En Meeting à Roubaix, Mélenchon et les Insoumis “contre la censure”
Alors que l’université de Lille annonçait l’annulation d’une conférence sur l’actualité palestinienne qui devait se tenir jeudi avec Jean-Luc Mélenchon, le leader insoumis, la juriste franco-palestinienne Rima Hassan et le député LFI David Guiraud étaient en meeting mercredi soir à Roubaix, en “opposition à la censure”.
Dans une salle Wattremez remplie de 1200 sympathisants, les Insoumis ont rassemblé leurs électeurs autour de questions actuelles, sur fond de fortes tensions géopolitiques. Avant même le début du meeting, le ton était donné : le Hashtag “CONTRELACENSURE” était projeté, appelant à une participation sur les réseaux sociaux. Une opposition évidente à la décision du président de l’université de Lille d’annuler la conférence du jeudi 18 avril où Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan étaient attendus pour parler de la situation palestinienne. À son arrivée, l’ancien candidat aux élections présidentielles a fustigé “ces malheureux qui ont gâché ma journée en interdisant mon meeting à Lille demain”, acclamé par la foule. Il a toutefois maintenu le meeting du jeudi, une nouvelle fois annulé par la préfecture, en l’organisant place Vanhoenacker, à Moulins.
La Palestine au coeur du discours
Dans un contexte de fortes divisons nationales autour du conflit à Gaza, Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon ont rappelé leur position sur la question palestinienne. Ils ont ainsi exprimé leur profonde volonté de paix en Palestine. “Nous avons raison de parler de génocide”, “on n’exagère pas, on nomme les choses telles qu’elles sont”, a déclaré Mélenchon, à l’heure où plus de 30 000 Gazaouis ont péri sous les bombardements israéliens. Il a une nouvelle fois réclamé un cessez-le-feu, largement repris en cœur par les nombreux sympathisants présents au meeting.
Contre les nombreuses accusations d’antisémitisme auxquelles il fait face, Jean-Luc Mélenchon s’est défendu de toute forme de haine en s’adressant à ses détracteurs : “Je vais vous faire rager, nous ne confondons pas un juif et un guerrier israélien, mais vous, vous confondez les musulmans et les terroristes”. Une remarque applaudie par un auditoire parsemé de drapeaux palestiniens.
Sur l’Ukraine, aussi, LFI s’est dite en faveur de la paix, en excluant totalement une intervention militaire de la France, émise par Emmanuel Macron en février dernier. Face à cette éventualité, le créateur du parti a déclaré : “Les Ukrainiens n’en peuvent plus de ces deux ans de combat”, avant de rappeler : “On ne veut pas d’une guerre sur le continent européen”.
Une critique des médias assumée
Après la révélation de campagnes de désinformation émanant de Russie dans le but de déstabiliser la France en cette période d’élections européennes, Jean-Luc Mélenchon a critiqué l’action des médias : “Et on essaye de me diaboliser dans la presse d’opinion, comme dans Libération, qui vous dit de voter pour tout le monde à gauche, sauf pour Mélenchon. Ces attaques sont minables”. Ces mots ont galvanisé la foule, qui a de suite applaudi les propos de l’insoumis, et hué Libération et ses journalistes venus couvrir l’événement. Le président de l’Institut La Boétie appelle donc à se méfier des médias, qui “critiquent tous” son action politique. Cette déclaration ne fait pas l’unanimité pour autant: “Si plus personne ne fait confiance aux médias rigoureux, la population va se tourner vers une source d’information moins professionnelle, souvent sur les réseaux sociaux” déclare spontanément un des journalistes venu voir le déroulement de la campagne. La qualité de l’information en période de campagne est cruciale et suscite des débats entre professionnels du milieu et politiques venus proposer leur vision du monde.
Un grand besoin de mobilisation
Alors que la liste plafonne à 7 % d’intentions de vote dans les sondages, LFI a souligné l’importance de la mobilisation à Roubaix, ville abstentionniste par excellence avec près de 70 % d’abstention aux européennes de 2019. Pourtant, Roubaix est le “cœur battant de la classe ouvrière”, rappelle Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier s’y était largement imposé aux présidentielles de 2022 en récoltant plus de la moitié des scrutins. En terrain conquis, le leader insoumis a donc largement appelé ses électeurs aux urnes : “Je vous en abjure, allez vérifier que vous êtes inscrits”. Si la liste peine à décoller, LFI semble avoir convaincu les partisans présents à Roubaix. Parmi eux, Maxence s’est dit très content, lui qui assiste pour la première fois à un meeting : “On est venu pour voir ce qui allait se dire, notamment vis-à-vis de l’actualité, j’avais hâte de voir ce que Mélenchon déclarerait, j’ai été clairement convaincu”. LFI cherche de nouveaux électeurs, dans une élection qui mobilise traditionnellement des votants déjà affiliés à un parti.
