« Je suis encore debout » : le quotidien d’une SDF vivant à Lille

Véronique, surnommée « Vers », 34 ans, est sans domicile fixe (SDF) depuis 2019 à Lille. Du fait d’un enchaînement de mauvaises fréquentations, elle a tout perdu du jour au lendemain.

Comme plus de 3.000 personnes aujourd’hui dans la MEL (métropole européenne de Lille), Véronique est SDF. Comme tous, elle essaie de survivre malgré les difficultés que peut engendrer la rue. Depuis quelques années, la demande de logements sociaux est croissante, de même que le nombre de ménages en situation de précarité. En 2022, il y a 6,2 fois plus de demandes que d’attributions de logements (62.713 demandes de logements pour 10.127 attributions au sein de la MEL).

« Quand tu es dans la rue, tu tombes dans la merde. »

Après des premiers jours compliqués à culpabiliser, Véronique s’est sentie très seule les premiers mois en tant que SDF. Au fil des années, elle a réussi à tisser un entourage de confiance malgré tout. Tombée dans l’alcoolisme et la drogue jeune, elle consomme quotidiennement du tabac, de l’héroïne et jusqu’à douze cannettes de bières par jour. Elle souffre aujourd’hui d’une infection pulmonaire, engendrée par sa situation. Par peur de se faire retirer la moitié d’un poumon, elle ne veut pas aller à l’hôpital malgré son état et ne veut plus se faire soigner.

Véronique, grâce à ses démarches, a eu la chance de pouvoir accéder à un logement. Son emménagement aura lieu dans très peu de temps, mais elle semble inquiète. Pour elle, l’extérieur est synonyme de liberté. Par habitude, comme pour tous ses amis, elle ne supporte plus l’enfermement et a toujours besoin d’être près d’une fenêtre si elle se trouve à l’intérieur. Les endroits tels que l’ascenseur sont pour elle synonymes d’étouffement.

« Une fille à la rue ne doit jamais dormir à découvert. » 

Dans la rue, les réflexions qu’elle subit sont à base de « pouilleuse », « crasseuse » ou encore « salope ». De plus, les agressions y sont fréquentes, surtout pour une femme : Véronique a été victime d’une attaque récemment, des coups de pieds à la tête par deux jeunes d’un foyer. Des propositions de relations sexuelles contre de l’argent, provenant d’hommes, lui sont également soumises au quotidien. Malgré toutes ces épreuves, elle essaie de faire très attention. Ce qu’elle demande est simple : avoir un minimum de respect et de politesse.

Véronique se prépare à faire face à l’hiver à Lille, ce n’est pas son premier. Elle a tout pour s’habiller chaudement mais redoute la neige. Elle s’occupe également d’aller chercher des cagettes pour faire du feu lors des nuits les plus froides de cette saison hivernale, qu’elle considère comme la plus dure.

Quelles solutions ? 

– Le 115 (Samu social), un service d’urgence disponible 24h/24h pour aider les personnes dans le besoin. Véronique utilise ce numéro souvent pour demander une couverture ou un logement pour la nuit, même si ses demandes ne sont pas tout le temps assouvies.

– Les foyers : des endroits pour accueillir et loger gratuitement des personnes en situation précaire. Véronique ne se sent pas en sécurité pour y aller. Déjà quotidiennement complets, les centres d’hébergement font de plus l’objet, pour certains, de vols, de violences, d’agressions et parfois même de viols.

– Les associations : de nombreux organismes existent avec pour objectif de distribuer de la nourriture ou de quoi se réchauffer. Des maraudes sont organisées, mais encore une fois Véronique nous alerte sur le rythme irrégulier de ces dernieres qui fait qu’on ne peut pas compter uniquement sur cela.

En bref, malgré le nombre d’infrastructures disponibles à Lille pour lutter contre la précarité, du chemin reste à faire pour prouver leur efficacité d’après Véronique. Elle préfère donc dormir dans des lieux comme le métro, sous des escaliers, au Lavoir (une laverie solidaire) ou chez des amis.

Le cas de Véronique n’est pas un cas isolé. Des milliers de personnes ont une histoire similaire à la sienne dans tout le pays. Des solutions et prises en charge de l’État sont donc toujours attendues afin d’améliorer la situation des plus précaires en France.

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