Bar La Citadelle, la mairie ferme l’établissement

Le bar La Citadelle aura donc provoqué la polémique de trop. Alors que l’établissement annonçait le 9 février l’organisation d’une soirée thématique “Qu’ils retournent en Afrique” le 24 février prochain, la mairie a décidé de la fermeture du local avec effet immédiat. Le gérant du bar, Aurélien Verhassel, va attaquer en référé l’arrêté de fermeture prononcé contre son établissement.

Même si la fermeture de l’établissement n’est pas encore définitive (une manifestation aura lieu vendredi 24 février sur la Grand’Place pour la demander), c’est une étape importante qui a été franchie dans la démarche de la mairie qui cherche à fermer le bar La Citadelle depuis plusieurs années. Après avoir été lié à plusieurs polémiques ces derniers mois, la municipalité a décidé cette fois-ci que le bar avait été trop loin, et a peut-être trouvé la faille juridique qui lui permettra de clore définitivement ce dossier.

Des polémiques qui s’accumulent

Ces derniers mois, le bar La Citadelle refait parler de lui. Le 8 décembre dernier, le syndicat Solidaires Étudiants avait prévu la projection du documentaire Generation Hate, filmé en caméra cachée dans le bar La Citadelle pour montrer les propos et projets hors-la-loi qui y sont prononcés. La séance avait été annulée suite à des pressions de groupes d’extrême-droite, et a finalement été reportée au 16 février.

Mais le 9 février dernier, le bar en question a annoncé son programme pour le mois de février et l’organisation d’une soirée jugée “raciste” par Martine Aubry dans un tweet en réaction à l’annonce du bar. La soirée était organisée “en l’honneur du député Grégoire de Fournas”, exclu pendant quinze jours de l’Assemblée nationale le 4 novembre dernier pour avoir lancé la phrase “Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique” au cours d’une prise de parole du député LFI Carlos Martens Bilong sur le navire humanitaire Ocean Viking. 

Une fois de plus Génération Identitaire et le bar la Citadelle organisent une soirée raciste. La prochaine le 24 février « qu’ils retournent en Afrique!» Je demande au Ministre @GDarmanin et au @prefet59 une fois de plus de de fermer le Bar @CitadelleLille pic.twitter.com/K1SPPP4odd

— Martine Aubry (@MartineAubry) February 9, 2023

Martine Aubry a alors saisi la préfecture et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour demander la fermeture du bar. En réponse à cela, le préfet a annoncé son intention d’interdire la soirée du 24 février, une interdiction qui, selon une avocate interrogée par 20 minutes, ne se fondait sur aucun motif légal si ce n’est “prévenir d’éventuels troubles à l’ordre public”, un motif que le gérant du bar, Aurélien Verhassel, entend attaquer immédiatement en justice.

Une fermeture encore incertaine

Cela fait plusieurs années que la municipalité de Lille tente de fermer le bar identitaire, sans succès jusqu’ici. Mais la ville pense avoir, cette fois-ci, trouvé la faille. Le 14 février, la municipalité a prononcé “un arrêté de fermeture de l’établissement avec effet immédiat”, pour avoir “enfreint la réglementation concernant les ERP”. Les pouvoirs publics auraient en effet constaté une fréquentation anormalement élevée de l’établissement au cours de la soirée du 10 au 11 février, “avec un effectif global de 70 personnes distinctes au total et de 39 personnes en simultanée”. 

La Ville de #Lille a décidé ce jour la fermeture immédiate du bar La Citadelle pour avoir enfreint les règles en matière d’ERP lors de la soirée organisée dans la nuit du 10 au 11 février derniers.
Les explications dans le communiqué ci-dessous. ⬇️ pic.twitter.com/ZOETutVVqf

— Martine Aubry (@MartineAubry) February 14, 2023

Toujours selon le communiqué, cet effectif dépasse largement le cadre d’un club privé réservé à ses adhérents, et doit donc faire l’objet d’un contrôle par les pouvoirs publics. La municipalité ayant estimé que l’établissement avait enfreint les règles concernant les ERP a donc décidé sa fermeture. Cette fermeture intervient ainsi car la ville de Lille a estimé qu’un événement pareil aurait “mis en danger les personnes présentes” et qu’au vu des prochains événements organisés et de la médiatisation dont ils ont bénéficié, il fallait éviter qu’une situation de mise en danger ne se reproduise. 

Aurélien Verhassel a déclaré à l’AFP qu’il s’agissait d’une procédure “absurde et grotesque” ainsi que son intention d’attaquer en référé cet arrêté. En parallèle, le parquet de Lille a annoncé l’ouverture d’une enquête pour “provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie ou la race” concernant la soirée du 24 février. Malgré la décision de fermer l’établissement, il semblerait que le bar La Citadelle n’ait pas fini de faire parler de lui.