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À l’Université de Lille, une table ronde pour appréhender les questions énergétiques

À l’Université de Lille, une table ronde pour appréhender les questions énergétiques

Table ronde "Énergie et plan de sobriété" à l'Université de Lille le 20.01.2023

L’espace culture du campus universitaire Cité scientifique accueillait vendredi 20 janvier une table ronde avec pour thème : « Énergie et plan de sobriété ». Alors que l’animation était assurée par deux référentes zéro carbone, les questions de consommations d’énergie ont été abordées avec quatre invités.

À l’initiative de Virginie Cogez, référente zéro carbone pour la Faculté des Sciences et Technologie (FST) et Laurence Delattre, référente zéro carbone pour la Faculté des sciences économiques, sociales et des territoires (Fasest), ce moment de discussion a été l’occasion d’aborder les questions d’énergie, de sobriété et de transition à l’échelle de l’Université de Lille. L’objectif est clair : « créer un moment de discussion qui associe les personnels, les étudiants et la direction ». Cette association des deux facultés a permis de croiser deux visions : « sciences humaines et sciences naturelles », pour « créer le dialogue, créer le lien, transmettre les informations en matière d’éthique environnementale ».

Un bilan carbone mitigé pour l’Université de Lille

La première partie de cette table ronde était consacrée à la présentation du bilan carbone de l’Université. Pierre Farges, chef de projet climat, est l’une des personnes responsables d’établir un document que l’on appelle BEGES pour Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre. Ce dernier fait l’addition de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur un périmètre donné (ici, l’Université de Lille). Il n’est pas intégral car il peut être difficile d’assurer une collecte de données complète ainsi que les facteurs de conversions en unités CO2.

Cinq postes de consommations sont pris en compte : énergie (consommation électrique et chauffage), une partie des achats réalisés par l’Université, constructions immobilières, déplacements (pour se rendre sur les campus et déplacements professionnels), et les déchets (notamment en fin de vie). Obligatoire tous les trois ans, le prochain BEGES sera publié cette année avec les données de l’année 2022.

Étienne Peyrat, premier vice-président de l’Université de Lille ne l’a pas caché : « l’Université de Lille n’est pas exemplaire en matière de transition énergétique. Cette table ronde pose un regard sur nos propres pratiques. » Certains postes d’énergie posent problème, celui des déplacements est en première place (53% des émissions totales avec 27.742.172 kilos CO2), arrivent ensuite les énergies (33% des émissions totales avec 17.300.707 kilos CO2). Le point noir pour le moment est l’utilisation encore trop fréquente de la voiture individuelle. Elle représente 24% des kilomètres parcourus mais 82% des émissions de GES. Le total des émissions, tous postes confondus s’élève à 52.107.691 kilos CO2.

« L’Université de Lille n’est pas exemplaire en matière de transition énergétique. » – Étienne Peyrat

Autre intervenant présent : Frédéric Boury, responsable de la sobriété énergétique pour l’Université de Lille. Il porte le même constat : le bilan des consommations sur les cinq dernières années est à la hausse (environ 3% par an). On peut noter la particularité de l’année 2020, marquée par la pandémie de COVID-19. Pendant les périodes de confinement, les bâtiments ont été maintenus ouverts et chauffés alors qu’ils étaient vides, ce qui a entraîné une augmentation inutile de la consommation d’énergie (augmentation de 34% de la consommation de chauffage).

Une problématique à l’échelle nationale

Que ce soit à l’échelle locale ou nationale, la problématique est générale : il faut « sortir des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone » . C’est ce qu’explique François Boulet, Directeur Études de Réseaux de RTE (Réseau de Transport d’Électricité, opérateur public français chargé de gérer le système électrique national), qui présente une partie des méthodes envisagées. Dans ce cadre, RTE a lancé en 2019 une large étude sur l’évolution du système électrique intitulée « Futurs énergétiques 2050 », publiée intégralement en février 2022.

