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Basket féminin : « On a une équipe qui refuse parfois de jouer »

Basket féminin : « On a une équipe qui refuse parfois de jouer »

© Quentin LORIDAN / Pépère News

Après deux longs mois sans victoire où se sont succédé onze défaites consécutives, l’ESBVA retrouve goût à la victoire en s’imposant contre Polkowice 100 – 83 le 20 novembre. L’équipe enchaîne avec de nouveaux succès contre la Roche Vendée et Tarbes. Retour sur ce début de saison mouvementé, chamboulé par blessures et départs. 

L’ESBVA-LM, ou Entente Sportive Basket de Villeneuve-d’Ascq – Lille Métropole, est née en 1987 de la fusion du Flers OmniSports et de l’Association sportive laïque d’Annapes. Le club atteint en 2000 la LFB, première division féminine en France. Au fil des saisons, ses joueuses entrent dans les esprits avec de bonnes performances, jusqu’à gagner l’Eurocoupe et le Championnat en 2015.

La saison dernière a été une consécration

Célébration champion de France ESBVA Basket Landes
Célébration du titre de champion de France suite à la victoire contre Basket Landes le 17 mai 2024 © Quentin Loridan/ Pépère News

La saison 2023-2024 aura été également rayonnante pour l’équipe féminine, grâce à un second sacre de championne de France (LFB) et de vice-championne d’Europe (Euroligue). Menées par un entraîneur sacré « meilleur coach de LFB et d’Euroligue », Rachid Méziane, les guerrières (surnom des joueuses) auront réussi un ensemble de performances XXL, pour le plus grand plaisir de leurs supporters. La saison, inédite pour le club, est gravée dans la mémoire de beaucoup. Dans ce contexte, les déclarations de Carmelo Scarno, le président du club, dans le journal L’Équipe, interrogent : « Il y a beaucoup de frustration […] j’ai vu du mieux contre Charnay, mais on a une équipe qui refuse de jouer. » À la question sur un éventuel départ de l’entraîneur, il répond : « Je veux patienter. Et puis ce n’est pas le coach qui rate les paniers faciles ! »

Un début de saison catastrophique

Match l'ESBVA Fenerbahce
Remise en jeu du Fenerbahce contre l’ESBVA le 9 octobre 2024 © Quentin Loridan/ Pépère News

L’avenir paraissait si rose, comment en est-on arrivé là ?Pour l’expliquer, on peut prendre en compte le début de saison considéré désastreux par beaucoup : l’équipe a enchaîné onze défaites consécutives toute compétitions confondues. Il s’agit dans la plupart des cas de défaites conséquentes : plus de 30 points contre Bourges lors du match des championnes, 29 points contre le Fenerbahce en Euroligue au match aller ou encore 28 points contre Charleville-Mézières en championnat. Comment expliquer ces revers ? On peut citer un collectif en manque de confiance, ébranlé par les blessures à répétition (Maia Hirsch, Héléna Ciak, Caroline Hériaud, Carla Leite, Aminata Gueye…) de plus ou moins longue durée. L’équipe a été complétement remodelée avec le départ de ses meilleures joueuses telles que Kariata Diaby (meilleure joueuse des finales de LFB), Kennedy Burke (meilleure joueuse LFB des deux saisons précédentes) ou encore Janelle Salaün (médaillée d’argent avec l’équipe de France aux JO). Pour les guerrières, l’idée de rééditer les exploits passés et pourtant si récents s’est vite écroulée. Malgré de légères améliorations, les matchs se suivent et se ressemblent, la marche semble trop haute à gravir.

Un match aux allures de défi

Tableau de score victoire ESBVA Polkowice BASKET
Tableau de score de la première victoire lors du match du 20 novembre contre Polkowice © Quentin Loridan/ Pépère News

