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Législatives. Edouard Philippe et Gérald Darmanin viennent soutenir les candidats Ensemble nordistes

Législatives. Edouard Philippe et Gérald Darmanin viennent soutenir les candidats Ensemble nordistes

Edouard Philippe et Gérald Darmanin aux côtés de leurs soutiens, après un meeting Ensemble le 27 mai 2022

Le 27 mai, presque tous les candidats nordistes soutenant Emmanuel Macron se sont rassemblés à Wasquehal. Ils ont accueilli Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, candidat à Tourcoing, et Edouard Philippe, ancien Premier ministre.

Ils ne sont pas 40.000 ce soir-là, mais la salle Victor Honoré est quasiment pleine. Accueillis par Félicie Gérard, candidate Ensemble dans la septième circonscription, de nombreux sympathisants sont venus à Wasquehal, notamment pour écouter Gérald Darmanin et Edouard Philippe. Après une victoire relativement large à la présidentielle, le parti d’Emmanuel Macron pourrait raisonnablement espérer une majorité parlementaire. Mais l’ascension de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES) fait craindre une Assemblée moins docile que la précédente. Les orateurs qui se succèdent s’emploient donc à rassurer la foule tout en disqualifiant systématiquement les adversaires du parti.  

Disqualifier l’adversaire

C’est Félicie Gérard qui ouvre le bal des macronistes ce soir-là. L’adjointe au maire de Wasquehal convoite le siège parlementaire de la septième circonscription du Nord. Elle agite avec brio l’épouvantail nupesien”, assénant qu’elle refuse de “tourner le dos à nos alliances, à l’Europe, et d’ouvrir les bras à Poutine”. En filigrane, les accusations de complaisance de certains insoumis avec Moscou, à commencer par Jean-Luc Mélenchon, qui considérait par exemple en janvier 2022 que ce sont les États-Unis qui sont dans la position agressive et non pas la Russie”. Alors que le gouvernement d’Emmanuel Macron s’est illustré par sa politique étrangère pragmatique avec Vladimir Poutine, interrompant ses ventes d’armes à la Russie dès 2020. Du matériel militaire utilisé aujourd’hui pour massacrer les Ukrainiens. L’adjointe au maire vante aussi les résultats du gouvernement sur l’emploi, avec un taux de chômage de 7,4%, soit environ 3 points de plus que le seuil du plein emploi”, qui correspond pour résumer à une situation économique où les offres d’emploi sont supérieures aux demandes. 

Les Républicains et l’Union des démocrates et indépendants (UDI) en prennent aussi pour leur grade. Quel message est porté aujourd’hui par l’UDI-LR ? C’est encore du ni-ni, ni pour ni contre la majorité présidentielle” estime la candidate, soulignant l’ambiguïté de la droite traditionnelle, qui promet de voter seulement certaines lois de la majorité et d’en bloquer d’autres. C’est assez surprenant de voir des gens défendre une méthode de gestion de l’État au coup par coup” raille Félicie Gérard. Cette déclaration montre surtout la pression énorme que subissent les Républicains, à la fois aspirés et écrasés par le bloc libéral macroniste au lendemain d’une présidentielle calamiteuse. 

Faire du Nord “le centre de l’Europe”

Après le bref discours d’ouverture de la candidate, Gérald Darmanin prend la parole. Le ministre de l’Intérieur est notamment présent pour défendre sa candidature dans la dixième circonscription du Nord. G. Darmanin veut montrer que le gouvernement a investi dans l’irrigation économique du territoire. Il évoque notamment le Canal Seine-Nord, un projet d’infrastructure devant relier la Seine au réseau fluvial de l’Europe du Nord. Les Hauts-de-France doivent pour lui devenir le centre de l’Europe”, au carrefour entre Paris, la Belgique et l’Angleterre. 

G. Darmanin qui jugeait récemment Marine Le Pen trop molle”, déplore aujourd’hui son implantation dans les Hauts-de-France et son extrémisme”. Quant à LFI, le ministre de l’Intérieur fustige ses positions sécuritaires, accusant le parti de vouloir désarmer la police”. Effectivement, le programme insoumis préconise d’interdire “les tasers, les grenades de désencerclement, les lanceurs de balles de défense [LBD]”. G. Darmanin, lui, a constamment pris le parti des forces de l’ordre, malgré la répression violente que les Gilets Jaunes ont subie et les nombreuses bavures.

Edouard Philippe parmi ses soutiens lors d'un meeting Ensemble, le 27 mai 2022.
Édouard Philippe parmi ses soutiens, le 27 mai 2022. © Mattis Habib / Pépère News

Emmanuel Macron, incarnation de l’équilibre” ?

Édouard Philippe conclut la soirée d’un discours d’une vingtaine de minutes. L’’ancien Premier ministre est aussi présent comme leader du parti Horizons qu’il a créé en 2021. Ce dernier s’est fondu avec Renaissance (nouveau nom de La République En Marche) et le Modem dans une maison commune” pour les législatives, Ensemble. E. Philippe se veut être l’incarnation d’une droite pragmatique, lucide”. Si nous ne prenons pas en compte toutes les forces de l’univers […] alors nous discutons de manière accessoire” estime-t-il, érigeant Emmanuel Macron en rempart face aux aléas d’un monde dont les déséquilibres sont vertigineux”. Face à ces défis internationaux, l’ancien locataire de Matignon souhaite opposer l’ouverture” du chef de l’Etat au protectionnisme de LFI et au nationalisme du RN. 

Le leader d’Horizons défend aussi ce jeu de balancier dans sa vision économique : Gouverner, c’est tenir l’équilibre, entre la production des richesses et leur redistribution.” Un en même temps” que l’Élysée a eu du mal à tenir, tant sa politique fiscale et sociale a profité aux classes supérieures au détriment des plus pauvres. E. Philippe indique le cap des prochaines années : ”Le président a identifié deux domaines à transformer : l’éducation et la santé”, deux services publics dont le gouvernement n’a su endiguer la déliquescence. Le leader d’Horizons insiste sur l’importance de la formation, notamment via l’apprentissage. Il félicite le gouvernement qui aurait fait de celui-ci la voie royale pour l’accès à l’emploi”. Effectivement, 700.000 contrats d’apprentissage ont été signés en 2021, un record, notamment grâce au plan 1 jeune 1 solution” piloté par l’exécutif. Celui-ci prévoit de former un million de jeunes d’ici 2027. Des chiffres encourageants, mais qui concernent surtout les jeunes les plus qualifiés , qui ont déjà un accès relativement aisé au marché du travail. En fait, les contrats d’apprentissages ont simplement remplacé d’autres formes d’embauches, comme les contrats de professionnalisation.  L’effet sur le nombre total d’emplois est finalement assez faible. 

Après sa large victoire à la présidentielle, l’histoire récente dit que le bloc macroniste devrait remporter les législatives. Mais le renforcement de l’opposition, notamment à gauche, et le poids d’un bilan qui a causé nombre de colères pourraient jouer un mauvais tour aux candidats Ensemble.

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