Lille dit non au fascisme du bar La Citadelle
Ce vendredi 24 février à 19h, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur la Grand’Place de Lille, à l’appel d’une trentaine d’organisations pour demander la fermeture définitive du bar identitaire La Citadelle. Un peu plus tôt dans l’après-midi, le Tribunal administratif a rejeté l’arrêté fermant le lieu.
Après l’annonce de l’organisation d’une soirée intitulée “Qu’ils retournent en Afrique”, la mairie de Lille et la Préfecture du Nord avaient annoncé l’interdiction de l’événement ainsi que la fermeture du bar La Citadelle. Le motif retenu était celui du “non-respect de la règlementation des établissements recevant du public”. Considérant que les manquements présentés auraient dû alerter plus tôt la mairie, le Tribunal administratif a rejeté l’arrêté vendredi après-midi. En réaction, Martine Aubry et le Préfet ont déposé un nouvel acte interdisant la soirée prévue. Le bar reste donc ouvert, une décision qui a davantage motivé le rassemblement suivi par l’ensemble des mouvements de gauche.
L’unité face au danger
La foule est compacte et dense devant le théâtre sur la Grand’Place. “C’est un combat dans lequel nous devons tous être unis. Il faut un front antifasciste et rien n’incarne mieux le fascisme à Lille que La Citadelle”, lance le responsable de la section des Jeunes communistes de Lille, Jules Chabbert. Unies, les organisations présentes ne pouvaient pas plus l’être. Au total, plus de trente syndicats, partis politiques, associations avaient appelé à se rassembler pour demander la fermeture définitive du bar présidé par Aurélien Verhassel. Les drapeaux sont nombreux, les logiques partisanes sont balayées et tous chantent comme un seul homme, “Siamo tutti antifascisti”, nous sommes tous antifascistes.
Si la détermination de combattre le fascisme est certaine, la crainte qui l’explique l’est tout autant comme le dévoile Youna, une étudiante rencontrée parmi les manifestants. “J’ai vu le film Génération Hate sur le campus de Pont de bois. Les discours, la violence, les menaces, tout m’a choqué”. Pour beaucoup, laisser le bar La Citadelle ouvert mettrait en danger la population. “C’est la porte ouverte aux violences de rue, à la propagation de leur haine”, estime Jules Chabbert.
Un sentiment partagé par le député LFI Carlos Martens Bilongo, lui aussi présent ce soir. “La banalisation des idées d’extrême droite risque de mener à des affrontements, des conflits. Ces groupes, ces partis, réaniment un passé douloureux. Nous savons d’où ils viennent et nous sommes là pour leur dire que les combats féministes, écologiques, humains, ne veulent pas d’eux”, exprime le député.
“Le laisser ouvert, c’est donner un droit d’exister à la haine qu’il propage”
L’un des enjeux majeurs de ce rassemblement est de rappeler que la racisme reste un délit. Un point particulièrement important pour les immigrés depuis la découverte de l’intitulé de la soirée prévue par le bar, qui renvoie aux propos racistes tenus par le député RN Grégoire de Fournas à l’Assemblée nationale. Pour Saïd Bouamama, porte-parole du comité des sans-papiers 59, le nom de cette soirée est “une insulte aux droits démocratiques et à tous ceux qui se sont battus pour que le racisme devienne un délit. Face à cette situation, il demande aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités. Laisser ce bar ouvert, c’est donner un droit d’exister à la haine qu’il propage. La notion de réunion privée n’est qu’une couverture que l’État et la Préfecture doivent dépasser”.
Si les propos et actes fascistes sont bien identifiés, comme l’utilisation du mot “race” par Aurélien Verhassel, certains estiment important de pointer du doigt des profiteurs. “Ce sont ceux qui ont intérêt à ce que les travailleurs se divisent qui font monter le fascisme. C’est aussi Bolloré, Hanouna”, scande un militant Solidaires étudiants lors d’une prise de parole. Certains partis politiques sont aussi visés. Le Rassemblement National et Marine Le Pen, ne sont que “le marche-pied du fascisme” pour Carlos Martens Bilongo. Des discours conclus par quelques fumigènes et chants antifascistes. À noter que la rue permettant d’accéder au bar de La Citadelle était fermée par les forces de l’ordre et qu’aucun incident n’a eu lieu.