Interview. Alvin Chris sur la scène du Main Square Festival, une consécration pour le rappeur amiénois
Alvin Chris, jeune rappeur amiénois passionné, s’est produit sur la scène du Bastion au Main Square festival le 30 juin dernier. Un show plein d’énergie durant lequel sa musique singulière a résonné, à la croisée des chemins entre rap, R&B et funk. L’artiste aux sons envoutants revient sur sa carrière, au cours d’une interview accordée au Pépère News.
Pépère News : Tu viens de sortir de la scène du Bastion du Main Square, c’était comment ?
Alvin Chris : Le public était au rendez-vous, ça m’a fait plaisir. Ça chantait les paroles : moi ça me touche de voir des gens qui sont venus pour moi. Jusqu’ici, j’ai fait beaucoup de premières parties, de co-plateaux. Jouer dans un grand festival comme celui-ci et voir que des gens sont venus pour toi, c’est touchant et ça me rassure pour la suite. Il y a un public, il est là, et j’adore aller à sa rencontre.
PPR : Ça te fait quoi d’être programmé au Main Square, aux côtés d’artistes que tu admires ?
AC: Il y a tellement de moments de doute et de galère quand on fait de la musique que quand il y a des victoires comme celle là, il faut les célébrer. Je partage cette joie avec mon équipe, on est contents d’être là, on se donne à fond. Aujourd’hui je partage l’affiche avec des artistes que j’écoute : Orelsan, Damso, Maroon 5… Maroon 5 d’ailleurs c’est un des premiers concerts que j’ai vu de ma vie, quand j’étais au collège. De voir que je suis sur la même affiche qu’eux c’est priceless. Et puis je pense à ma maman, et je suis content pour elle. Je me dis : “avec toutes les fois où elle s’est inquiété, là elle voit un aboutissement concret”.
PPR : Tu préfères performer devant un public comme tu viens de le faire, ou alors l’étape d’écriture et de composition des sons ?
AC: Ce sont deux magies différentes. Mais à choisir, je dirai performer avec le public. C’est là où tout prend sens, où il y a le plus d’émotions, où l’on se sent le plus vivant. Ça me rappelle mes années sportives, quand j’étais dans le foot. La scène, c’est le moment du match. On s’est entrainé et c’est le moment où il faut tout donner.
PPR : Dans Coucou c’est encore moi, tu dis « moi je rappe comme je respire ». Est-ce-que faire de la musique c’est vital pour toi ?
AC: La musique pour moi c’est un exutoire, que ce soit quand j’ai le coeur lourd ou quand je suis heureux. Ça me permet d’exprimer mes émotions. À l’origine, je suis assez timide et introverti, mais le rap m’a permis de prendre cette énergie là et d’en faire quelque chose de positif. J’y trouve un moyen de dire tout ce que je ne dis pas forcément dans la vraie vie. Et « je rappe comme je respire », c’est aussi une manière un peu ego-trip de dire que le rap c’est devenu tellement naturel que c’est comme respirer, c’est en moi.
Avant même de prendre la parole, les sons que j’envoie disent déjà quelque chose – Alvin Chris
PPR : Tu as commencé tôt la musique ?
AC: J’ai commencé à écrire régulièrement à partir de mes 15 ans, et ça fait 10 piges que j’envisage vraiment ça comme une carrière.
PPR : Comment tu fais pour réussir à te renouveler à chaque fois depuis autant d’années ?
AC : J’ai un rapport assez amoureux avec la musique, j’aime bien cette analogie. Donc on avance en se remettant en question, en communiquant, en se découvrant. Quand la passion est là, c’est facile de la rallumer, il suffit d’être en contact avec des gens qui ont du talent et ça me donne plein d’idées. Après, il y a des moments où il faut savoir se reposer, c’est cyclique.
PPR : Il y a des thèmes récurrents que tu aimes bien traiter ou bien ça se renouvelle ?
AC : Je parle de la vie, je peux faire des sons sur l’amour ou sur une paire de chaussures. Ce qui change, c’est la forme. Je peux trouver des manières de rimer que je n’avais pas avant. J’évolue aussi en tant que personne, donc je ne suis pas intéressé par les mêmes choses que quand j’avais 15 ou 20 ans.
PPR : Tu as un rapport très global à la musique, ça vient d’où ?
AC: C’est dû au fait que je compose à côté. Ça ne concerne pas tous les morceaux, seulement une partie d’entre eux. Pour moi c’est trop important. Quand tu joues sur scène, les gens réagissent à l’énergie, sans avoir le temps de comprendre ce que tu dis. La musique c’est un autre langage. Avant même de prendre la parole, les sons que j’envoie disent déjà quelque chose.
PPR : Est-ce-que tu as des projets en cours qui sortiront prochainement ?
AC: Mon dernier EP date de décembre 2022. Tous les deux/trois ans, j’aime bien me faire une période où je sors de la musique sans stratégie, sans projet. Parce que quand on réfléchit à un projet, il y a de la musique qui dort. J’aime bien laisser à mon public le pouvoir de savoir ce que ma musique va devenir. Donc pour 2023, il y aura beaucoup de single à la rentrée, ça va parler d’amour, de remise en question, de choses personnelles. Tout ça se fait en parallèle d’un travail sur un premier album, qui sortira…quand Dieu le voudra. C’est une oeuvre que j’ai envie de prendre le temps de concevoir.
PPR : Tu te vois faire de la musique toute ta vie ?
J’aimerais trop, je trouverai ça classe de faire de la scène à 70 piges. Si jamais je ne suis plus sur scène, peut-être que je composerai pour d’autres artistes. En tout cas je ne me vois pas vivre en dehors de la musique.