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Lancement de Renaissance dans le Nord : un parti déjà fragilisé ?

Lancement de Renaissance dans le Nord : un parti déjà fragilisé ?

Lancement de Renaissance

Le vendredi 14 octobre, la majorité présidentielle a officiellement lancé son nouveau parti dans le département du Nord : Renaissance. Avec une toute nouvelle forme, il succède à La République en Marche et a un objectif clair, solidifier sa base électorale, notamment dans le Nord, en vue des prochaines élections européennes et à plus long terme, la présidentielle.

Ce lancement a été révélateur des faiblesses et difficultés que Renaissance rencontre ces derniers mois, avec des inquiétudes qui se propagent parmi les militants. Les rangs de la majorité semblent se diviser, et cela s’est vu au cours de cette soirée de lancement où les sympathisants du mouvement se sont questionnés aussi bien des politiques actuelles que de l’avenir de la formation.

Une situation actuelle préoccupante

Pour ce lancement de Renaissance, quatre des cinq députés de la circonscription du Nord issus du parti de la majorité étaient présents : Violette Spillebout, Vincent Ledoux, Charlotte Lecocq et Brigitte Liso. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin devait être présent mais a été retenu à Paris en raison de la grève générale et des manifestations de la semaine du 17 octobre. Après une présentation de la nouvelle organisation du mouvement, chaque député a pris la parole pour rassurer les militants présents et pour également parler du rôle que le parti va avoir dans les prochaines années. Il était en effet nécessaire de rassurer les différents partisans présents dans la salle, le parti de la majorité n’ayant gagné que dans cinq des vingt-et-une circonscriptions du Nord. 

Mme Spillebout a pourtant évoqué la “victoire” aux législatives, élections dont Renaissance est sorti avec une majorité relative, qui ne suffit pas pour gouverner efficacement le pays. C’est d’ailleurs un sujet mentionné par chacun des quatre députés, Mme Lecocq a affirmé que c’est un “soulagement” d’être dans le Nord, loin de l’hémicycle, tandis que M. Ledoux a parlé de “violence” en évoquant les débats qui y avaient lieu. La majorité est malmenée à l’Assemblée Nationale, alors les députés se sentent en sécurité dans le Nord. Pourtant les inquiétudes et les discussions intenses y ont aussi lieu.

Les adhérents sont inquiets sur de nombreux sujets, dont celui de la retraite, qui semble diviser la majorité. Un militant a d’ailleurs demandé aux députés s’ils ne “souhaitaient pas se reposer”, et quel est le réel but de toujours “travailler plus” ? Les problèmes soulevés touchent donc à la politique menée par l’Élysée, mais aussi aux territoires et au rôle du parti en lui-même, certains militants présents depuis 2016 reprochent un “manque de reconnaissance” de l’organisation. De nombreuses interrogations donc, celles-ci étant les principales car des situations personnelles ont aussi été évoquées au cours de la réunion. Reste à voir si les réponses apportées par les députés satisferont les partisans sur le long terme.

Les 4 députés présents au lancement de Renaissance dans le Nord
Les députés présents au lancement de Renaissance, de gauche à droite et de haut en bas : V. Spillenout, V. Ledoux, B. Liso, C. Lecocq © Corentin Delorme / Pépère News

La question de l’avenir de Renaissance

En parlant de l’avenir, celui de l’organisation est aussi un sujet majeur parmi les préoccupations des sympathisants. Emmanuel Macron en étant à son deuxième mandat consécutif, l’inquiétude de la prochaine présidentielle naît déjà au sein des rangs de la majorité. Comment un parti construit autour d’un homme et de ses idées réussira-t-il à tenir une fois que cet homme ne pourra plus se présenter ? Les députés et militants œuvrent donc dès aujourd’hui à éviter que cette formation ne s’écroule une fois que le président E.Macron arrivera au terme de son mandat.

Les députés en ont profité pour rappeler que Renaissance s’organise autour de valeurs qui font son identité, Mme Spillebout a évoqué la “valeur travail” et a qualifié Renaissance de “parti progressiste”. M. Ledoux a quant à lui avancé que “ce qui nous rassemble est plus fort que tout”, dans une volonté de rassurer les militants sur le fait que le parti aura bien une existence post-Macron. Il a d’ailleurs réaffirmé qu’il était hors de question de sortir de l’Europe, la valeur européenne étant une de celles auxquelles le président Macron est le plus attaché. De plus, le parti semble davantage s’appuyer sur ses soutiens qu’il ne le faisait par le passé.

Cela est devenu une nécessité, car comme Mme Liso l’a rappelé, “chaque voix” compte dans l’hémicycle, les députés se trouvant alors tiraillés entre une certaine obligation d’être présents à l’Assemblée nationale et un besoin d’aller à la rencontre de leur électeurs dans les territoires. Les adhérents du parti sont ainsi les nouveaux relais des idées dans les territoires. Les députés vivent aussi avec la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale et de l’organisation de nouvelles élections. Une situation qui peut expliquer la volonté d’une démarche de fidélisation des électeurs dans les territoires déjà acquis à la cause présidentielle et le besoin d’être encore plus présent dans les autres.

À peine lancé, Renaissance fait déjà face à de nombreux défis, et même si les députés n’ont cessé de marteler que les idées sont faites pour durer, il faudra attendre un peu avant de voir si cette métamorphose fera une véritable différence. Mais aussi avant de voir si la formation présidentielle survivra à son créateur. En tout cas, dans le Nord, c’est une organisation qui reste pour le moment contestée et en difficulté, même dans ses propres rangs, les mois qui s’annoncent seront décisifs pour se faire une idée de l’efficacité de ce nouveau parti.

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