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Rebel, entre art et radicalisation

Rebel, entre art et radicalisation

Rebel film

Paru le 31 août 2022, ce drame signé Adil El Arbi et Billal Fallah, auteurs de Bad Boys For Life, parvient à associer guerre et art au moyen d’un jeu d’équilibriste remarquable. Rebel nous plonge dans une histoire familiale frappée par la radicalisation, abordant des enjeux contemporains.

Pari gagnant pour le film belgo-franco-luxembourgeois, apparu pour la première fois au festival de Cannes le 26 mai 2022. À travers l’histoire de Kamal Wasaki, interprété par Aboubakr Bensaihi, les réalisateurs abordent le djihadisme de façon engagée en y apportant un point de vue sortant de l’ordinaire.

Un engagement cinématographique maîtrisé

Arrivé en Syrie pour apporter de l’aide aux victimes de la guerre, Kamal, jeune rappeur belge, se retrouve embrigadé dans un groupe armé djihadiste, et finalement bloqué à Raqqa. Dans la banlieue de Molenbeek, sa ville natale, son petit frère Nassim se fait influencer par des recruteurs de l’Etat Islamique, tandis que sa mère tente de le protéger.

Des dessous du recrutement djihadiste à l’horreur de la guerre syrienne, en passant par la torture infligée aux combattants dissidents, Rebel est un drame engagé. Sans pour autant tomber dans une forme de propagande, ce film raconte une histoire touchante permettant en arrière-plan de véritablement reconsidérer notre vision de la radicalisation, et du recrutement terroriste. À l’instar d’un funambule, les réalisateurs gardent un équilibre tout au long du film entre maintenir un scénario touchant et captivant, et dénoncer les atrocités sous-jacentes du conflit syrien. À travers Rebel, ces derniers abordent avec originalité l’hostilité et la méfiance générale envers ce thème, justifiant la diffusion de ce film au 75e festival de Cannes.

Au-delà du sujet et du scénario, Rebel est également marquant dans ses images. Sur cet aspect, nombre de scènes réalistes permettent de prendre pleinement conscience de la réalité du conflit et des violences intrinsèques mais aussi extrinsèques, physiques ou morales, qu’il engendre. À titre d’illustration, le film est composé de différentes scènes de guerre où l’on s’aperçoit nettement des dégâts létaux causés aux civils.

Film "Rebel"
Image du film « Rebel », 2022 : Kamal et sa femme à Raqqa, embrigadés de force par les djihadistes © Bac films

Une dimension artistique à part entière

Aussi étonnante que plaisante, l’association maîtrisée entre le sujet brûlant du film et l’art est un compromis audacieux intenté par les réalisateurs belges. Cette dimension artistique du film se divise en deux domaines : la danse et la musique. Sortant du cadre traditionnel du cinéma, ces moments artistiques appuient l’engagement politique du film et nuancent également la réalité sombre dans laquelle il plonge le spectateur. Ce contraste, par exemple, se manifeste par plusieurs scènes où l’on voit Kamal réaliser des performances rappées et dansées à l’aide de textes portés sur le conflit, s’inscrivant fluidement dans le déroulement du film.

Par ailleurs, celui-ci est divisé en différents chapitres, tous marqués par la voix d’Oum, auteure-compositrice-interprète marocaine, accompagnée par Hannes de Maeyer, compositeur belge. De cette façon, l’art nuance l’horreur de la guerre et vient souligner l’émotion du récit, rendant ce drame particulièrement lyrique.

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