“Ladies only”, quand les femmes se réapproprient la salle de sport

Dans le sud de Lille, rue de Douai, la première salle de sport “ladies only” de la métropole a ouvert ses portes en juin 2020. Le géant du secteur, Basic-Fit, fait la promesse d’un espace plus adapté à la pratique sportive des femmes, dans lequel elles se sentent moins intimidées et plus à l’aise pendant leurs séances.

Pour de nombreuses femmes de tous les âges, aller à la salle de sport est synonyme de stress et d’anxiété. C’est la problématique à laquelle Basic-Fit tente de répondre en ouvrant un peu partout des salles de sport “conçues par des femmes et pour des femmes” qui leur sont entièrement réservées.

Transpirer sans se soucier des regards extérieurs

Le club “ladies only” est situé à l’étage, au-dessus de la salle mixte. À l’arrivée, on a l’impression d’être dans une salle de sport comme une autre : des casiers sont mis à disposition et les haut-parleurs diffusent une musique motivante. L’espace est divisé en plusieurs zones pour travailler les différents groupes musculaires, de la zone cardio à la zone poids libre, en passant par la musculation et l’espace détente, le lounge. La conseillère fitness de la salle explique qu’à cet étage, toutes les employées sont des femmes. Et à part l’offre de poids, qui est adaptée à la morphologie féminine, il n’y a aucune différence avec les salles mixtes.

Aucune différence à part, peut-être, l’atmosphère, selon Chloé, étudiante de 22 ans : “L’ambiance est différente des autres clubs dans lesquels je me suis entraînée : ici, j’ai l’impression que ça se la pète moins. Tout le monde est concentré sur son activité et on ne se sent pas observée, comme ça pourrait être le cas avec des garçons.”

C’est ce qui rassure la plupart des sportives, dont certaines ont vécu de mauvaises expériences en s’entraînant dans des salles de sport mixtes. “J’ai vu beaucoup d’histoires de filles qui se font hameçonner ou même prendre en vidéo par des hommes à leur insu pendant qu’elles font du sport.”, témoigne Chloé. Être entre femmes rend l’entraînement moins intimidant pour un certain nombre d’entre elles, d’autant que la salle “ladies only” est relativement moins fréquentée que celle mixte.

Toutes les tranches d’âge sont représentées, toujours dans un climat bienveillant entre usagères. “Je me sens à l’aise ici. J’ai l’impression qu’on peut s’entraider, et c’est bête mais si je ne sais pas comment marche une machine ou que j’ai besoin d’un conseil, je vais plus facilement oser aborder des femmes.”, affirme Marion, femme d’une quarantaine d’année, qui a toujours eu envie de s’inscrire à la salle mais qui vient de passer le pas après avoir découvert l’existence des clubs “ladies only”.

La conseillère fitness ajoute qu’elle est bien plus sollicitée dans la salle “ladies only” de Porte de Douai que dans les autres Basic-Fit où elle a travaillé : “Beaucoup de filles viennent partager un moment entre copines, et elles osent plus facilement faire appel à nous.”

Un concept voué à s’étendre malgré les controverses

Aujourd’hui, si, sur les 13 salles de sport que compte Basic-Fit à Lille, une seule – celle de Porte de Douai – dispose d’un espace réservé aux femmes, le concept devrait bientôt s’étendre. Un espace “ladies only” pourrait prochainement être ouvert rue Nationale, de quoi satisfaire davantage les envies des nombreuses sportives lilloises.

Ce succès reste déploré par certains, qui regrettent que le personnel de Basic-Fit ne soit pas sensibilisé ni formé aux enjeux liés au genre. Peu après l’ouverture de la salle “ladies only” de Porte de Douai, une polémique avait éclaté sur l’accueil réservé aux personnes transgenres par les employés. De fait, seules les femmes cisgenres auraient accès à ces clubs, comme l’avait confirmé l’entreprise dans un mail adressé au collectif Collages Féministes Lille.