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“Simone, le voyage du siècle”,  un biopic historique

“Simone, le voyage du siècle”,  un biopic historique

Affiche de "Simone, le voyage du siècle", film d'Olivier Dahan

Le 12 octobre 2022, les cinémas ont ouvert leurs salles au nouveau biopic d’Olivier Dahan. Un film inédit sur Simone Veil qui retrace son ascension politique à travers les époques et sa lutte féministe. Mais avec l’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait l’avortement au niveau fédéral aux États-Unis, notre société semble reculer, rendant ces combats presque inaudibles. À l’heure des débats sur la constitutionnalisation du droit à l’avortement en France, le film semble plus que nécessaire.

Bien que mal accueilli par certaines critiques, le film reste à la fois réaliste et poignant. Elsa Zylberstein incarne une figure politique qui s’est imposée par ses idées progressistes. Retour en arrière avec ce long-métrage qui évoque un passé tourmenté, mis en scène par des flash-backs.

Une vie politique chargée

C’est un biopic décousu mais sensé. Les premières minutes mettent en avant sa lutte pour les droits des femmes. Elle maintient cette position dans l’Assemblée, malgré d’assaillantes critiques de la part des hommes, ce qui mène à de nombreuses victoires, dont le droit à l’IVG le 17 janvier 1975. La virulence des hommes y est contrastée par la tendresse des femmes à son égard. Elle est montrée stoïque, inébranlable. Olivier Dahan dépeint cette femme à l’esprit libre à la fin de sa vie, représenté par son visage quiet, l’image infinie de la mer, la couleur et la lumière. Une femme au passé escarpé, rythmé par une oppression à travers l’obscurité et le cloisonnement.

Les camps de concentration prennent une place importante, tout comme dans sa mémoire. Arrêtée en 1944 pour être libérée un an plus tard, elle y aura perdu son père, son frère, ainsi que sa mère à l’âge de 16 ans. Simone y est représentée proche de celle qui lui a enseigné les prémices du féminisme. Le processus de déshumanisation des Juifs y est caractérisé par la mise à nue, le rasage, leur entassement dans des wagons, des hangars en bois mais aussi le travail forcé et le matraquage. Elle se bat toute sa vie pour que les rescapés soient entendus, pour que personne ne soit oublié. Enchaînant les témoignages, elle se rend en 2004 à Auschwitz pour Paris Match, à l’occasion des 60 ans de la fin de la Shoah. Elle devient Présidente de la fondation pour la mémoire de la Shoah de 2001 à 2007.

Camp d'Auschwitz, en Pologne © Frederick Wallace (Unsplash)
Camp d’Auschwitz, en Pologne © Frederick Wallace (Unsplash)

On apprend sa vie d’étudiante à Sciences Po Paris, où elle rencontre Antoine Veil, donnant suite à un mariage. Mais aussi celle d’une mère qui devra, aux yeux de la société, sacrifier ce statut pour devenir magistrate. Annexée au ministère de la Justice, elle livre son combat pour la propreté des prisons et la dignité des détenus. En tant que ministre de la Santé elle se démène pour les malades du Sida et plus tard contre la toxicomanie. Fille de la République, menant sa politique avec “laïcité” et “justice”, elle se tourne ensuite vers l’Europe, qui devient pour elle un grand espoir de réconciliation. Le film représente son célèbre discours, en campagne pour un mandat européen, face aux membres du Rassemblement National ; “Vous ne me faites pas peur, pas peur du tout. J’ai survécu à pire que vous. Vous n’êtes que des SS au petit pied”. Ce meeting finira en bagarre générale. En consécration, elle finit présidente du Parlement européen et instaure la Commission pour le droit de la femme. Elle aura participé à la construction d’une Europe puissante, unie et réconciliée.

L’ambition d’une cinématographie réaliste

La particularité de ce film, c’est qu’il est long par sa durée (2h20) mais dynamique de part les nombreux flash-backs successifs qui reviennent sur les différents moments de la vie de Simone Veil : petite fille, adolescente, et femme. La maison niçoise, Le Parlement européen, l’Assemblée nationale, les prisons et les camps de concentration et d’extermination sont des lieux qui ont marqué Simone Veil. Leurs reconstitutions se veut donc la plus réaliste possible. Des scènes historiques reproduites quasiment à l’identique. Le film déroule la vie de Simone Veil sans en faire une chronologie, une biographie “Wikipédia”. Au contraire, il montre les grands moments de sa vie, ce qui la portait, ce qui la révoltait.

Ce biopic se veut le plus sincère possible, jusqu’à pousser très loin dans les détails, notamment au niveau du maquillage. Elsa Zylberstein interprète l’ex-ministre de la Santé et première présidente française du Parlement européen. Un rôle brillamment incarné avec un maquillage très réaliste qui montre le visage vieillissant de Simone Veil. La ressemblance est frappante. La comédienne s’est fondue dans la peau de son personnage. Elsa Zylberstein s’est préparée à ce rôle pendant un an. Dans une interview sur France 3, l’actrice affirme avoir “écouté sa voix trois, quatre heures par jour ou plus, pour rentrer dans chaque pas, chaque respiration, chaque battement de cils, chaque mini-geste”.

Olivier Dahan réussit à filmer l’indicible, cette période sombre de l’Histoire. Les combats de Simone Veil sont honorés dans ce film, quatre ans après son entrée au Panthéon. Des combats, encore d’actualité.

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