Au Nouveau Siècle, Wagner, Strauss et Chostakovitch à l’honneur
Le vendredi 3 février, l’orchestre national de Lille (ONL) s’est donné en concert à l’auditorium du Nouveau Siècle devant un public « envouté ». Un évènement pour les passionnés de musique classique, mais pas que.
Il est 19h35 et l’auditorium se remplit peu à peu de spectateurs, pendant que des musiciens apparaissent sur scène et s’accordent. Comme à chaque semestre et grâce au soutien de l’Arpège, l’Orchestre National de Lille a offert 700 places à des étudiants « de tous horizons » pour un concert exceptionnel. À 20h, les voix se taisent et les lumières se tamisent. La scène est au cœur de l’attention. Place à la musique !
La dualité de Tannhäuser
C’est sur l’Ouverture de Tannhäuser, pièce orchestrale du 5ème opéra de Wagner, que les 100 musiciens de l’ONL commencent à faire chanter leur instrument. Ils sont dirigés par le chef d’orchestre Kazuchi Ono qui convoque avec sa baguette, la mélodie grave, majestueuse, de l’Andante maestoso. Cette première partie en mi majeur évoque l’amour céleste et divin, une marche vers le sacré.
Mais très vite, un deuxième moment vient troubler la constance des cuivres et des bois. C’est l’Allegro passionné, fougueux, qui raconte le désir et l’amour sensuel de Vénus et Tannhäuser, dans une orchestration brillante. La musique de Wagner est structurée dans le but de montrer un héros en quête d’identité, clivé entre l’amour du sacré et l’amour profane, la sensualité et la spiritualité. Après 21 minutes d’interprétation, c’est une première réussite pour l’orchestre, chaleureusement applaudi.
Ingela Brimberg et les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss
La cantatrice suédoise Ingela Brimberg fait son entrée en scène. Complice du chef d’orchestre, la célèbre soprano entonne le premier chant du recueil posthume, largement inspiré de l’œuvre du poète Hermann Hesse. C’est Frühling (le Printemps). Habillée d’une robe élégante et judicieusement sobre, Ingela Brimberg se fond avec le reste de l’orchestre, les cordes pleurant avec sa voix.
Le deuxième chant, September, « traduit à merveille la chaleur d’une journée de fin d’été », pouvons-nous lire dans la brochure de l’ONL. Après le bouleversant solo de la première violoniste Ayako Tanaka, dans Beim Schlafengehen (L’Heure du sommeil), commence l’ultime chant Im Abendrot (Au soleil couchant). C’est ainsi que s’achève la première partie du concert. Entracte.
La grandiose symphonie de Chostakovitch
La chorégraphie à laquelle se livre Kazuchi Ono est fascinante. Il vit la musique, et on le remarque aux froissures de sa veste de smoking ! Cette sixième symphonie, structurée en trois mouvements, est grandement appréciée. D’abord très lente, elle surprend avec son allégro suivi de son presto explosif. L’engouement est tel que le public ne peut s’empêcher d’applaudir entre ces deux moments, au regret d’autres spectateurs. Les habitués de la musique classique n’aiment pas transgresser les codes et signalent que « ce n’est pas fini ! ».
C’est donc un succès pour le directeur musical du Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra, Kazuchi Ono. Des « bravo ! » surgissent de toutes parts dans la salle. À la sortie les gens discutent, dont deux étudiantes en master de LEA (Langues Étrangères Appliquées) pour qui « Enchantements » était leur premier concert « de ce genre » : « C’était envoûtant et nous avons bien aimé l’atmosphère ».