Rugby (N2) : La fulgurante ascension de l’OMR
Porteur d’un projet structuré et soutenu par tous les acteurs locaux, l’Olympique Marcquois Rugby vient d’accéder à la Nationale 2, le quatrième échelon du rugby français. Une saison 2022-2023 d’ores et déjà marquante dans l’histoire du club nordiste.
Il n’y avait qu’à voir l’effervescence à la soirée de présentation de l’effectif de l’Olympique Marcquois Rugby (OMR) aux partenaires pour comprendre. Ce club, implanté à Marcq-en-Barœul mais qui joue ses rencontres à domicile dans un Stadium de Villeneuve d’Ascq en plein lifting, est sur une dynamique remarquable. Pas tellement sur le terrain (trois défaites en cinq matchs en ce début de saison) mais plus largement sur la lancée des dernières années.
Sur une série de trois montées en cinq ans, l’OMR découvre, depuis fin septembre, la Nationale 2 (ex Fédérale 2). Encore en Fédérale 3 en 2016, les Marcquois concrétisent en cette rentrée une nouvelle étape dans un projet ambitieux : accéder au plus vite à la ProD2, l’antichambre du Top14 et surtout professionnaliser le secteur sportif.
Assurer le maintien au plus vite
La soirée de présentation en a été une démonstration éclatante, l’OMR est très bien entouré. Partenaires, collectivités, élus : tous les acteurs sont au soutien d’un projet à long terme. « Il y a beaucoup de partenaires, très engagés. Ils sont ouverts, ils adorent parler avec les joueurs, ils sont passionnés par le rugby, le club » confie Simon Ricquebourg (23 ans) arrivé de Nice cet été. « Des soirées comme ça montrent que l’on a pas honte de notre projet, on est très fiers de nos ambitions » appuie le deuxième ligne Philip Du Preez (28 ans) transfuge de Mâcon. Sorti vainqueur de son barrage d’accession face à Oléron en juin dernier, devant 4.000 personnes pour le match aller, l’OMR accède à cette toute nouvelle Nationale 2.
Pour la première édition de ce championnat, composé des deux relégués de National (Aubenas et Dijon) ainsi que de 22 clubs issus de l’ex Fédérale 1, Marcq a bien cadré ses ambitions. « L’objectif que j’ai fixé aux joueurs c’est d’abord de réussir l’adaptation, explique le président Olivier Gradel. On a eu pas mal de changements notamment à des postes clés comme la charnière. Ensuite, on veut aller chercher le plus rapidement possible le maintien. Après, je vous cache pas qu’on a tous dans un coin de la tête l’ambition d’aller chercher les playoffs », lâche-t-il dans un sourire.
La ProD2 dans quatre ou cinq ans
Message passé chez les joueurs : « le premier objectif, il faut être honnête, c’est d’assurer le maintien le plus rapidement possible. Après, on pense qu’on a un groupe capable de performer et pourquoi pas atteindre les phases finales », glisse Ricquebourg. Même son de cloches chez le très expérimenté Du Preez. « Bien sûr, entre nous les joueurs on s’est fixé un objectif. Mais on va affronter des équipes établies à ce niveau depuis un petit moment. Ça va être un niveau supérieur de la Fédérale 1 qu’on a disputé la saison dernière », explique le joueur qui a passé cinq saisons en ProD2, quatre à Mont-de-Marsan et une à Nevers. Une recrue de choix pour les Nordistes, qui se sont également offerts les services cet été de François Herry, le centre passé par La Rochelle, Albi et Nevers. À eux deux, Herry et Du Preez en ont connu des belles aventures et des montées. Marcq a donc dû mettre le paquet pour enrôler ce binôme rompu aux joutes du monde pro et de fait courtisé.
« J’ai eu des propositions en ProD2, notamment Carcassonne et Rouen, et Narbonne en National, raconte Du Preez. Pour être honnête, au début je n’étais pas trop chaud de venir. Mais quand je suis venu, que j’ai vu le stade, les infrastructures, le staff et le Président, j’ai été convaincu. » Alors pourquoi l’OMR : la ProD2 dans quatre voire cinq ans. C’est le projet sans fioritures proposé aux nouveaux venus comme aux plus anciens. « Qu’est-ce qui attire ces noms ?, se questionne le Président. C’est le projet.. On les a accueillis, ils ont visité les installations et se sont rendus compte que l’on a déjà tout d’un club de ProD2. L’engouement des collectivités, des partenaires. On est capables de proposer un projet de reconversion, ou d’accompagnement pour leurs épouses. On joue toutes ces cartes. On a la chance d’être à Lille, cinquième métropole de France au cœur de trois capitales. Et là en plus ils ont découvert la Braderie… (sourire) ».
