans le rôle de Valentina, Rita Moreno, actrice connue pour avoir joué Anita dans la version originale de West Side Story et gagné un Oscar de meilleur actrice dans un second rôle. Rita Moreno est un symbole de la comédie musicale car elle a également joué dans Chantons sous la pluie. Valentina est un nouveau personnage ajouté dans le scénario : portoricaine et veuve de Doc, un américain pour lequel elle était tombée amoureuse, patron du drugstore dans lequel travaille Tony. Elle se retrouve à herberger Tony, joué par Ansel Elgort, et noue une amité respectueuse et bienveillante avec lui.

C’est une réussite pour Spielberg, une reprise quasiment identique à la version originale. Il y a tout de même des différences, qui témoignent de la modernité apportée par le réalisateur. Dans le film de 1961, les membres des Sharks étaient joués par des acteurs américains. Spielberg a voulu insister sur ce détail, en mettant “un casting authentique (…) avec des acteurs qui seraient 100% Latinos”. Les thèmes de l’amour et de la fraternité résonnent dans cette nouvelle version, toutefois cela ne réussit pas à rassembler tout le monde : le film est interdit dans certains pays arabes comme au Qatar et en Arabie Saoudite, cela dû à la présence d’un personnage transgenre, déjà présent dans le version de 1961.

Le film remporte le titre de Meilleur film musical au Golden Globes 2022, deux actrices sont notamment récompensées : Rachel Zegler comme meilleur actrice pour le rôle de Maria et Ariana DeBose comme meilleur actrice dans un second rôle pour Anita. La modernité est frappante dans cette reprise, autant pour les décors, l’image que pour le son. Bien que soixante ans de cinéma se soient écoulés entre les deux versions, l’univers des années soixante perdure dans le nouveau West Side Story.

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