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Expulsion au camp de Roms des “Pyramides”, le cri d’alarme des associations

Expulsion au camp de Roms des “Pyramides”, le cri d’alarme des associations

expusion du bidonville des pyramides de la population Rom

La justice administrative a validé l’expulsion d’une partie du camp des “pyramides” sur l’avenue Léon Jouhaux, après la demande des Voies Navigables de France. Trois habitations sont concernées par l’arrêté mettant en situation de grande précarité plusieurs familles. 

Un bras de fer est en train de se jouer, entre la Préfecture du Nord et les différentes associations comme le Collectif Solidarité Roms afin d’empêcher ce démantèlement. Une situation qui dure depuis un mois et qui risque de continuer. À ce jour aucune proposition de relogement n’a été mise en place.

Une impasse sociale

Le bidonville des Pyramides est habité par une quarantaine de familles de culture Rom. Elles font partie du millier d’habitants de cette communauté répartis dans les nombreux bidonvilles et squats de la capitale des Flandres. Ce campement au bord de la Deûle n’est pas récent et  aurait déjà dû être démantelé cet été, selon la Préfecture. L’évacuation de cette fraction de campement fait suite à d’autres, comme celle du camp “de la Poterne” début juillet.

Des relogements de familles étaient en bonne voie. Mais ce projet n’a pas abouti, au grand dam des différentes associations comme la Fondation Abbé Pierre ou le Collectif Solidarité Rom qui œuvrent aux côtés des familles menacées. C’est ce qu’expliquait au Pépère Stéphanie Bocquet, conseillère départementale du Canton de Lille 4 : “Fin juillet il y a eu trois expulsions, les gens sont logés trois jours dans des F1 puis sont remis à la rue”. 

Selon les associations, ces expulsions dites “sèches”, c’est-à-dire sans proposer de solution de relogement, auront un impact négatif sur l’éducation des enfants qui sont pour la plupart scolarisés.  Aussi, les habitations doivent être reconstruites à chaque expulsion, une situation d’extrême précarité que dénoncent les associations.

Ils suivront leurs parents expulsés, ce qui signifie leur éloignement de l’école où ils sont déjà inscrit. – Le communiqué de presse co-signé par les différents acteurs contre ces démantèlements.

Une caravane aménagée d’un habitant du “sas” © Maël Lapeyre / Pépère News

Une situation critique

Pour comprendre ce retournement de situation, il faut prendre en compte la nomination du nouveau préfet du Nord Georges François Leclerc le 19 juin 2021. Suite à cela, les engagements pris par la Préfecture et les associations afin de reloger les familles ont été suspendus. Des projets de réintégration de la minorité Rom comme les villages de l’insertion, qui sont des lieux mis à disposition pour quatre à cinq familles d’origine Rom, ont été gelés. Une politique d’inaction qui est vivement critiquée dans le communiqué de presse.

Depuis un an, les associations […] n’ont cessé d’interpeller la préfecture afin qu’un programme de résorption des bidonvilles soit mis en place, qui respecte les termes de la circulaire du 25 janvier 2018, d’après le communiqué de presse daté du jeudi 1er septembre.

Dans ce combat administratif et judiciaire, les acteurs sociaux s’appuient sur la circulaire interministérielle du 25 janvier 2018. Celle-ci vise à résorber le problème des camps illicites et des bidonvilles sur des principes d’humanité.

Des solutions concrètes

Malgré les nombreux refus auxquels sont confrontées les organisations, des actions concrètes sont possibles selon Stéphanie Boquet. “Il faut arrêter les expulsions en attendant des solutions de relogement viable, mettre de l’eau à disposition, mettre des poubelles que l’on relève régulièrement et ne plus expulser pour stabiliser la situation de ces familles”, explique Stéphanie Boquet.

Sur le long terme, les associations veulent mettre en place une réelle politique d’intégration. Un processus qui passe par la formation des adultes, l’accès au travail, la possibilité d’un parcours scolaire stable pour les enfants et une meilleure prise en charge médicale des plus fragiles.

Le camp des Pyramides n’est pas le seul concerné par ces mesures d’expulsions : quatre terrains et une dizaine de squats sont dans une situation similaire. Un contexte précaire qui ne fait que déplacer le problème dans la métropole lilloise. La situation des Roms reste stagnante avec la menace perpétuelle d’être expulsés de leurs logements de fortune.

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