En lecture
Séries Mania, conférence : La guerre sur nos écrans, l’avis des grands reporters

Séries Mania, conférence : La guerre sur nos écrans, l’avis des grands reporters

Saison 4 "Fauda" de la série sur la guerre

Ce mois de mars, du très attendu Festival Séries Mania, accueillait une de ses première conférences à Lille, autour de l’incarnation de la guerre en série. Elle mettait à l’honneur Florence Aubenas et Pierre Haski, deux grands reporters dont la carrière démontre les connaissances des conflits armés. Sur fond d’extraits de séries, ils nous éclairent sur un sujet que -pour beaucoup- nous ne touchons du doigt qu’à travers nos écrans.

Dimanche 18 mars, des bribes de “Génération Kill”, “Les sentinelles”, “Fauda”, ou encore “Coeur Noir” défilent sur l’écran géant du théâtre du Nord de Lille. Une conférence a priori sans embûche mais qui a débuté par l’intervention de manifestants, qui ont jailli du public, en opposition à la réforme des retraites. Une quinzaine de minutes plus tard, ils ont quitté les lieux après avoir déposé aux pieds des deux invités une pancarte sur laquelle était inscrite “La guerre dans la rue, pas dans vos écrans”. Florence Aubenas s’est exprimée sur le sujet en se disant être “désolée de donner l’impression de faire du divertissement”.

Objet d’analyse extraordinaire, et aimer la guerre est-il un fantasme malsain ?

La reconstitution de la guerre sur nos écrans est-elle un fantasme malsain ? Pour Pierre Haski, cette curiosité est bénéfique puisqu’elle nous pousse à nous questionner sur le conflit : “Les séries nous font rentrer par le petit bout de la lorgnette, dans des microcosmes de complexité humaines, politiques, géopolitiques”, affirme-t-il. Grand consommateur d’œuvres audiovisuelles, il avoue être “fasciné par ces couches historiques qui s’entremêlent”, sur cet héritage qui nous en apprend d’avantage sur le contexte.

Néanmoins, nos deux interlocuteurs alertent sur la difficulté de reconstituer un conflit dont on ne connaît pas le dénouement. “C’est difficile de le mettre en scène, ou de le représenter”, confie Florence Aubenas  au sujet du conflit israélo-palestinien. Ces guerres actuelles sont différentes de celles décrites dans les livres d’histoire, mais elles font pourtant de nombreuses victimes. Attention donc, à ne pas confondre fiction et réalité.

Pierre Haski, Florence Aubenas et ... lors de la conférence "Peut-on représenter la guerre en séries" lors du festival Séries Mania 2023 à Lille ©Marieke / Pépère News
Pierre Haski et Florence Aubenas  lors de la conférence “Peut-on représenter la guerre en séries” lors du festival Séries Mania 2023, à Lille ©Marieke / Pépère News

L’importance des séries racontées par ceux qui l’ont vécu

Qui de mieux placé pour représenter les guerres que ceux qui l’ont vécu ? C’est le cas dans la série “Fauda” disponible sur Netflix. “À la différence des autres séries qu’on a vu précédemment, le scénariste, le réalisateur, ont fait parti de cette unité israélienne. Ils l’ont fait et ils l’ont vécu : ça change tout”, nous explique Pierre Haski, spécialisé dans le conflit israélo-palestinien.

Florence AUbenas, qui couvre actuellement la guerre en Ukraine, confie que des “projets de films par des Ukrainiens” sont en cours de tournage. La journaliste souligne également la complexité de raconter la guerre des autres.

Parti pris dans les séries, peut-on être objectif ?

Raconter la guerre des autres est une mission délicate qui peut influencer l’opinion des spectateurs. “C’est cette irruption du passé avec les méthodes et les technologies du XXIème siècle. Cette guerre des récits a un enjeu énorme, qui est la conquête des opinions publics du reste du monde”, confie Pierre Haski.

“Génération Kill” est une de ces nombreuses série abordées par le point de vue militaire. “On ne se concentre que sur le soldat Américain dans sa naïveté (…) mais on ne sait pas contre qui on se bat”, explique le directeur de Reporter Sans Frontière. Susanna White et Simon Cellan Jones, producteur de la série parue en 2008, plonge le spectateur dans la cruauté de cette guerre d’Irak où l’ennemi est invisible. Il est alors possible d’être amené à se questionner sur un certain parti pris, une idée biaisée du conflit lorsque les réalisateurs, acteurs, ou producteurs prennent part à l’élaboration d’un projet artistique.

Florence Aubenas insiste sur l’importance des points de vue. Une série racontée par les militaires est une représentation de l’armée, mais pas de la guerre  : “Vous n’avez pas sous les yeux une situation. Ce qui est très important à expliquer aux téléspectateurs -celui qui va voir votre reportage- c’est ce que vous avez fait, dans quel contexte vous l’avez fait, et ce que vous montrez.” C’est là toute l’importance de voir la divergence des points de vue.

Quelle est votre réaction ?
J'adore !
2
J'ai hâte !
0
Joyeux
0
MDR
0
Mmm...
1
Triste...
0
Wow !
0

Auteur/Autrice

Voir les commentaires (0)

Répondre

Votre adresse Email ne sera pas publié

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.