Interview. Sir Chloe s’est produite au Main Square Festival, rencontre avec Dana Foote

La 17ème édition du Main Square s’est déroulé du 30 juin au 2 juillet. C’est à cette occasion que le Pépère News a pu rencontrer Dana Foote, la chanteuse du groupe garage-rock: Sir Chloe. Elle nous a livré ses obsessions du moment, ses inspirations, et s’est confiée sur la création de son nouvel album « I am the dog » sorti en Mai.
Tout commence lorsque Dana Foote, étudiante en composition musicale, décide de créer Sir Chloe, pour un projet d’étude. Quelques mois plus tard, le groupe américain enregistre « Party Favors ». Cet EP illustre l’ambition de Sir Chloe : faire évoluer le milieu musical. On y retrouve « Animals » et « Michelle », deux sons qui les feront connaitre. Avec « I am the dog », Sir Chloe reprend des sonorités musicales qu’on lui connaissait déjà et y ajoute des influences punk et shoegaze. La voix de Dana Foote est plus envoutante et plus sombre que jamais. L’issue de l’album est une œuvre étrange qui concilie chaos et calme. C’est un objet rempli de symboles, de références et d’associations d’images comme le témoigne le titre « I am the dog ».
Pépère News : Quelles sont vos inspirations pour ce nouvel album ?
Dana Foote : Il y en a beaucoup. L’album a été écrit au cours des deux, trois dernières années donc il y avait forcement du temps pour écouter de la musique. Il y a quelques groupes de shoegaze qu’on écoutait à l’époque comme Slowdives, Cocteau Twins, Blush, My bloody valentine et il y avait des groupes plus soft comme Mojave 3. Personnellement j’écoutais aussi beaucoup les Pixies et the Breeders. Comme on travaillait tous avec John Cogelton (producteur de l’album) on écoutait aussi beaucoup de Alvays, Angel Olson, St Vincent. On avait énormément de temps pour écouter des choses différentes.
PPR : Comment c’était, de travailler avec John Cogelton ?
DF : C’était génial. Il travaillait très vite et c’était facile de communiquer avec lui. C’était aussi la première fois qu’on travaillait avec un grand label. Pour « Party Favors », on était un petit groupe. C’était moi, Teddy, nos instrumentalistes, et l’album avait été entièrement auto-produit. Teddy et moi écrivions toutes les paroles et nous étions les seuls à prendre les décisions sur le plan créatif. Pour « I am the dog », on était vingt. Il y avait une sorte de chaîne hiérarchique. Quelqu’un envoyait un message d’en haut pour ensuite le faire arriver à moi. C’était un choc pour nous qui travaillons seuls. Heureusement, John était un bon traducteur pour ce type de communication. Il est ce genre de personne à qui tu peux donner quelques adjectifs et lui dire : « voilà ce que je veux » à qui tu peux donner quelques pistes musicales et lui dire : « ce sont ces sons que je veux ».
PPR : Le succès de « Party Favors » vous laisse t-il aujourd’hui plus de moyens et de liberté pour explorer votre style musical ?
DF : Oui et non. Pour « I am the dog », il y avait beaucoup de pression de la part du label. Ils voulaient un album qui sonnait comme « Animal ». On a évidemment des sons plus étranges comme « Obsession » ou « I am the dog ». Mais on s’est vraiment battu pour les avoir. La différence avec l’ancien album, c’est qu’on a plus de ressources pour être bizarre. Pour « Party Favors » on travaillait en totale autonomie et on enregistrait nos sons dans un entrepôt. Désormais, nous avons le privilège d’avoir des équipements et des studios. Il y a certainement plus de libertés pour explorer aujourd’hui mais en même temps on reçoit souvent des commentaires du type : « oui tu peux explorer mais pas trop non plus ». Mais on finit toujours par avoir nos sons.
PPR : Nous avons cru comprendre qu’ « Obsession » était ton morceau préféré, en as-tu une -d’obession- en ce moment ?
DF : On est en tournée depuis 6 semaines et il y a eu beaucoup de moment passés dans le van, c’est pourquoi je lis beaucoup. J’ai lu de nombreux livres historiques. C’est un peu mon truc. En ce moment, je lis un livre nommé Lords of chaos. C’est un ouvrage qui parle de la scène black métal, de la manière dont ça s’est construit, quelles en sont les influences… Juste avant je lisais The Indifference stares above, un livre à propos des soirées organisées par Georges Donner aux USA.
PPR : Ces lectures t’inspirent-elles pour l’écriture de tes chansons ?
DF : Oui, les lectures m’influencent forcement. Je viens d’une famille chrétienne et catholique donc je pensais beaucoup à la religion. Vers la fin de l’écriture de l’album, j’ai lu ce livre : Under the banner of heaven. Le livre se concentre sur les branches extrémismes de la religion chrétienne. La façon dont elles ont utilisé la honte comme instrument de contrôle.
PPR : Dans votre nouvel album, il y a de nombreuses références aux animaux. Peux-tu nous expliquez ce choix ?
La chanson « Hooves » fait référence à une chèvre. Sur la couverture de l’album c’est un mouton. Le mouton est une métaphore trouvée par la directrice de création, Molly Hawkins. Elle fait référence à l’expression : « Qu’est ce qu’un chien pour un berger ? Qu’est qu’un chien pour un mouton ? ». La musique « Hooves » a vu le jour dans la toute dernière semaine de création de l’album. Elle a été écrite en collaboration avec la chanteuse des Illuminati Hotties, Sarah Tudzin, en seulement trois heures. Elle travaille très vite.
Il y avait aussi quelques sons qu’un de mes amis avait écrit à l’école de musique sur les chèvres, que j’aimais beaucoup. J’ai trouvé élégante, la façon dont il a utilisé ses textes. Aujourd’hui aucun de ses sons n’est publié malheureusement mais j’y pense beaucoup.
Il y a aussi cette musique des Pile, de l’album « Green and Gray ». Ce son fait référence à une créature qui prétend être ce qu’elle n’est pas. Et ce jour, quand j’ai écrit la chanson, je pensais à la situation où tu rencontres des personnes qui ne sont pas ce qu’elles sont réellement. Je pense qu’il arrive souvent qu’au sein d’un groupe de personnes, il y ait beaucoup d’ignorance volontaire à propos de certains membres de la communauté. Dans certains milieux, les gens se comportent mal de façon délibérée et pourtant les gens passent outre. Dans cette situation, cette personne qui tente d’exercer son pouvoir sur les autres je la perçois comme une chèvre. Elle est imprévisible, guidé par des pulsions animales. C’est une explication très longue pour une chanson aussi courte mais c’était globalement ça l’idée.
Propos traduits depuis l’anglais