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« Après le silence », une arme culturelle contre l’indifférence face au viol

« Après le silence », une arme culturelle contre l’indifférence face au viol

"Après le silence" affiche du film sur le viol

Le mercredi 16 novembre, France 2 diffusait le film de Jérôme Cornau, Après le silence. Une œuvre d’une heure et demi qui traite du viol avec des acteurs et actrices qui jouent avec sincérité et émotion. Clovis Cornillac est dans le rôle du violeur et Caroline Anglade dans le rôle de la première femme victime de cet homme à avoir porté plainte. Un film qui se concentre sur les victimes, qui donne envie de se révolter contre toutes les formes de violence dont sont victimes les femmes et de libérer la parole autour de ces crimes.

Contrairement à ce que le titre pourrait faire croire, Jérôme Cornau ne se contente pas d’un film d’action où les scènes de viols et de menaces s’enchaînent à la suite d’un dépôt de plainte. Il plonge les téléspectateurs et téléspectatrices dans la tête des victimes, dévoile les pressions, les remises en question et les réflexions qui hantent leur esprit avant et après avoir parlé. Impossible d’en ressortir ignorant ou indifférent. Si le téléspectateur qui n’a jamais été victime ne peut pas totalement se mettre à leur place, le bouleversement est assuré. Un film encore disponible en replay.

Un scénario concentré sur les victimes qui ont parlé…

Marina, incarnée par Caroline Anglade, vient de divorcer de Gregory (Clovis Cornillac). Au chômage, elle s’occupe de leur jeune fils Tom. Hantée même après la séparation, Marina ne peut plus faire comme si rien ne s’était passé et décide de porter plainte. Dès le début du film, les téléspectateurs et téléspectatrices se retrouvent confrontés aux difficultés rencontrées par les victimes. Déclarer le motif de plainte en public malgré les nombreuses personnes qui passent dans l’accueil du commissariat, donner tout de suite des détails, faire face, dès la deuxième question de l’enquêtrice, au manque de preuves.

Caroline Anglade dans Après le silence
Marina (Caroline Anglade) au moment de porter plainte © image France 2

Quand la victime a enfin trouvé la force de parler, on découvre ce qu’entraîne la plainte. Parler n’est pas soigner. La mère de Marina fait culpabiliser sa fille face aux conséquences de son acte : équilibre psychologique de l’enfant, potentielle condamnation de Gregory. La victime, se retrouve encore seule et ignorée. Arrive l’ex-mari, furieux, qui menace d’enclencher des procédures judiciaires pour récupérer la garde de leur enfant. On découvre alors le rôle indispensable que jouent les associations d’aide aux femmes.

…et sur celles qui ne peuvent pas.

Rapidement, l’espoir d’une condamnation repose sur Samia (Samira Lachhab), l’ancienne compagne de Grégory, qui a aussi connu des viols répétés de sa part. Sans oublier le poids de la parole de Chloé (Alice David), l’actuelle compagne du criminel. Entre émotion et engagement, les trois actrices incarnent avec justesse les différentes situations que peuvent rencontrer les victimes. Elles illustrent ainsi les multiples phases par lesquelles peut passer une seule et même victime. Fuir ces souvenirs, nier la responsabilité de l’homme qu’on aime, la crainte du regard des autres, les difficultés pour que la plainte aboutisse… Tant de raisons qui empêchent les femmes de se confier.

Éduquer et s’entraider, le message lancé à la société

Souvent tabous, les violences conjugales, agressions sexuelles et viols doivent être entendus. Au-delà de ce message, le film donne de l’espoir. Marina, bien que traumatisée, rencontre malgré tout un homme respectueux, compréhensif et attentionné. Samia, elle aussi, parvient à surmonter la peur et la honte qu’elle ressent grâce à son mari, toujours présent pour l’accompagner, jusqu’au commissariat.

Clovis Cornillac dans Après le silence
Clovis Cornillac incarne Gregory, le violeur. © image France 2

D’un côté, il y a le violeur, récidiviste, dont les scènes qui prouvent ses crimes dégoûtent et révoltent le téléspectateur impuissant. De l’autre côté, le film montre aussi des hommes respectueux, à l’écoute et bienveillants. Il faudrait donc se voiler la face, être ignorant, voire se sentir coupable pour penser que tous les hommes sont ici attaqués. Après le visionnage, l’envie prend le téléspectateur d’agir pour libérer la parole des femmes, les croire, les aider et davantage sensibiliser et éduquer les hommes, afin de faire chuter un des chiffres terrifiants rappelés en fin de film : 24.800 viols constatés en 2020, dont 2 % seulement ont fait l’objet d’une condamnation.

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