Pauvres Créatures, l’art de (re)naître
Pauvres Créatures, film adapté du roman du même nom, nous fait découvrir Bella Baxter, une jeune femme ramenée à la vie par le docteur Godwin Baxter, elle va alors tracer son chemin et découvrir le monde, sans jamais vouloir déroger aux principes d’égalité et de libéralisation des mœurs.
Ce film du réalisateur grec Yórgos Lánthimos a en tête d’affiche plusieurs noms du cinéma comme Mark Ruffalo (Duncan Wedderburn), Willem Dafoe (Godwin Baxter) ou encore Emma Stone. Cette dernière incarne une Bella Baxter plus vraie que nature, dont la performance lui a déjà valu un Golden Globe en janvier dernier.
Pauvres Créatures, les origines
Originellement un livre de Alasdair Gray, romancier, poète, dramaturge et peintre irlandais, cette histoire est parue en 1992 sous le nom Poor Things et remporte des prix tels que le Whitbread ou le Guardian Fiction Prize. Remix de Frankenstein, l’œuvre est unique et originale tant elle mélange les genres gothique, fantastique et de science fiction.
Nous suivons la (re)naissance d’une jeune femme qui va partir à la découverte du monde, en se défaisant de la tutelle de son créateur. Accompagnée par Duncan Wedderburn, un avocat à la mauvaise réputation, elle va faire de nombreuses rencontres mais aussi grandir et évoluer face à une société qui veut lui imposer une conduite et une façon d’être.
Nouveau né, enfant, adolescent puis adulte néanmoins dans un corps de femme, Bella Baxter est d’abord d’une naïveté et d’une spontanéité qui fait sourire, son évolution au travers des voyages l’amène cependant à prendre du recul et réfléchir par rapport au monde dans lequel elle vit, y compris via la découverte de sa sexualité ou des facettes sombres des sociétés, comme la prostitution.
Une expérience unique et impactante
Visuellement, Pauvres Créatures alterne entre le noir et blanc et des couleurs vives, le tout accentué par des changements de cadre. Les tenues de Bella elles-mêmes témoignent de l’originalité de l’œuvre et de son personnage, l’héroïne se retrouve souvent en décalage avec ceux qui l’entourent, ce qui fait ressortir l’excentricité de son caractère mais aussi son non-conformisme.
Après Barbie, on retrouve à nouveau le female gaze au centre d’un art qui en a besoin et c’est ce qui fait la force de ce film. Ce terme est théorisé en 1975 par la critique de cinéma américaine Laura Mulvey. Il ne s’agit pas simplement d’un renversement du male gaze, ou regard masculin, qu’elle explique comme le constat que les femmes, dans la plupart des films, apparaissent comme des choses vues par les hommes. Le female gaze se refère au contraire au fait d’apporter un point de vue différent d’une vision masculine sur le même sujet.
Bella Baxter reflète ce concept car elle affronte une vision paternaliste et sexiste de la société qu’elle remet en question. D’abord au travers de son créateur, dont elle s’émancipe à la recherche de sa liberté, mais aussi via son opposition à Duncan Wedderburn, homme qui est un temps son amant mais dont elle finit par se lasser à cause de son avarice et de sa jalousie. Plus généralement, elle représente une modernité progressiste contre un ordre dépassé et qui se révèle à l’origine du mystère de son ancienne vie.
Un film salué par le public et par ses acteurs
Pauvres Créatures a réalisé la meilleure première semaine pour un film de Yórgos Lánthimos et a déjà été récompensé de plusieurs prix comme le Lion d’Or ou encore deux Golden Globes pour Meilleure Comédie/Comédie Musicale et Meilleure Actrice dans une Comédie/Comédie Musicale. L’œuvre peut également avoir de grands espoirs pour les 96e Oscars qui auront lieu le 10 mars puisqu’il a été présélectionné dans sept catégories.
Emma Stone s’est confiée dans une interview sur à quel point elle a pu apprécier jouer le personnage de Bella. « Parce que Bella est sans complexe ni jugement, et sans jugement du monde qui l’entoure, c’est très libérateur. » A la mention de s’il a été difficile de laisser cette héroïne derrière, elle répond de façon affirmative, démontrant que sa grande performance est aussi le symbole d’un réel attachement au film. « Encore aujourd’hui, j’ai les larmes aux yeux rien qu’en pensant à ce dernier jour de tournage. Ca a été l’adieu le plus difficile de tous mes personnages. »
Alors c’est marrant car moi, je l’ai trouvé ultra male gaze « Pauvres créatures » !
Et le fait qu’il ait été marketé comme un film féministe me fait rager encore plus.
Ce film c »est vraiment l’émancipation de la femme à travers le regard d’un homme. Soit… l’émancipation sexuelle. Et j’ai bien l’impression que c’est ça qui l’intéresse en priorité ce p’tit coquin de Yorgos. Histoire de bien montrer Emma Stone baiser dans tous les sens sans une once de culpabilité (bah oui c’est justifié cette fois-ci car c’est féministe l’émancipation sexuelle !). Le tout évidement sans poils, sans préliminaire… Une bonne baise du point de vue masculin comme on les voit depuis toujours. Je pense qu’il aurait été possible de faire ça différemment.
Et le pseudo dialogue « féministe » entre les 2 femmes ne peut pas rattraper l’intégralité de la vision masculine de ce film. C’est trop facile.
Pour moi, tout le monde s’est fait berner par cet univers fou et cet esthétique ultra chiadé. C’est vraiment le DisneyLand de la cinéphilie. On en oublie le propos. Dommage.