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De Barbares à La Révolution, Netflix se met aux séries historiques

De Barbares à La Révolution, Netflix se met aux séries historiques

Marianne dans La Révolution, série historique et série originale Netflix

Les séries historiques ont la cote : Game of Thrones, Vikings, Peaky Blinders – pour ne citer que les plus fameuses –, auxquelles il faut ajouter les récentes: Barbares et La Révolution. Elles inondent le paysage audiovisuel, et Netflix s’y met. À quoi tient cette popularité ?

Au programme souvent : sueur, sang, sexe et complots politiques. Un slogan aux antipodes d’amour, gloire et beauté. Si les générations précédentes raffolaient des sitcoms et telenovelas, l’heure est aux séries historiques ! Civilisations illustres, grandes batailles et épopées ont pris le pas sur petits potins et romances. Jusqu’à peu, les consommateurs plébiscitaient les histoires auxquelles ils pouvaient s’identifier. Ils sont désormais en quête d’extraordinaire et de déconnexion totale du quotidien. Quoi de mieux pour cela qu’un bond dans le passé, histoire de changer radicalement de cadre ? 

On plonge alors la tête en avant dans une expérience du passé, vivante et complète. La brutalité des personnages appelle nos fascinations les plus triviales. Le suspens nous tient en haleine. Les séries historiques permettent des réalisations épatantes où tout est possible, et souvent à gros budget : de véritables œuvres d’art. 

Au-delà du divertissement, l’enseignement. Les scénaristes concurrenceraient-ils les professeurs et historiens ? S’ils racontent parfois le même événement, la mise en perspective du son et de l’image retient davantage l’attention. Mais l’exactitude des faits n’est pas la priorité. Attention à ne pas prendre pour acquis des éléments anecdotiques et des ressorts scénaristiques. Inspirées de faits réels ou nettement fictives, l’élan des séries historiques ne fait aucun doute. Cet essor s’est illustré récemment, avec la parution des séries Barbares et La Révolution sur Netflix. Une réalisation allemande et l’autre française interprètent chacune un épisode phare de leur histoire. Elles sont des exemples du génie et des travers des séries historiques.

Barbares, le Vikings allemand de Netflix 

Barbares relate un événement fondateur de l’histoire germanique : la bataille de la forêt de Teutobourg. En l’an 9, alors que Rome marche sur l’Europe, une alliance de tribus germaniques vainc la plus grande armée du monde. À l’image de l’Alésia de Vercingétorix en Gaule, cette résistance fait exception. Le courage et l’intelligence germaine, dans une bataille qui semblait perdue d’avance, font encore aujourd’hui la fierté des Allemands. Un tel éloge à leurs ancêtres n’a pas manqué de les attirer. La série prend pour une fois le parti des Germains, face à une civilisation romaine souvent idéalisée. 

Créée par Andreas Heckmann, Arne Nolting et Jan Martin Scharf, sortie sur Netflix le 23 octobre dernier, Barbares brille par son exactitude historique. D’autres trames, plus personnelles et romancées, s’y mêlent : un triangle amoureux, un abandon, une trahison. Les intrigues sont simples mais bien exploitées, toujours pertinentes, et servent le dessein. La bataille de Teutobourg, paroxysme de la série, forme l’épisode final. Il est fait des habituels plans ralentis et rapprochés, ponctués par les paroles du protagoniste. Il tisse une morale à l’issue du conflit. Le combat est magnifié par les maquillages de guerre et par une douce pluie de cendres. 

Si la série est très agréable à regarder, son originalité questionne. Barbares surfe clairement sur la vague retentissante de Vikings. Netflix, conscient du succès des séries historiques, s’approprie la tendance. Les réalisateurs essaient parfois de rentrer dans le moule plutôt que d’explorer pleinement leur créativité. Cette œuvre interroge : quelle valeur pour l’art au sein d’une structure capitaliste ?

Barbares
Arminius (Laurence Rupp) confronte son éducation romaine à ses origines germaines. © Netflix

La Révolution, un mélange des genres déconcertant  

Sur Netflix toujours, aux antipodes de Barbares, il y a La Révolution. Produite de notre côté du Rhin, elle ambitionne d’incarner la Révolution à la française, quitte à être franchement caricaturale et artificielle. Ici, point d’ancrage dans une réalité passée : on a affaire à une uchronie. Le concept : une réécriture de l’Histoire. Pour justifier un tel scénario, on cite Napoléon Bonaparte: “L’Histoire est un tissu de mensonges sur lequel on se met d’accord.” Aux fins connaisseurs de cette période charnière, vous risquez l’état de choc ! 

Créée par Aurélien Molas et diffusée depuis le 16 octobre sur Netflix, le mélange des genres déboussole. L’intrigue : en 1787, dans le comté de Montargis, un médecin enquête sur de mystérieux meurtres. Il découvre le sang bleu : un virus, une malédiction, qui se propage dans l’aristocratie et qui dévaste le peuple. La révolte gronde. Les personnages : une Marianne à la tête de la fraternité, un proche revenu d’entre les morts, une noblesse cruelle, des hommes de main tortionnaires, une aristocrate émancipée, une fillette mystique, un étranger savant, un médecin progressiste, une révolutionnaire féministe et une domestique curieuse. 

Ici, le cadre historique sert d’appât, de prétexte, plus que de sujet de fond. Le titre aguiche. Il réveille notre intérêt pour cette étape fourmillante de l’Histoire. Mais mis à part le contexte et quelques références, la série diverge délibérément de la réalité. La Révolution est une revisite libre et inventive, où interviennent le fantastique, l’effrayant, le gore. Le début peut perdre plus d’un téléspectateur : la mise en place d’une intrigue si foisonnante rend confus. Mais à ceux qui s’accrocheront, le visuel les bouleversera. On ne peut qu’apprécier les qualités esthétiques : de très beaux plans, variés et rythmés, où jouent les couleurs, les lumières et les symboles de l’époque. 

La Révolution
Marianne (Gaia Weiss) guidant la fraternité vers une révolution. © Netflix

Cela n’a pas suffit : le 14 janvier, le directeur des séries originales françaises de Netflix, Damien Couvreur, a annoncé le recalage du projet. La Révolution ne sera pas reconduite en une seconde saison, faute d’engouement du public. L’histoire est ainsi avortée, sans que la mystérieuse fin ne trouve d’écho. À l’inverse, le succès de Barbares laisse entrevoir une suite des plus attendues.

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