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“La page blanche” de Murielle Magellan : l’envie de se ré-inventer

“La page blanche” de Murielle Magellan : l’envie de se ré-inventer

Sara Giraudeau dans le film « La Page blanche » de Murielle Magellan, d'après la BD de Pénélope Bagieu. (SND)

Sorti récemment, le film réalisé par Murielle Magellan adapte avec brio la BD éponyme de Pénélope Bagieu et Boulet (pseudonyme de Gilles Roussel), parue en 2012 aux éditions Belcourt. Le film propose de suivre la toute nouvelle vie d’Éloïse qui se réveille sur un banc… en ayant tout oublié. Ce récit d’initiation invite à s’interroger sur la capacité à être soi-même dans une société où la tendance est à l’imitation et la limitation.

Décors parisiens, ambiance de quartier et musiques de fond, tout cela ajouté à une petite dose de mystère et à une héroïne un peu rêveuse : la formule est respectée pour faire aimer ce film aux échos d’Amélie Poulain. Néanmoins, cette adaptation n’est pas que divertissante : elle livre en effet un joli message qui est comme une invitation à questionner le spectateur sur lui-même.

Une nouvelle vie à recomposer

En effet, Murielle Magellan a su transposer le scénario original pour que celui-ci corresponde au mieux au genre de la comédie, en le rendant un peu plus gai et rafraîchissant, mais surtout en l’étoffant. Sans perdre de vue néanmoins la question centrale autour de laquelle gravite le récit : la construction de notre identité et la possibilité, toujours, d’évoluer, et de tout recommencer.

Dans le film l’expérience est portée à son paroxysme à travers l’héroïne, Éloïse, qui souffre d’amnésie d’identité ; impossible pour elle de se rappeler qui elle était, avant de se réveiller sur ce banc au milieu d’une petite place parisienne. A tâtons, comme si elle participait à une chasse au trésor, elle va alors tenter de recomposer chaque morceau de sa vie d’avant, comme si celle-ci était une mosaïque à reconstituer.

Problème : toute cette jolie reconstitution manque de colle forte, car Éloïse, en oubliant sa vie, a aussi oublié sa personnalité, si bien qu’elle ne sait plus vraiment qui elle est. Elle est libraire, dans une relation plus ou moins régulière avec un collègue, des amis extravertis, oui mais encore ? Alors, comme une enfant qui forge sa personnalité petit à petit, Éloïse va apprendre à se connaître, tout en découvrant à travers le regard que les gens portent sur elle, sa personnalité d’avant.

Couverture de la BD "La Page Blanche"
Couverture de la BD “La Page Blanche” © Mathilda Dutel – Pépère News

Une invitation à sortir du rang pour s’épanouir

À travers les indications données par les personnages, le spectateur se rend vite compte que l’ancienne Éloïse cherchait à être miss tout le monde, pour être intégrée, ne pas sortir du rang. Au point de s’oublier dans sa propre banalité ? Comme si une deuxième chance lui était donnée, Éloïse tente alors de ne pas répéter les mêmes erreurs, en acceptant sa nouvelle personnalité qui commence à se dessiner.

Au-delà de la portée réflexive du scénario, il est également important de souligner la justesse dont a fait preuve Murielle Magellan en choisissant les acteurs principaux, et notamment Sara Giraudeau. Maniant l’incrédulité sous toutes ses nuances avec son visage un peu innocent, l’actrice connue pour son rôle dans Le Bureau des Légendes incarne parfaitement la jeune femme un peu déboussolée qui cherche un sens à sa vie.

Le personnage de Grégoire Ludig, Fred, semble quant à lui tout droit sorti du Palmashow : très à la ramasse mais néanmoins attachant, rien d’étonnant que ce rôle sied parfaitement à l’humoriste.

 

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