39-45 elles n’ont rien oublié, un documentaire bouleversant
Les deux réalisateurs et frères Aguesse, originaires de Lille, présentent une version courte inédite de leur documentaire, 39-45 elles n’ont rien oublié. Il a été projeté à la médiathèque de Roubaix samedi 13 janvier 2024. Quatre témoignages mis en lumière par deux frères, qui forment un documentaire poignant.
La fierté se lit sur leur visage. Germain et Robin Aguesse ont le plaisir de présenter, un an après sa sortie, une version courte de leur documentaire 39-45 elles n’ont rien oublié au public de la médiathèque de Roubaix, samedi 13 janvier 2024. Le public regarde avec attention ce film qui retrace le parcours de quatre françaises durant la Seconde Guerre mondiale. Des anecdotes émouvantes et des expériences touchantes sont dévoilées pour que la mémoire de ces femmes ne s’efface jamais.
Un projet familial
« Notre grand-mère nous racontait beaucoup d’histoires de la guerre », affirme Germain Aguesse, co-réalisateur. Tout est parti d’une discussion anodine entre une grand-mère, Marie-Claire, et ses petits-fils. « Nous voulions juste capter son témoignage pour nous, pour notre famille », rajoute-il.
La discussion avec Marie-Claire progresse lorsque cette dernière évoque des bobines de films tournées par son beau-frère, qui a vécu et participé à la libération d’Orléans, puis de Paris. Très vite, les deux frères se mettent en quête des bobines de ce cinéaste amateur. Ce projet familial va se transformer en un grand projet cinématographique.
Quatre témoignages de femmes et une guerre
« Nous voulions créer un documentaire regroupant le témoignage d’autres femmes comme notre grand-mère ». À deux, Germain et Robin Aguesse contactent trois autres femmes qui, tout comme leur grand-mère, ont des « choses » à dire. Elles n’hésitent pas à participer au projet. « Leurs histoires méritent d’être racontées », soutient Germain. Une envie est née pour les deux frères, celle de raconter la place des femmes au sein de la guerre.
39-45 elles n’ont rien oublié se construit autour des expériences intimes racontées par quatre femmes. Lili Keller-Rosenberg, née à Croix, raconte avec dignité son épreuve des camps de concentration nazis de Ravensbrück et Bergen-Belsen avec sa mère et ses frères, alors qu’elle n’avait que onze ans. Leur mère les incitait à toujours garder leur dignité dans cet endroit sans nom où la puanteur régnait.
Geneviève Pouille-Delerive, résistante d’Armentières, évoque avec émotion la lutte de ses parents, membres fondateurs de La Voix du Nord. Alors qu’elle n’était qu’une petite fille, elle avait pour mission d’apporter le journal aux portes des résistants.
Frédérique Hébrard s’exprime à son tour à propos du sauvetage des œuvres du Louvre avant l’arrivée des Nazis et de la mise en lieu sur de la précieuse Joconde.
Enfin, la grand-mère des réalisateurs, Marie-Claire, fille de soldat, relate les visions d’horreurs de la guerre à laquelle elle a dû faire face à Orléans.
Quatre témoignages, des expériences différentes, qui racontent une seule et même guerre. Lors de la projection, il est impossible de passer à côté de la dignité avec laquelle ces femmes parlent de leur passé. L’émotion perceptible dans leur voix évoque des souvenirs, tous plus douloureux les uns que les autres.
« On a vécu ça, il ne faut pas le revivre. » – Geneviève Pouille-Delerive dans 39-45 elles n’ont rien oublié
Un documentaire poignant
Avec l’aide d’une petite équipe, les deux frères ont reconstitué des scénettes en chinant des objets ou en les empruntant à des musées. Des images d’archives inédites trouvées dans le grenier de leur grand-mère peuvent être admirées, restituant la chronologie historique des évènements racontée par la voix off de Benoît Allemane. Les quatre femmes livrent courageusement des souvenirs d’enfance vécus durant la Seconde Guerre mondiale.
L’harmonie entre les documents d’archives et les anecdotes forment un documentaire poignant dans lequel les histoires personnelles se mêlent à la grande Histoire. Jusqu’à la fin, le long-métrage tient les spectateurs en haleine. Il se termine avec la libération du pays tandis que Marie-Claire, Geneviève, Frédérique et Lili tentent de retrouver une vie normale après toutes ces épreuves.
Lorsque l’éclairage se rallume, les applaudissements remplissent la salle. Les spectateurs, émus, remercient Germain et Robin de leur avoir permis de visualiser cette version courte du long-métrage, bien que tous auraient aimé en voir plus. Un échange se crée entre les spectateurs et les réalisateurs. De nombreuses mains se lèvent pour interroger les deux frères mais aussi pour raconter à leur tour les expériences de leur grand-mère. Chaque membre du public se remémore les anecdotes entendues plus jeunes pour les partager avec toute la salle.
Plus qu’un simple documentaire, 39-45 elles n’ont rien oublié résonne en nous et réveille le souvenir de femmes de notre entourage, des femmes que nous avons écouté avec admiration et dont la génération tend à disparaitre. Germain et Robin dévoilent le parcours de femmes qui ont traversé la guerre avec courage et abnégation pour faire perdurer leur mémoire ainsi que le dévouement et le sacrifice de milliers d’autres.