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Jérémy Legrand, le retour d’un champion lillois sur le ring

Jérémy Legrand, le retour d’un champion lillois sur le ring

Jérémy Legrand en sparring avec un adversaire professionnel @Hélèna Barrault

Il avait arrêté la compétition il y a quatre ans, le boxeur professionnel multidisciplinaire, Jérémy Legrand, a décidé de remonter sur le ring à Bois-Blancs. Entre préparation physique et vie de famille, nous avons suivi son entraînement. 

On pensait qu’il n’allait plus jamais monter sur le ring après un dernier combat, en 2018, qui avait ameuté tous les amateurs de boxe de la métropole lilloise. Jérémy Legrand, 36 ans, a effectué 70 combats professionnels et c’est sur ce palmarès, qu’il avait, le croyait-on, rangé ses gants. Cependant, en mai 2022, il annonce dans un post Facebook sa décision de reprendre la compétition. Commence alors une période intensive d’entraînement pour celui qui n’avait pas boxé depuis 4 ans.

Une carrière exceptionnelle

Après une ceinture bleue en taekwondo, il commence l’apprentissage du Muay Thaï, boxe Thaï et K1 dans le club de boxe Team Fontes à 18 ans. Trois mois plus tard, il fait son premier combat sans protection en Belgique. Il le perd, mais cela ne fait que renforcer son envie de se battre et de s’entraîner. Ce qui donne les résultats qu’on lui connaît : champion d’Europe de kickboxing en 2012, 5 fois champion de France en kickboxing et K1, il cumule les victoires.

Le 9 décembre 2018, une soixantaine de ses proches étaient venus l’encourager lors de son dernier combat à la septième édition du Fight Arena à Haisnes. Il était ressorti vainqueur en kickboxing face à Dimitri Silalack dans la catégorie des -63 kg par décision des juges. Un bel adieu, donc. Malgré tout, il  préfère s’arrêter là car il ne veut pas boxer pour l’argent ou être dégoûté de la boxe.

En mai 2022, après quatre ans sans vraiment boxer, il décide de remonter sur le ring. “Quand on a goûté à la compétition, on a une adrénaline qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Je suis amateur de sensations fortes mais ce qu’on ressent sur le ring ça ne se retrouve pas dans un parc d’attractions” nous confie-t-il. Alors, malgré la légère appréhension de ne pas être au niveau, quand il s’est rendu compte que le ring lui manquait, il s’est donné les moyens d’y retourner.

Un quotidien bien rempli…

Avant de venir s’entraîner dans son club de boxe, Jérémy a en effet une journée chargée. Chaque matin, il se rend de Douvrin où il habite avec ses enfants, en voiture vers le magasin Les partisans du goût de Marquette-lez-Lille. Il y est responsable du magasin et de la poissonnerie. Pour celui qui n’aimait pas l’école et a longtemps travaillé dans la poissonnerie familiale, cette promotion en tant que cadre est la preuve qu’avec le travail et l’expérience on peut atteindre un bon niveau de vie. Le lundi, mardi et jeudi, il est du matin, ce qui lui permet de rentrer assez tôt chez lui pour aller ensuite vaquer à ses autres occupations. Le mercredi c’est sa journée de repos, et le vendredi il ne peut pas s’entraîner car c’est lui qui doit fermer le magasin. Le jour où nous l’avons interviewé, un jeudi, il était rentré du travail à 16h, s’était douché puis était parti chercher ses enfants à l’école, avait joué aux Barbies avec sa fille, aidé ses enfants pour leurs devoirs et nous avait rejoint vers 18h à Bois Blanc.

Ensuite il avait entraîné ses élèves et avait prévu de rentrer chez lui vers 22h. Jérémy Legrand, malgré les nombreuses  heures de sport accumulées dans sa semaine (entre 8 et 14h), semble inépuisable : il se couche vers minuit pour se réveiller aux aurores. Il enchaîne les nuits de 3 à 4 heures, se permettant une sieste de 20 minutes de temps en temps. Il nous a confié qu’il est habitué à ce rythme depuis ses 15, 16 ans, âge où il a commencé à travailler.

