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Drag Race France, quand le petit écran chamboule les conventions

Drag Race France, quand le petit écran chamboule les conventions

Drag-Queens lors de la DragCon 2023, exposition annuelle de la culture drag, montrant fièrement la diversité de leur art

Le 19 septembre dernier, les Drag Queens de la seconde édition de Drag Race France posaient escarpins et perruques dans les loges du théâtre Sébastopol. Un show dérivé de l’émission à succès lancée il y a deux ans sur France 2. Version française acclamée, elle éveille les consciences sur le drag, profession méconnue teintée de messages sociaux puissants. Retour sur un succès lé-gen-daire qui fait du bien au petit écran.

Sur le papier, Drag Race France est une adaptation du format américain déjà emblématique Ru Paul’s Drag Race. Un choix osé fait par le service public, lançant en 2022 sa première saison sur sa plateforme France.tv Slash et en troisième partie de soirée sur France 2. Mais force est de constater que l’édition française a réussi à se démarquer et à se forger sa propre place, et ce, dès la première saison. Première émission LGBT+ à être diffusée sur une telle chaîne, elle s’est constituée une solide audience et a le mérite d’éveiller les consciences sur le monde parfois méconnu du drag.

Un parti pris à la française

Petite remise en contexte : le drag est une performance à travers laquelle le maquillage, les vêtements ou encore la scène sont mobilisés pour jouer de façon volontairement exagérée une identité.

L’émission française, au-delà d’une simple adaptation, impose vraiment sa place en France et cherche à marquer les esprits. Première édition à élire une Queen de la communauté ballroom (scène artistique permettant l’expression affirmée de personnes non-blanches et/ou membres de la communauté LGBT+) : la drag-queen Keiona. Un message fort pour cette drag-queen franco-ivoirienne qui n’a pas toujours pu vivre avec fierté son identité et ses choix.

« C’est une émission d’utilité publique qui expose notre art au plus grand nombre, qui le rend très accessible et qui inspire plein de personnes » affirmait-elle sur France Inter, invitée le 27 août dernier, peu après son sacre.

Le drag, derrière ses paillettes, véhicule d’importants messages sociaux et politiques. Lolita Banana, candidate de la première saison, avait notamment profité d’une épreuve pour militer contre la sérophobie (discrimination envers les personnes atteintes du VIH). Un divertissement certes, mais où entre chaque épreuve, les candidates partagent sur leur quotidien et sur la réalité parfois difficile du métier. Leitmotiv : lever le tabou sur des sujets parfois peu abordés.

Une émission impactante pour la société

Transidentité, acceptation et conditions de la profession comme une catharsis pour les reines entre deux défis et qui éclaire les téléspectateurs sur un univers parfois méconnu. Visionnée par près de sept millions de téléspectateurs sur France 2 (selon Francetvpro et Médiamétrie), l’émission confirme sa popularité dans le paysage (audiovisuel) français. Une popularité considérable qui n’empêche pas certaines critiques de fuser à l’annonce de sa diffusion sur une chaîne publique. Sa résonance est cependant plus forte.

Un impact qui permet même à certains de franchir le cap et de s’affirmer. Dans l’émission Le phénomène Drag Race France, 1 an avec les Queens, qui revient sur l’année écoulée depuis la première diffusion, les Queens ont accueilli Paul, étudiant, qui a déclaré avoir fait son coming-out pendant sa diffusion. Prenant exemple sur leur courage et leur fierté à exercer et à être ce qu’elles veulent être, ce dernier a sauté le pas et osé l’annoncer à sa famille.

Et face aux radieuses audiences, nul doute que cet élan n’est pas prêt de s’arrêter. Drag Race France, une émission où l’on rit, où l’on pleure (parfois), où l’on s’émerveille (beaucoup) et où on s’éveille surtout devant perruques et talons vertigineux sans pour autant avoir le vertige.

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