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Makala le plus méchant des rappeurs

Makala le plus méchant des rappeurs

Makala, Grand Mix, Tourcoing

Cela fait quelque temps que le monde du rap francophone assure que la scène suisse arrive et que c’est très chaud. Le genevois Makala est clairement là pour le prouver. Sa personnalité, son rap et les musicalités de ses prods ne passent pas inaperçus. 

Bien que jamais parti, le rappeur genevois est revenu avec Chaos Kiss en 2022. Ce nouvel album suit Radio Suicide, sorti en 2019, et vient confirmer que l’artiste a sa place dans le rap francophone, maintenant plus que jamais.

L’auto proclamé roi des pirates

Makala est cet esprit insouciant qui a préféré faire de la musique sa chose, plutôt que sa chose dans la musique. Bien trop rebelle pour être mis en cage et bien trop singulier pour être mis dans une case, le Mak est sa propre référence et personne ne peut le prétendre autant que lui.

Arrogant, déroutant, fascinant, on pourrait passer des heures à chercher le meilleur qualificatif pour le décrire sans le réduire. En tout cas, il incarne une dualité dont il joue volontiers : celle d’un personnage qui rassemble mieux que personne son public autant qu’il divise le reste, pour le peu que cela lui importe…

Indifférent à la critique, Makala devient arrogant. Sur les réseaux sociaux, il prévient ses pairs des States, comme Kendrick Lamar, qu’il arrive fort pour prendre leur place. Pour débuter 2023, il déambule dans les rues de Genève en faisant la manche, muni d’une flûte de champagne et d’une pancarte : “Svp une pièce pour les artistes qui vont perdre leur travail après mon Olympia”. L’apogée de l’insolence, pour un rappeur qui n’a pas froid aux yeux et ne compte pas laisser de répit à la concurrence.

Venu tout droit de Genève, Makala n’arrive pas seul. Ses débuts se font avec le groupe XTRM Boyz rassemblant Di-meh et Slimka. Les trois font partie du collectif SuperWak et organisent des tournées communes. Leur rap est bouillant ; un mélange de trap, boom-bap et egotrip. Sur scène, c’est un grand succès, ils disent même “avoir amené le pogo en France“. Palmarès qu’on peut sûrement leur accorder au vu de leurs performances scéniques où ils donnent de leurs personnes et enflamment les salles.

“Maîtriser le style du non style” – Makala dans Sad Boy 

Bien qu’il rappe depuis 2012, Makala change de dimension avec son deuxième album Radio Suicide. Un projet qui berce l’auditeur, de la confusion primaire à l’effusion de sentiments diffus mais envoûtants. Radio Suicide, c’est un festin gastronomique difficile à digérer mais on s’empresse de s’en resservir.

Le fruit de deux cerveaux connectés : celui de Makala et de son beatmaker Varnish La Piscine. On les retrouve tous deux sur la cover excentrique d’un album où réalité et fiction sont des notions insignifiantes face à la puissance de la musique. Cette alchimie est l’essence du projet. Les prods de Varnish transcendent les sonorités conventionnelles du rap, autant que les flows multiformes de Makala. Leurs deux voix fusionnent sur Outro, zénith musical de l’album et synthèse des influences pop/disco/trap (entre autres) qui l’alimentent.

Trois ans après, Makala annonce Chaos Kiss, en avril dernier. Durant cet intervalle, il disperse plusieurs bangers dont Hitman Go. Après un bref teasing, le troisième album éclot. L’atmosphère changeante de l’album, fidèle à son nom, balance l’auditeur de part et d’autre d’une galaxie musicale dont on ne touche jamais les frontières.

L’album dépeint une dualité : un homme qui danse malgré les flammes qui l’entourent, à l’allure insouciante que le doute a toutefois pu traverser. Tout au long du voyage Chaos Kiss, l’univers fantasmé de Makala révèle ses failles autant qu’il réaffirme ses fondements. Budapest et Prison Break sont une pluie de météorites : les deux sons évoquent l’échec, la trahison et la déception amoureuse.

Mais ces turbulences ne suffisent pas à faire flancher Makala, Les Barrages, Viral et Film d’Action sont des étoiles prospères qui rappellent son essence : une confiance impérissable. Au-dessus de ce cosmos agité, l’amour de la musique règne en maître.

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Pochette de l’album de Makala, Radio Suicide © Makala

Accompagné de Mairo sur une énième prod luxueuse de Varnish, Makala conclut Chaos Kiss par Outrow, un retour aux premiers pas. Si tout en vient à paraître simple pour lui, ça n’a pas toujours été le cas. Alors comment a-t-il réussi ? En partant embrasser le monde qu’il ne connaissait qu’à travers sa fenêtre, à la poursuite de ses rêves de gosse. Enfin, le Big Boy Mak a lâché prise pour s’élever. Une main l’a accompagné dans cette envolée : celle de Varnish. Dans le dernier couplet, Makala attribue cette rencontre au destin. Avec cet album, les frères de la Piscine prouvent que parfois, celui-ci fait bien les choses.

Une vraie bête de scène

Le 27 mai 2023, Makala va retourner l’Olympia de Paris. Ce sera la fin de sa tournée Chaos Kiss Tour. Un concert qui s’annonce énergique et grandiose, comme tous les précédents. L’artiste n’a pas besoin d’une scénographie et direction artistique poussées, en véritable performeur, on peut dire qu’il est la scène. Il l’occupe avec une énergie folle, repousse les limites du souffle et fait tourner le public encore et encore.

“Cramer des salles ! Chauffer c’est pour ceux qui font des premières parties.” – Makala pour abcdrduson 

À Lille, lors du festival des Paradis Artificiels, il a donné son concert sous la pluie mais la connexion avec son public était établie. Quand il est revenu en décembre 2023 à Tourcoing au Grand Mix, la foule était déchaînée. Au milieu des pogos, un des ses fans le dessinait en live, un autre, tatoué XTRM Boyz, est monté sur scène chanter mot pour mot le son Fashion Week. Des exemples comme ça, il y en a pour chaque date de sa tournée, bien que chacune soit un moment unique.

Makala au festival les Paradis Artificiels
Makala au festival les Paradis Artificiels à Lille © Lilou Morin / Pépère News

C’est qui le plus méchant ?” scande le public, “Makalaaaa”, répondent les gens en chœur. C’est l’effet de l’artiste sur scène. Il vit le concert avec et pour le public, regardant tout le monde dans les yeux, il chante et transcende la scène.

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