Monet à Vétheuil, retour sur l’exposition succincte qui impressionne
Au Palais des Beaux Arts de Lille, du 11 Avril au 23 Septembre 2024, s’est tenu l’anniversaire des 150 ans du mouvement artistique de l’impressionnisme. Le musée lillois a opté pour une exposition autour de Claude Monet
Avril 1874, Monet, Renoir, Degas, Cézanne et d’autres peintres s’organisent pour mettre en place la première exposition du mouvement qui donnera son nom à l’ “Impressionisme”. 150 ans plus tard, une célébration d’ampleur nationale se tient pour l’occasion, endossée par le musée d’Orsay et la région Hauts-de-France. Depuis avril dernier, Lille fait partie des cinq musées qui ont participé à la célébration du Printemps de l’Impressionnisme avec Douai, Tourcoing, Amiens et Roubaix. Place de la République, on rend hommage au mouvement artistique et à son chef de fil révolutionnaire, Claude Monet. Il s’agit pour le Palais des Beaux Arts de se concentrer sur un lieu clé de la vie de ce dernier, Vétheuil.
Une exposition minimaliste
45 minutes, c’est le temps estimé pour découvrir les deux salles du Palais des Beaux Arts dédiées à l’exposition. Aux premiers abords, on pourrait souligner qu’elle ne se compose seulement que de deux petites salles et de six tableaux. Il faut alors rappeler que l’événement présenté aux Beaux Arts de Lille n’est qu’un cinquième de la célébration artistique prévue par le Musée d’Orsay et la région. Un facteur donc explicatif d’une exposition qui paraît brève.
Mais malgré son faible aspect quantitatif (quatre œuvres issues de la collection du Palais et deux prêtées par le Musée d’Orsay), la collection disposée sait se rattraper par son choix qualitatif et captive le spectateur.
Monet révélé par Vetheuil
Il s’agit par cette exposition de découvrir Vétheuil par Monet, et de (re) découvrir Monet par Vétheuil. Au-delà d’un lieu, ce village est un moment, un bout de la vie de l’artiste. Pendant 45 minutes, on partage notre temps avec le peintre grâce à “La Débâcle”, “Les Glaçons”, ou encore “Vetheuil le matin”. Le village de bord de Seine est alors dépeint par un Monet tantôt épanoui après des années de complications financières, homme à la renverse venant de perdre sa femme, Camille, ou encore citoyen du monde assistant, ébahit, au spectacle des saisons et du changement climatique. A travers les œuvres choisies, le musée lillois nous permet d’en apprendre bien plus qu’attendu sur le leader de l’impressionnisme.
Cette capsule temporelle permet aux spectateurs de se détourner des œuvres les plus connues et de l’apprivoiser par le biais de peintures significatives. Le talent du peintre ne manque pas d’impressionner. Le tableau “Les Glaçons” par exemple, peint en 1880, capte tout particulièrement notre attention, comme celle de Marcel Proust avant nous (mis en valeur dans l’ecrito explicatif de l’oeuvre), qui, en 1895 dans Jean Santeuil, décrit le brio artistique de l’impressionniste et la précision de son coup de pinceau pour représenter l’eau miroitante de la Seine.
La technique artistique du peintre est digne de sa reconnaissance et le musée nous le fait savoir. Sur les murs, les Beaux Arts dédient un paragraphe à la technique du peintre qui révolutionne le troisième art : la juxtaposition. Propre au mouvement impressionniste, ce procédé s’illustre parfaitement avec le tableau “La Seine à Vétheuil, effet de soleil après la pluie”. Un travail minutieux de texture et de couleur vient ainsi révéler le début de la belle saison sur les rives du fleuve.
Une exposition complémentaire
Au premier étage du musée de Lille, les spectateurs ont pu profiter depuis avril de l’ébullition impressionniste. Après avoir fait le tour des deux salles spécialement aménagées, les visiteurs peuvent compléter leur célébration en passant par la salle adjacente. La collection permanente du musée, possiblement jugée trop maigre par les plus adeptes du mouvement, se parfait alors, et couronne la visite.
L’événement se joint à une courte présentation de Joan Mitchell, figure artistique américaine majeure de l’après-guerre. Peintre de l’abstrait, celle-ci a vécu une partie de sa vie rue Claude Monet, à Vétheuil. Le village, inconnu à la majorité des spectateurs avant l’exposition, semble soudain regorger de talents. À la manière de Monet, elle mêle ses émotions personnelles à sa contemplation de la nature vétheuilaise. Les objets de travail sont les mêmes et pourtant Mitchell rompt avec les techniques de Monet et recrée un Vetheuil abstrait.
Enfin, pour les plus curieux, la salle des sculptures du musée offre la possibilité de se concentrer sur Rodin, pair de Monet et figure du mouvement par le biais du deuxième art. “La Grande Ombre”, œuvre réalisée en 1898 par l’artiste, réside au rez-de-chaussée du Palais et fascine par sa stature. L’exposition initialement assez succincte sur Monet devient alors, aux Beaux arts de Lille, un vrai sentier de découvertes qui impressionnent.