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My Policeman : entre passion et répression dans les années 50

My Policeman : entre passion et répression dans les années 50

Plan du film My Policeman ©Amazon Prime Video

Inspiré du roman de Bethan Roberts, le très attendu film My Policeman est enfin disponible sur Amazon Prime. Si le film se veut plus ou moins fidèle au roman, son histoire est aussi tragique que romantique, plongeant le spectateur dans un monde régi par le secret. Le film rejoint une actualité cinématographique déjà bien entamée, abordant le sujet de l’homosexualité.

Harry Styles de Don’t Worry Darling, Marion Taylor de The Crown ou encore David Dawson de The Last Kingdom, font partie du casting. Des acteurs et actrices d’excellence, choisis avec soin par le réalisateur Michael Grandage. Œuvre au lyrisme sombre, retraçant l’histoire de Marion, institutrice, Tom, un policier et Patrick, un conservateur de musée, le film s’appuie sur le journal écrit par Patrick, 40 ans auparavant. À double temporalité, pleinement ancré dans la société anglaise des années 50, le réalisateur plonge le spectateur dans le récit d’une romance interdite.

Une tragédie moderne

À la retraite, retirés dans la ville balnéaire anglaise de Peacehaven, Tom et Marion décident d’accueillir leur ancien ami, Patrick, ayant subi un AVC. La tension et la distance entre les personnages sont perceptibles dès le départ. Mais que s’est-il donc passé ? La suite du récit le dévoilera. Oscillant entre passé et présent, entre les visions de Patrick et Marion, My Policeman révèle une histoire d’amour pleine de douleur.

Flash-back, c’est dans le Brighton des années 50, que débute l’histoire. Marion se lie d’amitié pour Tom (joué par Harry Styles). Leur relation évolue. Amie d’abord, elle deviendra la fiancée de ce jeune policier. En parallèle apparaît Patrick, un conservateur du Brighton Museum of Art, qui se met à côtoyer le couple. Une amitié fusionnelle entre les trois s’organise. Les trente premières minutes donnent à voir une romance des plus banales. Rien d’alarmant, tout pourrait très bien s’arrêter ici. Pourtant, la suite, loin d’être simple, vient bouleverser le cours du film. Basculant vers le point de vue de Patrick, le spectateur devient témoin d’une liaison amoureuse passionnée mais interdite. Débutant, bien avant la rencontre au musée montrée dans la première partie du film, la relation de Tom et Patrick se heurte au climat glaçant et oppressant de l’époque. Punie par la loi, leur homosexualité devient la base d’un mensonge destructeur.

On pourrait s’accorder à dire qu’il s’agit d’un triangle amoureux mais la suite démontre le contraire. Car si Patrick est souvent présent avec le couple, il porte en réalité une haine profonde pour Marion. “Ils sont si mal assortis que je n’ai pu réprimer un sourire lorsque je les ai vus ensemble”, dira-t-il. Tiraillé entre Marion, la femme qu’il a marié, et l’homme qu’il aime, Tom devient alors un pilier, celui vers qui tout converge, produisant le trouble entre ces deux ennemis dont le seul point commun ne sera que leur obsession. Un mélodrame de comportements terribles et de souffrances sinistres s’ensuit. C’est ce sombre passé que Tom, Marion et Patrick se remémorent dans leur vieillesse.

L’intérêt du film dans l’espace cinématographique

En apparence, le film n’a rien à ajouter au canon des drames déprimants de la période LGBTQ +. Plusieurs références telles que Brokenback Mountain ou Call me By your Name, ont déjà mis en scène cette situation. Pourtant, la révélation de l’autrice au sujet de son roman pourrait faire changer d’avis les cinéphiles. Si le film s’inspire du roman de Bethan Roberts, elle a récemment dévoilé que My Policeman découlait lui-même de la vie de E. M. Forster, un auteur qu’elle admirait beaucoup. La violence du récit apparaît donc sous un autre jour, mettant en lien la fiction et le témoignage d’un homme homosexuel. Courante à l’époque, cette situation laisse imaginer la douleur de ces hommes, dont l’homosexualité était durement réprimée. La dualité et l’impossibilité de la relation s’expriment dans les non-dits, les silences et les regards.

Toute cette résignation et cet amour que porte Patrick à celui qu’il appelle “My Policeman” se transforment progressivement en miroir d’une époque conservatrice, marquée par le silence de ceux, qui furent punis pour la simple raison d’aimer.

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