À la découverte de l’Égypte antique avec l’exposition Champollion au Louvre-Lens
À l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, le Louvre-Lens tient une exposition temporaire consacrée à cette découverte historique et à son instigateur, « Champollion, la voie des hiéroglyphes« , à découvrir du 28 septembre au 16 janvier, dans l’antenne nordiste de la célèbre institution parisienne.
Véritable symbole de la reconversion du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, c’est une tout autre culture que le Louvre-Lens met à l’honneur dans sa nouvelle exposition Champollion, la voie des hiéroglyphes, inaugurée ce mercredi 28 septembre. En 1822, Jean-François Champollion résolvait un mystère de l’Égypte antique en parvenant à déchiffrer les hiéroglyphes. Tout juste deux siècles plus tard, le musée, qui célèbre sa décennie cette année, nous éclaire sur les mystères de la découverte historique et fascinante d’un homme qui aura rendu la voix des égyptiens.
Un passionné devenu célèbre
L’exposition introduit l’histoire de cette figure de l’égyptologie en retraçant le parcours sinueux d’un jeune érudit, fasciné par les langues orientales, l’histoire et l’art. Un parcours entre les dessins réalisés par le futur déchiffreur à l’âge de 13 ans, et d’innombrables portraits de ceux qui ont occupé une place importante dans sa vie. Parmi lesquels un homme, qui aura été l’acolyte de Champollion, et qui aura joué un rôle de mentor pour lui : son frère, Jacques-Joseph Champollion, de 12 ans son aîné. Les deux hommes avaient une relation fusionnelle et entretenaient une correspondance, dont des extraits accompagnent les visiteurs tout au long de l’exposition.
Depuis Turin, Paris ou Bologne, le jeune Champollion se confie à son fidèle compagnon sur ses découvertes. Parmi toutes ses passions, l’une dévore le jeune savant : l’Égypte antique, à laquelle il consacrera le travail de sa vie et qui le mènera à une découverte d’une ampleur historique, celle du déchiffrement des hiéroglyphes. Une écriture complexe que l’exposition va rendre accessible, illustrée par des stèles en hiéroglyphes ou bien un papyrus datant de plus de 1.000 ans avant J-C. En 1828, Champollion sera d’ailleurs le premier à fouler le sol égyptien en étant capable de comprendre les hiéroglyphes. En offrant la clé d’une civilisation disparue depuis des millénaires, Champollion fait résonner sa découverte dans un contexte historique, politique ou encore religieux bien particulier. Alors que le développement des musées s’intensifie et que les représentations de l’Égypte antique se multiplient, l’Église s’inquiète. Elle craint en effet que de nouvelles découvertes viennent remettre en cause la chronologie biblique. Champollion viendra apaiser ces inquiétudes en datant des monuments de manière cohérente avec le récit religieux et obtiendra ainsi un fervent soutien, celui du pape de l’époque, Léon XII.
L’égyptologie, une discipline qui fascine
L’exposition apparaît également comme une occasion pour le Louvre-Lens de rappeler le contexte de création de sa collection égyptienne, dont le tout premier conservateur fut Champollion lui-même. C’est d’ailleurs son lointain « successeur », Vincent Rondot, actuel directeur des antiquités égyptiennes au Louvre Paris, qui est le commissaire général de l’exposition Champollion, la voie des hiéroglyphes. L’exposition dresse alors un état des connaissances sur l’Égypte antique au 19ème siècle, dont l’intérêt que lui porte artistes et savants ne cesse de grandir et émergera en une nouvelle discipline : l’égyptologie.
Le musée revêt alors un rôle pédagogique, avec le souci d’apporter de la connaissance et de la compréhension au visiteur sur l’Égypte antique. Le musée vient décrypter les enjeux politiques, intellectuels et religieux d’une telle discipline à une époque historique en pleine effervescence. À l’appui, plus de 300 œuvres, dont 170 provenant directement du Louvre parisien, et parmi lesquelles sont exposées des peintures, manuscrits, mobiliers, statues ou même vêtements, avec un manteau ayant appartenu à Champollion.
Ces prêts du Louvre sont un véritable « cadeau », indique Hélène Bouillon, commissaire associée de l’exposition et directrice de conservation au Louvre Lens, à l’occasion de la décennie du musée. Parmi les pièces maîtresses, on retrouve le célèbre Scribe Accroupie, découvert en 1850 et datant de plus d’un millénaire avant Jésus-Christ, ainsi qu’une réplique de la célèbre Pierre de Rosette, dont l’original se trouve au British Museum à Londres et qui aura joué un rôle majeur dans le travail de Champollion.
Chaque salle offre une ambiance différente, pensée pour « rappeler le Louvre du 19ème« , comme l’indique Mathis Boucher, scénographe de l’exposition. En effet, la salle consacrée aux hiéroglyphes évoque l’aridité de l’Égypte avec ses murs jaunes-orangés tandis que les arches dans les murs rappellent l’architecture méditerranéenne.
Le Louvre-Lens propose un grand nombre d’activités dans le prolongement de l’exposition, qui permettent d’aborder l’Égypte antique sous différents angles. Au programme, spectacles de danse, séances de contes et mythes égyptiens, concerts et même ciné-conférence avec la projection du film La Momie de Stephen Sommers.
Quoi de mieux que de se glisser dans la peau de Champollion lui-même pour comprendre ce monde de l’Égypte antique ? Le musée propose donc une immersion en réalité virtuelle dans les temples d’Abou Simbel, que Jean-François Champollion à lui-même visité, quelques années après le déchiffrement des hiéroglyphes.
Le Louvre-Lens engagé dans la démocratisation de la culture
À l’occasion de l’exposition temporaire Champollion, la voie des hiéroglyphes, le musée a mis en place « l’Égyptobus », en partenariat avec le département. Le principe : un car aménagé de dispositifs de médiations sillonnant le Pas-de-Calais, allant à la rencontre des populations pour leur proposer une « expérience hors les murs », à la découverte de l’Égypte, sur les pas de Champollion. Un dispositif itinérant qui exploite le territoire et qui s’inscrit dans une perspective de démocratisation de la culture. Alors que la ville de Lens avait été choisie pour accueillir le Louvre afin de rendre justice au peuple minier, l’institution se veut accessible pour tous et développe ainsi de nombreuses initiatives de médiation, en partie pensées pour les populations locales.
Pari réussi pour le musée ? Selon un rapport de la Chambre régional des comptes paru en mai 2021, 70% des visiteurs en 2019 provenaient des Hauts-de-France, dont 20 % de l’agglomération de Lens-Liévin. Le bilan, 10 ans après, reste cependant contrasté. La méthodologie de recensement des visiteurs est notamment remise en cause, ces derniers pouvant être comptabilisés plusieurs fois selon l’espace du musée qu’ils visitent. Et si le musée se destine en partie aux locaux, il est également vecteur de tourisme dans la ville de Lens et demeure la « principale source de motivation de venues sur le territoire », selon Marlène Virey de l’Office du tourisme Lensoise.