Expérience Raphaël aux Beaux Arts : le prodige de la Renaissance
Du 18 octobre 2024 au 17 février 2025, le Palais des Beaux-Arts de Lille accueille l’Expérience Raphaël, qui retrace le parcours du prodige des fresques et des madones, plus de cinq siècles après sa mort. L’exposition (nous) immerge dans l’Italie du XVIe siècle, en plein cœur de la Renaissance.
Raffaello Sanzio, connu en français sous le nom de Raphaël, est né le 6 avril 1483 dans le nord-est de l’Italie. Dès sa jeunesse, Raphael marche sur les pas de son père, peintre à la cour du duc d’Urbino. Alors qu’il n’a que 11 ans, Raphaël a déjà perdu ses deux parents et hérite de l’atelier de son père. Il développe son art et s’inspire des grands de son époque, Michel-Ange et Léonard de Vinci, qu’il finira plus tard par côtoyer.
La vie écourtée d’un prodige
Dans sa jeunesse, Raphaël passe quelques années à Pérouse avant de partir pour Florence en 1504, puis à Rome en 1508. Il s’y rend pour réaliser le décor de la Chambre de la Signature, au Vatican, sur commande du pape Jules II.
Expérience Raphaël… La rétrospective de l’artiste porte bien son nom. Ces fresques, devenues mythiques, sont diffusées numériquement sur les murs d’une salle, rendant l’immersion complète. C’est ce que souligne une étudiante, venue avec son amie. “Ce que j’aime beaucoup dans cette salle du musée, c’est le travail qui est fait sur la scénographie avec les expos.” dit-elle. En effet, l’exposition dégage une ambiance particulière, presque tamisée. Bien que ce soit essentiellement pour protéger les dessins qui ne peuvent être exposés à une faute source de lumière, cela contribue à se projeter dans l’Italie de la Renaissance.
Dans les années qui suivent son arrivée à Rome, le peintre italien se voit attribuer plusieurs titres par le Vatican qui lui assurent une certaine stabilité. Il va alors réaliser de nombreux projets tels que l’architecture d’une cathédrale, la façade de la basilique San Lorenzo, ainsi que de nombreuses tapisseries et fresques. Sa renommée est considérable.
Il meurt cependant précocement à l’âge de 37 ans, en 1520. Sa mort, signe le début d’un culte autour de sa personne, considéré par beaucoup comme divin. Cela est renforcé par le jour de sa mort, vendredi saint et le même que celui de sa naissance. Il fut celui qui sut faire revenir l’art grec à travers une grâce singulière surplombée d’un sens délicat de l’harmonie et des proportions.
Un processus de reconstruction
L’exposition emmène le visiteur dans le processus de création de Raphaël. On y retrouve de nombreux croquis représentant des visages, des corps, des éléments d’architecture ou encore du textile. L’ensemble de ses croquis forment ensuite une scène complète, qui font l’objet d’un tableau. La présentation des 40 dessins apporte un regard différent sur l’œuvre finale.
À la sortie, un ancien étudiant en histoire des arts nous livre : “J’ai beaucoup aimé le fait qu’on puisse voir des dessins, car les dessins sont habituellement très peu exposés du fait de leur fragilité.” C’est aussi ce que partage une étudiante : “Ce qui m’a beaucoup plu, c’est de voir tout le travail avant une œuvre. Ce que j’aime dans l’art ce n’est pas forcément l’œuvre à la fin, mais c’est tout l’aspect croquis. Je trouve qu’il y a plus de mouvement dans un croquis que dans l’œuvre finale.”
Le musée ne se prive pas d’utiliser le numérique pour appuyer la décomposition du processus de création. Des analyses permettent de retracer et de décomposer les différentes étapes de création sous la peinture. Cette analyse est réalisée par l’utilisation de techniques modernes comme la fluorescence visible sous ultraviolets qui met en valeur l’encre des croquis, la microscopie optique ou encore la superposition homothétique.
« Avec les enfants ce n’est pas vraiment l’idéal.”
Dans une période de vacances scolaires, le Palais des Beaux-Arts de Lille a connu une forte affluence dans les premiers jours de présentation. Nombreuses sont les familles à être venues avec des enfants. Un atelier axé sur le dessin, dans l’atrium du musée, tente de faire interagir les visiteurs dans un exercice où ils peuvent redessiner les œuvres de Raphaël. Mais en ce qui concerne l’exposition en elle-même, un père accompagné de ses deux enfants nous confie : “J’ai trouvé un peu dommage que les textes soient très longs et écrits en tout petits. Avec les enfants ce n’est pas vraiment l’idéal.”