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L’éternelle Simone Veil, l’hommage poignant à la femme du siècle

L’éternelle Simone Veil, l’hommage poignant à la femme du siècle

Première de couverture de la bande dessinée

Le 30 juin 2017, Annick Cojean, reporter au Monde, est chargée d’écrire un article en hommage à Simone Veil, qui vient de s’éteindre. Trois ans plus tard, leur relation, presque celle d’une mère à une fille, est transposée dans un roman graphique : Simone Veil ou la force d’une femme. Publiée en mai 2020, cette bande dessinée rédigée par Annick Cojean avec l’aide de Xavier Bétaucourt, et dessinée par Étienne Oburie, est un véritable voyage dans le temps.

Vos yeux comme un lac, je crois qu’ils ne m’ont jamais quittée”, ce sont les mots d’Annick Cojean. Le roman graphique transporte les lecteurs au travers des souvenirs de la journaliste, qui se remémore tous les instants passés en compagnie de Simone Veil lors d’interviews, de cérémonies ou même d’un voyage à Auschwitz. Cet ouvrage est un hommage poignant à celle qui a aidé à changer des mentalités et a construit des générations par ses combats.

La première rencontre

Avec le film Simone, le voyage du siècle, sorti dans les salles françaises le 12 octobre, qui retrace le parcours exceptionnel de Simone Veil et qui a fait pleurer les spectateurs, la relève de la mémoire est assurée. Enjeu essentiel pour celle qui, comme beaucoup, était prête à parler de l’horreur des camps mais qui se heurtait à la gêne et l’indifférence. Ses souvenirs, Simone Veil les a contés à Annick Cojean, grand reporter. La BD s’ouvre sur la journaliste, en route pour sa rédaction, apprenant la mort de Simone Veil au téléphone. Abasourdie, elle se voit confier l’écriture d’un article qui retrace la vie bien remplie de celle qu’elle connaissait si bien.

Après leur première rencontre en coup de vent en 1979, lors qu’Annick est encore à Sciences Po, les deux femmes seront amenées à se recroiser de nombreuses fois. Annick Cojean a noué avec Simone Veil un lien très singulier, partant d’interviews et allant jusqu’aux conversations privées ; elle faisait “partie de la famille” selon un des fils de Simone. Ce roman graphique très émouvant est un portrait délicat de Simone Veil, une héroïne pour toutes et tous, particulièrement engagée dans la cause des femmes.

Une vie retracée à partir de souvenirs, un retour dans le passé

En avril 1993, Annick Cojean est chargée par Le Monde, pour qui elle travaille désormais, de fournir un long portrait de Simone Veil, alors Ministre de la Santé. De nombreux souvenirs et moments de vie marquants sont évoqués lors de cette rencontre.

Illustration de l’article original d’Annick Cojean publié dans Le Monde en 2017
Illustration de l’article original d’Annick Cojean © Steinkis/ Plon, 2020

Simone Veil raconte notamment son début de carrière, son désir puissant de recommencer à vivre et de travailler. Son mari s’y opposant d’abord, elle deviendra tout de même magistrate et commencera sa carrière en dénonçant les conditions épouvantables des détenus dans les prisons. Se sentir utile, aider son prochain, tant de choses qui poussent Simone Veil dans son rôle de magistrate. Le travail et l’indépendance financière sont deux piliers indispensables dans la vie d’une femme selon l’ancienne ministre, qui aimait le terme de féministe. Annick Cojean, qui partage les mêmes convictions, sort de cet entretien subjuguée. Simone Veil est impressionnante.

Dans un portrait émouvant, la volonté d’honorer Simone Veil

Simone Veil est une femme mythique. Son prénom résonne et évoque instantanément une loi, une histoire. Celle d’une jeune fille juive déportée en 1944, celle d’une députée, celle de la première présidente de la Commission européenne. Elle aura survécu à tout, Auschwitz-Birkenau, les marches de la mort, Bergen-Belsen, le sexisme et les insultes. Toutes ces étapes, les plus marquantes de sa vie, et son combat incessant sont racontés dans la BD.

On retrouve au fil les pages, l’image d’une femme aux yeux verts et au sourire énigmatique, qui ont marqué tant de personnes et ont porté des discours marquants à l’Assemblée nationale. Son combat pour la législation de l’avortement en France, qui portera pour toujours le nom de Loi Veil, en fera une héroïne pour des milliers de femmes.

Case de la BD qui représente Simone Veil, parlant de son entrée au gouvernement
Case de la BD qui représente Simone Veil, parlant de son entrée au gouvernement © Steinkis/ Plon, 2020

L’hommage à la femme

Au travers de ce roman graphique, Annick Cojean retrace aussi sa relation avec sa mère, si proche de celle que Simone Veil partageait avec la sienne. La complicité, la tendresse, l’amour qui unissent une mère et sa fille, sont décrits avec émotion et délicatesse. L’autrice finit le livre en s’adressant à sa mère, lui témoignant sa fierté : “J’ai l’impression qu’avec Simone, c’est une génération de femmes, la tienne, qui n’ont pas eu la reconnaissance, ni la liberté qu’elles méritent, qui entre aussi au Panthéon.

Cet ouvrage, en plus d’être un hommage à Simone Veil, est une ode au courage et à la résilience. Être femme, c’est un processus, une évolution. C’est apprendre au fur et à mesure de la vie ce qu’être femme signifie, et cela veut dire beaucoup. Les femmes ont cette flamme, cette volonté d’espoir. Être femme selon Simone, c’est défendre ses droits face à des siècles d’oppression, et rendre hommage à celles qui sont tombées en se battant et en offrant un plus grand champ des possibles à celles qui devront affronter l’avenir. Pour elle et toutes les autres, soyez femmes.

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