Lee Miller : parcours d’une femme d’exception
Le 9 octobre 2024, le dernier film de la réalisatrice américaine Ellen Kuras est sorti au cinéma. Son titre, Lee Miller, intriguait le spectateur et le laissait avec des questions : Qui était cette femme ? Qu’a-t-elle fait de si important pour mériter son propre biopic ? Ce long-métrage bouleversant de 1h57 retrace la vie de Lee Miller, photographe et reporter de guerre. Un moyen pour le public de découvrir qui était cette talentueuse et mystérieuse femme.
Le film Lee Miller, très attendu du grand public, permet d’en apprendre davantage sur l’incroyable vie de cette ex-modèle pour Vogue, devenue l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.
Une femme méconnue du grand public
Si le nom de Lee Miller ne vous disait probablement rien auparavant, cela s’explique par le fait que son travail n’a été reconnu qu’à titre posthume. En effet, Lee Miller, née en 1907 aux États-Unis et décédée en 1977, n’a pas eu la reconnaissance qu’elle méritait de son vivant. D’abord modèle pour le magazine Vogue, elle commence petit à petit à s’intéresser à la photographie. En 1940, elle travaille à Londres pour le British Vogue en fournissant des photos de mode et des portraits. C’est en 1944 qu’elle devient correspondante de guerre dans l’armée américaine et sur les terrains de guerre. Elle fera notamment équipe avec David Sherman, photographe pour le magazine Life, avec qui elle prendra de nombreux clichés à travers une Europe guerrière.
Tout au long de son périple, deux moments marqueront sa carrière. Le premier : la découverte des camps de concentration de Dachau et Buchenwald lors de leur libération, qui lui permettra de prendre d’importantes photographies. Elles seront, après de nombreux débats, publiées dans l’édition américaine de Vogue. Le deuxième : sans doute l’une de ses photos les plus connues, Lee Miller nue, dans la baignoire d’Hitler quelques jours après la mort de ce dernier.
La photographe laisse après sa mort 60 000 photographies dans ses cartons. Son œuvre photographique et journalistique est redécouverte dans les années 1990. Son fils Anthony fouille les archives de sa mère et publie plusieurs livres sur sa vie et son œuvre afin de faire connaitre son travail à travers le monde.
Un film juste et puissant
Avec Lee Miller, Ellen Kuras signe un long métrage puissant et bouleversant. Le film est sobre, minimaliste, avec une image visuelle très simple, sans effets, ni besoin d’en montrer trop ou pas assez. Kate Winslet, dans le rôle principal, est magistrale et incarne à la perfection cette femme forte et rebelle. Le casting dans sa globalité est assez exceptionnel, en passant d’Andy Samberg (David Sherman) à Marion Cotillard, toutes et tous très justes dans leurs rôles.
Le film en lui-même est un bel hommage au métier de journaliste et de photographe. Il met en lumière la difficulté de vouloir dire ou montrer une certaine vérité. Il démontre les risques que prennent les reporters de guerre et les correspondants, dans l’obtention d’informations et de preuves. En parallèle, ce film montre aussi le combat d’une femme, qui a réussi dans un monde d’homme, à se battre pour son travail et à obtenir ce qu’elle veut.
Le long métrage aborde enfin le sujet du post-traumatisme que peuvent ressentir les journalistes qui ont vu des horreurs, comme Lee Miller dans les camps de concentration. La relation mère-fils est évoquée de manière très simple et met en exergue la difficulté de vivre quand on en a « trop vu ». Elle montre les efforts qu’une mère fait pour protéger son enfant de son passé.
Aucun film n’avait jamais encore été fait sur la photographe : c’est chose faite, et plus personne ne pourra désormais oublier Lee Miller.
Qui est la femme exceptionnelle? Lee miller ou Lucie Gendre Potier?