Brian Cox et Succession à Séries Mania
Le dimanche 27 mars était diffusée la quatrième et dernière saison de la série Succession, lors du festival Séries Mania. Série phare du programme de la chaîne américaine HBO depuis 5 ans, l’aventure avait commencé en 2018 à Lille, durant la première édition du festival. Elle s’est donc achevée la semaine dernière par une première européenne du pilote de la saison 4, précédée par une masterclass de Brian Cox, qui interprète Logan Roy.
Samedi 18 mars, Séries Mania a accueilli pour sa deuxième journée Brian Cox, un des acteurs principaux du casting de Succession, deux jours avant sa première mondiale à New-York, et européenne à Lille. Il interprète Logan Roy, un patriarche dur et aigri, qui rappelle un certain Rupert Murdoch, à la tête d’un empire médiatique. Une firme pour laquelle il entretient une compétition entre ses enfants mais aussi entre les grands investisseurs new-yorkais afin de désigner son successeur.
Un second passage de Brian Cox à Lille
Durant cette masterclass, l’acteur de 76 ans est revenu sur l’importance du théâtre dans sa carrière, qui « est une célébration de la vie ». Un comédien doit « tenir le miroir face à la nature », déclare-t-il, citant Shakespeare. Il a également souligné son attrait pour les séries dans le paysage cinématographique actuel.
Elles permettraient à leurs créateurs de réellement développer des histoires et à leurs acteurs de travailler les personnages plus en profondeur et sur le long terme. Selon lui, le cinéma tend à oublier les « small stories » (à comprendre : les histoires du quotidien) en se concentrant sur des films de super-héros sensationnalistes. Les séries auraient donc récupéré ces histoires pour en faire leur matière première.
Le comédien a partagé son avis sur le personnage qu’il interprète. La plus grande différence entre Logan et lui serait qu’il est « un optimiste, alors que Logan est un pessimiste ». Cependant, le point faible de Logan est plutôt tendre selon Cox : c’est un père qui aime ses enfants. Sans cet élément, la série aurait surement été beaucoup plus courte, voire inexistante.
L’acteur a aussi fait part de ses différences avec le patriarche Roy en dénonçant le système patriarcal et en saluant le combat de sa femme, à moitié iranienne, venue sur le tapis rouge de Série Mania habillée d’une écharpe « Femme, vie, liberté« . Sur un ton plus léger, il a plaisanté sur sa relation avec les réalisateurs, qui sont pour lui des « créatures intéressantes », et notamment Jesse Armstrong, le créateur de Succession.
Un premier épisode prometteur
Pour sa cinquième journée, mercredi 22 mars, Séries Mania a donc organisé au théâtre du Nord une avant-première de l’épisode 1 de cette dernière saison qui débutait sur HBO le 27 mars dernier. Téléphones scellés dans des pochettes plastiques vertes, générique épique sur grand écran et cascades de rires à chaque punchline lancée par Roman ou gaffe du cousin Greg (Nicholas Braun), ce pilote prometteur semble avoir comblé le public lillois.
Attention au spoiler de la saison 3 ! L’épisode reprend après la révélation du pacte entre Logan et Lukas Mattson (Alexander Skarsgard), propriétaire de la plateforme de streaming montante GoJo, qui a déchiré la famille, mais a enfin réuni Shiv, Roman et Kendall (Sarah Snook, Kieran Culin & Jeremy Strong) dans un combat contre leur père dans leur chasse de pouvoir. Nous n’en dirons pas plus sur cet épisode pour de pas gâcher le plaisir de visionnage, mais serait-ce la fin du contrôle de Logan sur WaystarRoyco ? La fratrie était-elle réellement capable de former une alliance ? Selon les dires du créateur Jesse Armstrong, cette saison déroulera l’avenir de la société et mettra fin à LA question qui taraude les spectateurs depuis le tout premier épisode : Qui deviendra CEO de Waystar ?
Une série énigmatique qui nous manquera
Outre la révélation tant attendue, cette saison est l’occasion de suivre pour une dernière fois ces personnages que nous adorons détester. Succession a su se démarquer du paysage audiovisuel grâce à sa cinématographie qui s’apparente au documentaire, avec un enchaînement de zooms et de cadres qui tremblent mais aussi avec le grain et la douceur unique de la pellicule argentique sur laquelle les épisodes sont filmés, assez rare pour une série télévisée qui traite du monde de l’entreprise.
La gloire de Succession réside également dans ses dialogues pointus et ses insultes tordues. Mais, ce qui accroche le spectateur à son écran, ce sont les non-dits. Que se passe-t-il dans la tête des Roy ? Certains semblent, au premier abord, agir de manière impulsive, comme Kendall ou Roman, d’autres de manières largement calculées, comme Logan. Pourtant lorsque l’on se penche davantage sur ces personnages, on se rend compte que tous sont perdus. Chacun essaie de se sauver en s’accrochant à la solution qui lui semble la plus pertinente à ce moment-là. Même si l’on tente désespérément de déceler ce que Logan pense de ses enfants à travers les yeux de Brian Cox, si Shiv et Tom (Matthew Macfadyen) s’aiment réellement ou bien si Greg a la moindre idée de ce qu’il fait, ces interrogations seront sûrement enterrées avec la fin de la série.
Succession aurait pu continuer indéfiniment, comme satire de la sphère du pouvoir américain, mais il est temps de laisser ses personnages respirer un peu.
Vous pouvez visionner le premier épisode de la saison 4 de Succession sur le service de Streaming d’Amazon, « Prime Video », en vous procurant le pass Warner. Un épisode sort chaque lundi.