Pourquoi 2050 ? Les orientations politiques ont changé ces dernières années avec l’objectif du 0% carbone net en 2050 et la sortie totale des combustibles fossiles. Mais d’un point de vue électrique, la feuille de route pour alimenter tout le monde en 2050 est complexe à mettre en place, car une multitude de scénarios sont à étudier.

« On a moins consommé parce que nos modes de vie ont changé » – François Boulet

Pendant son intervention, il s’est notamment félicité de l’hiver 2022-2023 où la notion de sobriété a été fortement utilisée. Un constat est simple : « on a moins consommé parce que nos modes de vie ont changé ». En comparaison avec les moyennes des hivers 2014-2019, la consommation d’électricité a diminué de 8,4%. Cette régression a permis, pour le moment, d’éviter les coupures d’électricité, alors qu’on a observé une baisse de la production, causée par la fermeture de nombreux réacteurs nucléaires. Il ne faut toutefois pas relâcher les efforts fournis et inscrire ces nouveaux modes de vie dans la durée, « avec une réduction de 5% de la consommation d’énergie chaque année pour atteindre l’objectif de zéro émission de carbone ».

Table ronde "Énergie et plan de sobriété" à l'Université de Lille le 20.01.2023
Échanges et discussions pendant la table ronde © Maxime Hernandez / Pépère News

Appliquer une sobriété énergétique à l’Université de Lille

En attendant la réalisation d’un plan concret, Frédéric Boury a pu exposer quelques actions prévues pour les années à venir. Tout d’abord avec des actions à court terme comme : la remise à plat des plannings de fonctionnement des bâtiments, la création d’une plateforme numérique de suivi des consommations énergétiques, la poursuite de la campagne éco-gestes, travaux (régulation/pilotage) à poursuivre, réflexion avec des groupes de travail afin d’élaborer un plan de transition énergétique. À moyen terme, des politiques sont également envisagées : rénovations énergétiques lourdes, rénovation de la bibliothèque universitaire de Pont de bois, déploiement de centrales photovoltaïques, etc.

Contrairement à Strasbourg, il n’a pas été question de revoir le calendrier universitaire. Pour Étienne Peyrat, il s’agit « de plutôt réfléchir à une utilisation intelligente des espaces et optimiser les usages ». Par exemple, la campagne « éco-gestes » a été lancée à l’automne dernier afin de « donner quelques clés à chacun pour pratiquer ensemble des gestes simples et utiles à tous ». Il n’y a, pour le moment, pas de données chiffrées sur les résultats, même si une baisse de la consommation a été observée, en relation avec les actions entreprises. E.Peyrat ajoute « qu’il ne faudrait même plus que ce soit une campagne, il faudrait que ce soit permanent ».

Les enjeux ne portent pas uniquement sur l’écologie. Pour Frédéric Boury, « La sobriété énergétique n’est pas seulement une question éthique, mais aussi économique ». L’Université de Lille a reçu à peu près trois millions d’euros, au titre d’un fonds d’intervention dédié à l’énergie. Il faut mettre cet apport financier en rapport avec le surcoût de consommation qui est de l’ordre de neuf millions d’euros, donc la compensation financière est estimée à un tiers du surcoût énergétique. Une deuxième compensation est prévue en 2023 indique Étienne Peyrat : « On espère avoir une compensation plus élevée. Pour nous, ce n’est pas parce que nous payons de lourdes factures que nous devons faire l’impasse sur des investissements capables d’accélérer cette transition. » Plus concrètement, la réalisation d’un document directeur est prévue dès le mois de juin avec pour objectif la création d’un plan de sobriété énergétique.

En tant qu’étudiant, il est également possible d’agir. Le premier vice-président complète : « Il y a notamment une instance qui est le conseil étudiant : on veut tester dès le mois de février certaines idées et connaître les attentes des étudiants. Je pense qu’il faut qu’on travaille avec les étudiants sur des financements spécifiques portant sur la vie étudiante (grands événements culturels et vie associative). ».

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