Européennes : la majorité lance sa campagne au Grand Palais de Lille

Samedi 9 mars au Grand Palais de Lille, les partis Renaissance, Horizons et MoDem ont lancé leur campagne pour les élections européennes. En soutien à Valérie Hayer, la tête de liste du groupe, de nombreuses personnalités politiques étaient présentes. Pendant le meeting, la Macronie s’est montrée très critique du Rassemblement National, déjà bien en tête dans les sondages. 

C’est sous un tonnerre d’applaudissements que le gouvernement presque au complet est arrivé au Grand Palais samedi 9 mars. Venus aux côtés de Valérie Hayer, leur candidate pour les élections européennes, les membres des partis Renaissance, MoDem et Horizons ont tenu, les uns après les autres, des discours engagés envers le parti Renew Europe. À l’affiche ce jour là : Gérald Darmanin, François Bayrou, Édouard Philippe. Et cachés devant la scène mais présents afin d’affirmer leur soutien : Elizabeth Borne, Rachida Dati, Bruno Le Maire, Marc Fesneau, Éric Dupond-Moretti, Stéphane Séjourné et bien d’autres. Si l’ambiance était joyeuse pour ce lancement de campagne, la salle de meeting du Grand Palais paraissait presque trop spacieuse pour les quelques 2000 militants présents.

Une campagne lançée contre le parti de Jordan Bardella

Avec dix points de retard dans les intentions de vote face à Jordan Bardella, la campagne de Valérie Hayer est principalement axée autour de la “trahison” du RN et de la défense des Ukrainiens face à la Russie. Deux sujets étroitement liés selon Gabriel Attal, qui rappelle que le Rassemblement National a voté de nombreuses fois au Parlement européen contre le versement d’aides envers l’Ukraine. Pour les invités, c’est la relation entre Marine Le Pen et Vladimir Poutine qui met le plus l’Europe en danger: “Nous allons aussi facilement en Belgique que Marine Le Pen va à Moscou” lance Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur.

Et les critiques envers le parti d’extrême droite ne s’arrêtent pas au sujet de la guerre en Ukraine. Les membres du parti présidentiel ont évoqué un à un les dangers du Frexit, l’artificialité des élus RN, et Valérie Hayer a même fini par comparer Marine Le Pen et Victor Orbán à Edouard Daladier et Neville Chamberlain. “Nous sommes à Munich en 1938” dit-elle, faisant référence à la signature des accords de Munich, où les Occidentaux avaient cédé une partie de la Tchécoslovaquie à Hitler en espérant faire tarder la guerre. Ainsi, en ce début de campagne des Européennes, Valérie Hayer définit Renaissance, MoDem et Horizons comme les seuls partis pro-européens. “Ne laissez pas l’Europe aux mains de ceux qui veulent sa mort” ajoute-t-elle.

Qui est Valérie Hayer ?

“On m’a demandé si je n’avais pas été choisie par défaut. J’ose espérer qu’on ne me dit pas ça car je suis une femme” lance Valérie Hayer, tout juste montée sur scène. En ce 9 mars, le lendemain de la Journée internationale des droits des femmes et quelques jours seulement après la constitutionnalisation de l’IVG, son lancement de campagne est symbolique d’un point de vue féministe. La source de son engagement, ce sont les combats de Simone Veil. Elle lui a d’ailleurs rendu hommage au Panthéon, la veille. “Nous inscrirons le droit à l’IVG dans la charte européenne des droits fondamentaux” ajoute-t-elle, enthousiaste.

Diplomée de droit public et ancienne vice-présidente du Conseil départemental de la Mayenne, Valérie Hayer a été élue députée européenne en 2019. Elle est devenue présidente du groupe Renew Europe en janvier. Pour Malika Di Fraja, présidente de Renaissance Vaucluse, c’est la candidate idéale. “C’est une personne qui connaît très bien les dossiers européens” dit-elle, confiante. Et sur la question de son parti politique – Valérie Hayer est issue du parti centriste UDI – madame Di Fraja ne se fait pas de souci : “Elle va réussir à dépasser les clivages, comme nous l’avons déjà fait avec Emmanuel Macron en 2017 puis en 2022”.

Et c’est son parcours particulier qui lui permet de se positionner sur des questions d’actualité : femme de la Mayenne, un département rural qui lui est cher, Valérie Hayer a grandi dans la ferme de ses parents et explique se sentir particulièrement concernée par les revendications des agriculteurs. “Préserver la campagne pour les agriculteurs, on l’a fait. Le Pacte Vert, on l’a fait” clame-t-elle, semblant avoir trouvé une réponse définitive aux problèmes soulevés il y a quelques semaines. 

Des personnalités politiques jeunes et “connectées”

Face à Jordan Bardella, son premier adversaire dans cette campagne européenne, Valérie Hayer joue la carte de la jeunesse et du contact avec ses électeurs. À ses côtés, Gabriel Attal. Tous les deux expliquent être authentiques par rapport à d’autres candidats et François Bayrou, le maire de Pau, ajoute qu’ils ont “vécu la vie que tous nos concitoyens partagent”. En entrant dans la salle, ils jouent d’ailleurs sur la ligne fine séparant proximité avec leurs partisans et symbole de pouvoir. En effet, une fois les embrassades entre ministres, parlementaires et députés européens terminées, une musique héroïque est lancée : pendant vingt minutes, Gabriel Attal et Valérie Hayer traversent la foule, prenant des selfies et embrassant des partisans en pleurs. L’image projetée au grand écran est frappante : les deux trentenaires souhaitent incarner la jeunesse, l’innovation et l’ambition. Pourtant dans l’audience, les jeunes sont très peu nombreux.

Alors que la campagne pour les européennes s’annonce intense et décisive, cette journée a donné le ton du débat politique pour le parti présidentiel. Face à des enjeux de plus en plus nombreux et des adversaires avantagés, reste à voir quelle sera la réponse des électeurs à l’appel de Valérie Hayer.