Cher Connard: une victime, une féministe et un bourreau ?
Après le vif succès de sa trilogie Vernon Subutex, l’autrice féministe Viriginie Despentes enflamme la rentrée littéraire avec son nouveau roman Cher Connard. Entre féminisme, Covid-19 et toxicomanie, la romancière dresse un état des lieux de notre société actuelle.
Érigé en tête des ventes depuis son apparition dans nos librairies le 17 août dernier, Cher Connard, le nouveau roman phénomène se fait entendre du haut de ses 250.000 exemplaires tirés. Avec son style provocateur, l’autrice vise une nouvelle fois dans le mille, au cœur de l’époque, où elle brise les codes en balayant de vastes symptômes de la modernité. À travers ces lignes, l’écrivaine aborde de vastes sujets, de #MeToo à l’abstinence, ou encore la parentalité et la fratrie, elle dessine un portrait des névroses, angoisses et addictions de notre ère.
Un roman engagé sous le signe de l’amitié
Au fil de son roman épistolaire, Virginie Despentes retrace la naissance d’une amitié sincère et intime. Pourtant, à l’aube de leur correspondance rien ne pouvait lier les deux protagonistes Rebecca et Oscar. Elle, une actrice de renom et spontanément féministe qui subit la disgrâce de son vieillissement. Lui, un auteur à succès qui déguste la déferlante #MeToo. Et pourtant, c’est une amitié grandissante qui va naître entre tolérance et remise en question. Cependant, cette intrigue n’aurait certainement jamais vu le jour sans la foudroyante Zoé Katana, victime des avances amoureuses d’Oscar.
Bien loin du style à l’eau de rose, l’autrice use de sa plume crue et provocatrice pour tenir le lecteur en haleine. Virginie Despentes est une romancière à succès et à l’écriture transgressive, elle défend l’idée d’un féminisme sans contrainte, où chacun jouit d’une liberté de penser et ne s’empêche d’agir selon ses envies. Qualifiée en marge par certains, la romancière questionne les dictâtes établis. C’est d’ailleurs ce que révèle cette nouvelle histoire, “Cher Connard”, en interrogeant l’industrie du cinéma et la désirabilité de la femme à travers nos écrans. Pour de nombreuses féministes, V.Despentes occupe une place fondamentale dans le monde de la littérature aujourd’hui car par sa critique sociale, elle libère les mœurs.
“Cher connard, j’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta (…) Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve: je t’écris.” – Extrait du livre
Le féminisme, une signature Despentes
Féminicide, droit à l’avortement déchu ou encore montée de l’extrême droite, voilà le paysage actuel d’une société qui a encore du mal à briser les chaînes du patriarcat. Dans un monde où les droits des femmes sont encore loin d’être acquis, la romancière donne un souffle d’espoir à la lutte féministe. Au travers de ces quelques lignes, l’autrice nous conte d’un point de vue extérieur la violence des rapports de genre. Rebecca, une cinquantenaire et actrice à succès voit sa carrière en déclin depuis qu’elle a atteint l’apogée de sa désirabilité. La femme vieillissante serait-elle alors dépourvue d’intérêt ? Sujet contemporain brûlant, la place des femmes dans l’espace public, qui plus est ridée, serait encore à retravailler.
Quant à l’élément central du roman, la déferlante #MeToo, la romancière évoque le quotidien difficile d’une victime assumée, de plus sur les réseaux. Ainsi, la vague #MeToo dans les yeux des femmes se montre tout autre, entre harcèlement et perte de contrôle, V.Despentes se montre assez critique des liaisons dangereuses que nous retrouvons sur les réseaux.
La romancière au Théâtre du Nord
La romancière à succès prend également place dans l’horizon local. En effet, Virgine Despentes a signé pour la saison avec le Théâtre du nord. Après sa carte blanche Quatuor Oddity et la représentation de Viril, la romancière s’associe à trois autres artistes : Julien Delmaire, Anne Pauly et Paul B, pour la création d’une pièce de théâtre. C’est au fil de la saison 2023-2024 que cette nouvelle pièce devrait voir le jour. Elle laisse attendre un mélange de styles et d’identités.