… qui n’empêche pas un entraînement régulier

Jérémy Legrand s’entraîne beaucoup. Il vient une heure avant les cours qu’il dispense à la salle Team Legrand située près de la Deûle à Bois Blanc. Le lundi, il entraîne et pratique avec ses adhérent.es ; le mardi, son coach de toujours, Eduardo Fontes l’entraîne au pao, afin d’améliorer sa technique, sa puissance et sa rapidité. Le mercredi c’est de nouveau entraînement avec les adhérent.es. Le jeudi, deux boxeurs professionnels, Alex Paiement et Christopher Plouvin, viennent combattre avec lui sous la houlette d’Eduardo Fontes qui le conseille. Le weekend, il court et se muscle dans un parc à côté de chez lui. Le but des entraînements, pour son coach, est d’abord de le préparer physiquement. Lorsque ses adversaires seront connus, Jérémy et Eduardo adapteront la stratégie à suivre selon leurs techniques.

Le boxeur doit aussi perdre du poids. En effet, bourreau de travail, son seul péché se trouve du côté de la nourriture : “Quand il a mangé raclette, on sait qu’on va devoir faire beaucoup plus d’abdos” rigole un habitué du club. La plupart du temps, il ne s’impose pas de régime. Seulement, il fait 1 mètre 69 alors s’il n’est pas dans la catégorie des -63 kg, il se retrouve face à des adversaires très grands. Heureusement, il a un métabolisme rapide : dès qu’il se met à manger sainement, il perd du poids. Une perte qui peut être accélérée par un programme pour travailler son cardio, et des couches de vêtements pour plus transpirer.

Eduardo Fontes conseille Jérémy Legrand lors d’une pause © Hélèna Barrault - Pépère News
Eduardo Fontes conseille Jérémy Legrand lors d’une pause © Hélèna Barrault – Pépère News

Une relation de confiance avec son entraîneur

L’ex boxeur professionnel Eduardo Fontes a été entraîneur pendant 26 ans dans son club de Bois Blanc. En mai 2021, il décide de confier le club à Jérémy Legrand. Malgré une relation de confiance exacerbée par les combats qu’ils ont fait ensemble, il avoue avoir été surpris quand Jérémy l’a appelé pour lui dire qu’il souhaitait remonter sur le ring. Cependant, “Je n’ai pas pu refuser de l’entraîner, je l’ai formé de A à Z” nous confie Eduardo Fontes, qui jusqu’à peu, pensait ne plus remettre les pieds dans une salle de boxe. Il vient donc lui prodiguer conseils et entraînements intensifs. Fontes est attentif aux sensibilités de ses boxeurs, certains ont besoin d’être secoués avant de commencer un combat. Pas Jérémy : lui demande toujours un bisou avant de monter sur le ring. Eduardo Fontes l’admet : au début Legrand ne savait pas boxer, il n’avait pas la meilleure technique mais “c’était un fou” et il a travaillé énormément.

Lui-même entraîneur, Jérémy Legrand reproduit les méthodes de son coach : il veut qu’il y ait une transmission de savoir entre les pros et débutants pour que tout le monde puisse évoluer.

Jérémy Legrand est donc de retour sur le ring, parmi ses prochains combats, un se tiendra le 10 décembre près de Valenciennes, et un autre arrivera en février. Soyez certains qu’il sera prêt à en découdre et qu’il n’annulera pas son retour. Car, comme il nous l’a précisé : “J’ai un égo, une fierté de moi qui fait que j’annule pas un combat. J’ai pas envie qu’on pense que j’ai eu peur. Deuxième raison: les organisateurs quand ils m’appellent, ils savent que je serai là quoi qu’il arrive, ils ont confiance.” D’ici-là, si vous êtes trop impatients, vous pouvez le voir s’entraîner dans son club Team Legrand à Bois Blanc, dès 19h15. Vous n’aurez aucun mal à vous repérer : suivez le bruit des coups et l’odeur de la sueur.

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