Une douzième défaite consécutive ? Avant le match à domicile face à l’équipe polonaise du Polkowice, un supporter confie : « C’est mort. On se concentre sur le championnat. » Il règne une sorte de fatalisme dans les tribunes, comme si le match était déjà plié, que les dés étaient jetés. Et après le premier quart-temps, on se dit qu’il n’a pas tort : l’ESBVA est déjà menée de 9 points (17 – 26). Toutefois, les guerrières recollent à 27 – 27 rapidement. Les joueuses débordent d’envie. Les deux équipes se quittent à la mi-temps sur un score égal, 46 – 46. Et au retour, même mentalité pour les joueuses nordistes qui enchaînent deux paniers à 3 points d’affilée pour donner un avantage de 6 points d’entrée de jeu à leur équipe. Fin du troisième quart-temps : 77 – 69. Ce n’est clairement plus la même ambiance qu’au début du match. Le Palacium, salle de basket de l’équipe, semble redevenir pour un temps l’antre de basket où l’émotion dominante est la joie. L’équipe tient la victoire entre les mains, sa première depuis une saison débutée il y a exactement deux mois (le jour du match), elle ne va pas la lâcher. Score final : 100 – 83. Carla Leite a mené vers cette victoire en inscrivant 24 points, tout comme Kelsey Bonne avec 18 points et un travail exceptionnel dans la raquette.

Cette victoire est-elle un renouveau ?

Auparavant, la dernière victoire remontait à celle de la saison précédente contre Basket Landes pour le sacre : ce n’était pas n’importe quelle victoire puisqu’elle s’était imposée en inscrivant 113 points. Tout un symbole. Cette victoire, c’est la délivrance pour un effectif qui a sans doute vécu son pire début de saison, entre désillusions et blessures. À la fin du match et en cas de victoire, il y a un rituel : le clapping, une sorte de communion entre les spectateurs et les joueuses. Pour le dire simplement, ça fait du bien de le retrouver. C’est la clôture d’une soirée marquée par une belle ambiance festive. Sur les réseaux sociaux du club sont publiées des photos avec la mention suivante : « Sourires retrouvés ».

La pente à remonter va être longue, l’équipe étant dernière du championnat de France, mais la saison est enfin lancée ! Pour se qualifier au second tour de l’Euroligue, il faut absolument gagner contre Saragosse (match retour) et espérer une défaite de Polkowice contre le Fenerbahce.

La confirmation de la nouvelle dynamique

En attendant, le championnat reprend son cours et l’ESBVA compte bien entamer une nouvelle série pour se sortir de l’impasse en LFB. Le match, joué à l’extérieur contre la Roche Vendée, est primordial puisque s’affrontent ici le dernier et l’avant-dernier. Les joueuses nordistes effectuent rapidement un bon début de match en inscrivant en dix minutes 26 points tout en contenant les adversaires à 13 points. Le deuxième quart-temps est marqué par une situation de statu quo, l’écart restant stable (29 – 40). Le match est maîtrisé, l’équipe retrouve un niveau qui lui permet de prétendre aux premières places. Et pourtant, signe que tout n’est pas parfaitement réglé, les Vendéennes parviennent à reprendre le dessus et mènent de 1 point, reprenant le dessus après la mi-temps. Les Villeneuvoises finiront tout de même par gagner le match (71 – 82), non sans peur, avec un solide 10 – 0 lors des trois premières minutes du dernier quart. La performance globale est collective puisque huit des neuf joueuses ont mis 6 points ou plus, dont 14 points pour Marie-Paule Foppossi, pour la première fois sélectionnée en équipe de France en 2023.

Un prolongement moyen et une nouvelle choc !

La semaine suivante aura eu un bilan encore plus en demi-teinte. La qualification pour le second tour de l’Euroligue semblait bien engagée. À la mi-temps, les Nordistes menaient de 11 points contre Saragosse, mais ont finalement perdu de 9 points. Malgré cet échec, l’équipe n’est pas éliminée de toute compétition européenne : en effet, comme tous les derniers de chaque groupe, elle est redirigée en Eurocoupe au stade des seizièmes de finale. La rencontre se disputera contre CSM Constanta, champion de Roumanie la saison précédente. De même, la victoire, qualifiée de « hold-up », contre Tarbes (67 – 65), alors huitième du championnat, n’est pas glorieuse. Les adversaires auront mené et dominé tout le match (39 minutes 58) avant de se faire dépasser dans les ultimes secondes sur un magnifique shoot (avec la faute) à 3 points de Carla Leite.

Le prochain match contre Basket Landes, qualifié au second tour d’Euroligue avec la première place de leur groupe, promet quant à lui d’être tout sauf facile. Pourtant, la victoire est nécessaire pour continuer la remontée dans le championnat. De plus, les guerrières devront apprendre à surmonter le départ historique de leur coach vers la WNBA (le prestigieux championnat américain féminin), remplacé par Maxime Bézin à partir de janvier. Rachid Méziane devient ainsi le premier Français à être coach principal en WNBA.

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