The Fortress, une fiction réaliste

The Fortress

À l’occasion du festival Séries Mania, avait lieu le mardi 21 mars la projection de deux épisodes de The Fortress, au Nouveau Siècle. Le Pépère News était présent au dévoilement de cette série norvégienne qui semble avoir conquis le public.

Une foule conséquente venue assister à la projection d’une série originale, tant par les sujets qu’elle traite que sa nationalité, voilà un bon résumé de la séance du 21 mars au soir. En effet, il s’agit d’une équipe norvégienne qui présente sa réalisation pour le cinquième jour du festival. Une œuvre mélangeant science-fiction et véritables enjeux sociétaux.

Une série de légère anticipation

Malgré les deux seuls épisodes présentés, la production est captivante dès les premiers instants et donne envie de connaître la suite. En résumé, The Fortress présente la Norvège dans un futur proche, qui décide de se couper du reste du monde par un gigantesque mur. Le pays est devenu autosuffisant et les habitants jouissent d’un bien-être que leur envie une humanité qui fait face aux conséquences de la crise climatique. Cependant, une pandémie mortelle se déclare et les Norvégiens vont bientôt se retrouver piégés derrière ce mur qui devait pourtant les protéger.

La série sera prochainement disponible sur Viaplay, une plateforme de streaming de films et de séries scandinaves, qui n’est pas encore disponible en France, mais qui pourrait le devenir d’ici peu. Anders Jensen, le président de cette plateforme, a déclaré dès 2021 que pour son groupe, “la France est définitivement à notre portée. C’est une évolution naturelle pour nous“.

Une série moderne et engagée

En prenant des billets pour cette projection, il y a plusieurs attentes qui se mélangent mais notamment celle d’une pure science-fiction à l’image des productions hollywoodiennes. Or, la série fait écho à l’actualité et nous dévoile un véritable tableau des grands enjeux de la dernière décennie. Pandémie, crise migratoire, nationalisme, crise environnementale, tout y est. Mais ce qui est encore plus étonnant, c’est que le scénariste, John Kare Raake a initié le projet avant de grands évènements qui se sont déroulés ces dix dernières années.

En effet, c’est en 2014 que le scénario a vu le jour, avant l’élection de Donald Trump et sa décision de fermer les frontières avec le Mexique, et pire encore, avant d’avoir eu connaissance également de la pandémie de Covid 19 qui allait pousser les États à se replier sur eux-mêmes. John Kare Raake évoque comme première inspiration ces bateaux qui se sont échoués sur les plages grecques en provenance d’Afrique dès les années 2010. Ce fut pour lui une prise de conscience sur la façon dont la crise climatique allait changer beaucoup de choses en Europe. Idée qu’il a alors voulu retransmettre à travers son œuvre.

Loin des clichés et des stéréotypes habituels, The Fortress a pour personnages principaux trois brillantes femmes. La première tente de mettre sa famille à l’abri de la crise qui touche le monde, la seconde est une talentueuse scientifique prête à tout sacrifier pour trouver des solutions d’avenir afin de lutter contre le virus. Enfin, nous assistons dès le deuxième épisode à l’ascension d’une jeune femme au sein des ministères du pays, rédactrice des discours d’hommes politiques.

Équipe de la série The Fortress répondant aux questions d’un journaliste du Monde © Thomas Boucher / Pépère News

Une métaphore de la politique et de l’histoire norvégienne

À la fin de la projection, l’équipe de The Fortress a développé plusieurs points sur les parallèles que cette série faisait également par rapport à la situation réelle en Norvège. Avant tout, la base de l’histoire fait référence à l’histoire et à la politique norvégienne. Effectivement, ce pays a pendant longtemps été dominé par le Danemark et la Suède, et c’est donc devenu une tradition politique que de vouloir être autosuffisant.

Un sentiment d’indépendance très fort existe aussi en Norvège, lié aux deux échecs dans les tentatives de rejoindre le marché européen. Un sentiment qui se mélange à une impression d’invincibilité, de possibilité de tout faire, sans accueillir d’étrangers. Après avoir évoqué cette vision de leur pays, les producteurs et scénaristes posent alors la question de savoir si, finalement, le mur imaginé dans la série n’existe pas déjà sur certains points dans la réalité.

De plus, on peut remarquer un contraste nettement dessiné entre la beauté de la Norvège et l’extérieur. Tandis que dans le pays, la situation semble similaire à la réalité, calme et paisible, en dehors des murs, l’inquiétude règne pour les réfugiés qui ne savent pas ce qui se passe autour d’eux. Peu à peu, ces deux ambiances se rencontrent et finissent pas se mélanger, alors que la pandémie gagne de l’ampleur.

La compétition Séries Mania, vecteur d’une image

Bergen est l’endroit où The Fortress prend place. Ce n’est pas anodin, John Kare Raake l’explique lui-même en évoquant que “la peste noire est arrivée à Bergen“. Reprendre ce même lieu comme un début de pandémie permet de renvoyer à l’histoire de la Norvège et au fait que le pays a dû alors s’ouvrir au monde pour subsister.

Dans un élan similaire, l’équipe de la série déclare avoir voulu réaliser ce projet et le présenter en compétition à la fois pour montrer aux norvégiens ce qui se passerait si les politiciens acceptaient de se plier à ce que beaucoup veulent désormais, l’indépendance et l’isolation, mais aussi pour tenter de briser l’image que ce pays a de lui-même. Un choix qui semble avoir séduit l’audience puisque la série a remporté le prix du meilleur scénario.

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