Avec “Fiasco”, Netflix renoue avec l’humour, sans prise de risques
Fin avril, la comédie française Fiasco est sortie sur Netflix. Très attendue, cette mini-série d’Igor Gotesman nous plonge dans le tournage catastrophique d’un film de Raphaël Valande, incarné par Pierre Niney, en hommage à sa grand-mère résistante. Retour sur les sept épisodes de cette production plutôt réussie, mais qui ne parvient pas pour autant à atteindre le niveau d’autres comédies françaises sur Netflix.
Après le succès de Family Business, Igor Gotesman revient sur Netflix avec Fiasco, une série qu’il a écrit avec Pierre Niney. Un projet que tout deux rêvaient de faire depuis longtemps, et qui a su se faire attendre des fans de Family Business ou de Five, dans lequel Pierre Niney tenait déjà le rôle principal. “La première fois qu’on en parlé c’était il y quinze ans”, révélait l’acteur sur le plateau de l’émission Popcorn.
Après trois ans de production, Fiasco est disponible. On y suit le tournage du premier film du réalisateur Raphaël Valande, Une femme résistante, un long-métrage qu’il réalise en honneur à sa grand-mère résistante. Maladroit et peu sûr de lui, il enchaine les bourdes, du dérapage misogyne relayé sur les réseaux sociaux à l’amputation involontaire d’une cascadeuse. Peu à peu, le tournage se transforme en véritable cauchemar au fil des erreurs du réalisateur, qui doit aussi également composer avec un ennemi, le “corbeau”, qui veut saboter le film.
Une mini-série « Mockumentaire » humoristique aux airs de déjà vu
Clairement inspirée de The Office, la série se présente aussi comme un « mockumentaire », c’est-à-dire un faux documentaire, en l’occurrence sur le tournage d’un film. La forme est intéressante, car elle offre un environnement de coulisses, propice à la comédie. Dès le début, la série se concentre sur le personnage de Raphaël Valande. Igor Gotesman et Pierre Niney misent clairement sur ce protagoniste à l’aspect de loser qui crée malaise sur malaise, et incapable de dire la vérité, ce qui lui vaudra de nouveaux problèmes.
Progressivement, le titre de la série prend tout son sens au moyen de situations de plus en plus catastrophiques. Avec un savoureux mélange de gêne et d’absurde, certains gags sont réussis comme celui où le réalisateur blesse involontairement une cascadeuse, et d’autres moins, quand on pense à la scène de la diarrhée devant Claire Chazal… Des moments qui pourront certes faire rire bon nombre de spectateurs, mais sans réelle prise de risque de la part de Pierre Niney qu’on a l’impression d’avoir déjà vu dans ce genre de rôle dont le malaise traverse l’écran, comme dans Le Flambeau.
On l’a également vu jouer un réalisateur en 2023 dans le film Le livre des solutions. Les autres personnages font le même effet avec des scènes amusantes, sans toutefois nous surprendre, et ce malgré le talent du casting cinq étoiles, de Géraldine Nakache à François Civil. On soulignera tout de même la prestation de la jeune Juliette Gasquet qui joue brillamment Gabrielle, une simple élève de troisième en stage d’observation qui va devoir arranger les problèmes du tournage. L’interprétation de Pascal Demolon en son personnage de producteur ringard et dépassé est également très réussie.
Une satire trop timide du cinéma français
Au-delà de la comédie, Fiasco était aussi l’occasion de critiquer avec ironie le cinéma français et ses travers. Si certains moments et personnages s’inscrivent dans cette volonté, la satire ne va pas jusqu’au bout et n’est pas clairement assumée. On a quelques tentatives, comme avec le personnage joué par Vincent Cassel, Robin Jacomet, un acteur-star totalement cliché, mais on pourrait regretter que la série n’aille pas plus loin que ça.
En fin de compte, Fiasco se révèle être une mini-série sympa et amusante, mais elle ne parvient pas à atteindre le niveau humoristique de Drôle, précédente production de Netflix en France, ni à rendre compte des mœurs du cinéma français aussi bien que Dix pour cent, également disponible sur la plateforme.