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REPORTAGE. Immersion dans le catch sans corde

REPORTAGE. Immersion dans le catch sans corde

Combat de Catch dans le Nord

Faches-Thumesnil, 28 septembre 2024, salle Jacques Brel. Ce samedi, la Banger Zone Wrestling présente Miracle, son spectacle annuel de catch sans corde. Une heure avant le début du show, une longue file de fans est déjà présente. Plongez au coeur de cette discipline aussi inédite qu’impressionnante.

Le catch, « sport-spectacle »

Le catch n’est pas un sport de combat comme les autres. À la croisée du théâtre et du MMA, il est le fruit de mises en scènes mais aussi d’improvisations. L’association BZW qui organise l’événement l’a parfaitement saisi. « On ne propose pas que du catch, on propose un spectacle : les shows sont pensés à la manière d’une pièce de théâtre » nous informe Hal, le présentateur et annonceur des combats. « Nous on sait, mais les gens ne savent pas » : Jacob Vadocq, un des catcheurs, met l’accent sur l’idée que le show est écrit. Selon lui il ne faut pas réfléchir selon le prisme de la crédibilité, mais se laisser porter « comme si on allait voir un film de science fiction« . Geoffroy Dubray, youtubeur-catch, compare d’ailleurs ces sportifs-comédiens à des personnages de Marvel : « Chaque lutteur a un personnage, une histoire à raconter, et c’est ça que les gens viennent voir« .

© Emile Binet / PépèreNews
Léonardo Darwin, déguisé en Big Ben par Ravage (son adversaire), sur le point de recevoir un coup de chaise quelque peu agressif © Emile Binet / PépèreNews

Pour Jacob, c’est la confiance qui doit régner sur le ring. Malgré l’ultra-violence des combats, la chorégraphie entre les deux adversaires ne doit nuire à personne : « Quand l’autre te tient et que tu as la tête en bas, il a juste à te lâcher pour que tu tombes sur la nuque, et là c’est fini« . Cormac Hamilton, finaliste du tournoi du jour, voit l’image comme l’attribut le plus important d’un catcheur. Il faut « pouvoir être rebooké [re-sélectionné] par les fédérations « . Avec les réseaux sociaux, « on regarde aujourd’hui ce qu’un catcheur peut nous apporter en terme de communication« .  Il doit faire sensation et provoquer du bruit, aussi bien en étant hué qu’acclamé. Pour Geoffroy, « le catch doit être spectculaire. »

Pas de corde, seulement abandon ou soumission

Ce 28 septembre après-midi, c’est le catch sans corde qui est à l’honneur dans la banlieue lilloise. Le show Miracle « est inédit en France » nous indique Micka Mosse, un fan. « C’est novateur, mais on a rien inventé » tempère Hal, qui développe: « C’est un concept qui existe déjà, notamment aux États-Unis sous le nom de bloodsport« . Le ring est donc dépourvu de tout ornement, et le combat a deux issues possibles : la soumission ou l’abandon d’un des deux adversaires. « C’est un show davantage prisé des puristes. Il y a beaucoup de coups de pieds, de coudes : c’est la castagne« , renchéri Hal.

Pour Micka, « Voir un show en live [en direct], c’est totalement différent« . En effet, les cris retentissent sans cesse dans la salle. Le public ne reste pas passif et porte les combattants : il se recule si les catcheurs tombent, insultent et tapent sur le ring pour affirmer leur préférence. Les combats sans corde sont « davantage réservés aux fighters [combattants] qu’aux voltigeurs : c’est vraiment de la lutte, les matchs sont très rapides et se rapprochent du MMA« . Effectivement, on oublie par moments que le show est scripté, et la similitude avec un combat de rue est alors assez frappante.

C’est ce qui nous réunis tous, la passion.

© Emile Binet / PépèreNews

Sport niche et puissante fanbase

Le catch, c’est d’abord une passion d’enfance. C’est d’ailleurs « ce qui nous a tous réunis » souligne Hal. Jacob a commencé ce sport « un peu comme tout le monde« . C’est en regardant des matchs à la télévision qu’il s’est dit : « il faut que je fasse ça. » Cette passion se retranscrit dans la foule. « Il y a une fanbase [communauté de supporters] très forte » nous informe Geoffroy.

Ce qui est fou, »c’est l’ambiance » note Micka Mosse, un fan à l’histoire peu commune : « Quand j’étais gamin, je jouais au tennis contre le mur de la maison de ma grand-mère. Un jour son voisin en a eu marre : pour ne plus m’entendre taper, il m’a fait découvrir sa passion du catch. J’ai commencé à aimer ça, en regardant des matchs sur des cassettes. » Certains supporters sont prêts à faire des kilomètres : Geoffroy est venu de Belgique. Il nous apprend par cette occasion que la fédération BZW est belge à l’origine. Le Nord est en effet un bastion de férus amateurs de catch, discipline pourtant peu plébiscitée ailleurs en France. « Culturellement et historiquement, le catch dans le nord de la France est assez important. Des figures de combattants emblématiques comme le bourreau de Béthune ont marqué des générations ».

© Emile Binet / PépèreNews

Cependant, le catch ne parle pas à tout le monde. Pour Hal, « c’est un sport qui s’ouvre, notamment avec les nouvelles générations de catcheurs et d’organisateurs« . Aussi, le catch semble aux premiers abords porter les valeurs de stéréotypes masculins forts comme la violence ou la virilité. Mais ce jeu du plus fort n’est qu’un véritable show. De plus, la discipline féminine existe bel et bien. « On fait des matchs féminins mais aussi intergender [mixtes], donc un homme contre une femme. C’est super cool. » Dans le public aussi, les femmes répondent présentes et ne désertent pas les premiers rangs.

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