« Je me suis dit que c’est bien d’aller dans un club bien installé en ProD2 mais que c’est bien aussi de partir de quelque chose que l’on construit ensemble, pour monter un club de haut niveau dans le Nord », rebondit le deuxième ligne sud-africain. « Comme rugbyman pro, c’est toujours important de penser aussi à l’avenir. C’est ça aussi qui m’a attiré à Lille, pour la vie après rugby. »
Il faut dire que tous les échelons du club progressent à vitesse grand V. Partenaires, hospitalités, marketing, communication, tout y passe et force est de constater que ça paye. « Quand on a lancé le projet il y a cinq ans, on avait quinze partenaires privés, aujourd’hui on est pas loin des cent, détaille fièrement Olivier Gradel. On a créé un pôle d’attractivité qui est, en plus, soutenu par les collectivités. On sait aussi que les entreprises sont très sensibles à la présence des élus sur les manifestations. C’est un réseau que l’on entretient au quotidien puisqu’on organise régulièrement des évènements hors match. »
Trente-deux contrats pros en quatrième division
La prouesse est d’autant plus forte que l’OMR est loin d’être le seul club de la Métropole lilloise à être ambitieux. Le soutien des collectivités et des partenaires s’arrache donc d’autant plus que la concurrence est extrême. Côté effectif, des noms qui vont pouvoir apporter de l’expérience, donc. « Des joueurs comme Philippe ou François, ça apporte des certitudes, des repères plus faciles à trouver, explique Ricquebourg. Ces garçons-là vont peut-être pouvoir prendre les rênes sur certains points clés qui faisaient peut-être défaut les saisons précédentes ». Le joueur formé au Stade Aurillacois incarne l’autre volet du recrutement : des jeunes très ambitieux qui veulent aussi prendre part à un projet alléchant.
« Des projets de montée, tous les clubs en ont. Mais là c’est quand même très bien structuré, sur cinq ans, avec de réels objectifs à atteindre. Nouveaux championnats, nouvelles équipes, nouveaux joueurs et nouveau staff avec Morgan qui arrive de Massy. Forcément on a un peu tout à construire. », pointe, lucide, le demi d’ouverture. Et sur ce tout début de saison, Marcq se confronte à la réalité du championnat. Une défaite à domicile en ouverture, deux revers à l’extérieur et un succès à la maison entre les deux. L’OMR n’a pour le moment pas trouvé son rythme. « Il y a une bonne concurrence dans le groupe. À tous les postes, il y a à la fois des joueurs jeunes et d’autres plus expérimentés mais c’est très important pour donner de l’équilibre. Les joueurs qui ont plus de vécu sont à des postes clés », note Du Preez.
Avec un effectif pour moitié composé de joueurs issus des Hauts-de-France, l’OMR doit faire l’amalgame avec des équipes qui ne sont pas perturbées par ce changement de championnat car elles évoluaient déjà à ce niveau. « On souhaite vraiment garder cet équilibre 50-50, avec des joueurs issus du territoire que l’on forme, ou que l’on repère. Les frères Decavel sont par exemple nés à Villeneuve d’Ascq », affirme le président. C’est un vrai pari car avec ses moyens et son projet, l’OMR aurait peut-être pu s’offrir d’autres joueurs plus expérimentés. Mais cela n’allait pas dans le sens du processus. Un projet où pour la première fois cette saison, l’OMR se paye le luxe de proposer un contrat professionnel aux trente-deux joueurs du groupe N2, et ce en quatrième division, peu de clubs à ce niveau peuvent s’en targuer et cela crédibilise d’autant plus le projet.
Une levée de fonds pour poursuivre la progression
Pour poursuivre dans cette voie et voir toujours plus haut, le Président a lancé en juin dernier une levée de fonds. « On l’a officiellement lancée fin mars-début avril. On s’est fixés un seuil minimal de 1.125 millions d’euros. La deadline est le 31 décembre mais on espère boucler en octobre, je suis assez confiant. Cette levée de fonds doit nous permettre de nous consolider sur la partie fonds propres et trésorerie, de développer le centre de formation, de structurer le back office. Cet argent ne sera pas uniquement utilisé pour le recrutement », explique-t-il. De quoi rassurer, si besoin, supporters et partenaires. « Je me projette déjà sur la saison 2023-2024, conclut l’infatigable Olivier Gradel. On aura un recrutement beaucoup plus court en quantité mais on va cibler des profils comme Philippe et François, qui ont une grosse expérience de la ProD2 voire du TOP14. »
Pour sa troisième réception de la saison, l’OMR accueillait Dijon ce samedi, relégué de National. Un défi de taille, encore un, parfaitement réussi par les Marcquois qui se sont imposés de justesse 19-17 et grimpent dans le classement.