Nouveaux mutants, nouvelle déception
Porté par un casting cinq étoiles et labellisé comme premier film d’horreur super-héroïque, le dernier film de la saga X-Men avait toutes les cartes en main pour apporter du neuf à un genre en stagnation… Si les attentes sont grandes, la désillusion l’est d’autant plus.
Le film retrace l’arrivée dans une institution pour jeunes mutants de Danielle Moonstar, une jeune amérindienne qui a assisté à la destruction de son village par une étrange créature. Alors qu’elle rencontre d’autres jeunes mutants qui apprennent à gérer leurs pouvoirs naissants, elle comprend que l’hôpital dans lequel elle est enfermée cache de biens sombres secrets qui commencent à refaire surface.
Un film trop court et pourtant interminable
Les nouveaux mutants est le film le plus court de la saga X-Men et c’est sans doute pour cela qu’il est l’un des pires. Sa durée d’une heure et demie le contraint à une maigreur scénaristique affligeante qui pollue l’évolution et la caractérisation de chacun des personnages. Le destin de tous les protagonistes est expédié, faute de temps, et le résultat final semble avoir été plus charcuté au montage que la robe de Lady Gaga aux MTV Awards de 2010.
Le récit n’atteint jamais le potentiel qu’il a pourtant à portée de mains, préférant enchaîner les scènes bateau, au lieu de créer de véritables interactions entre les personnages. Le sentiment d’artificialité qui emplit ce long-métrage déborde alors de tous les côtés et le film déçoit tant il avait l’opportunité de briser certains codes avec – notamment – la représentation d’une romance homosexuelle en premier plan.
Des personnages en carton pâte
Le deuxième cheveu dans ce potage cinématographique n’est autre que la distribution. Pourtant, le casting du film relevait du génie commercial et artistique en réunissant de nombreux acteurs talentueux et connus du jeune public. Avec Anya Taylor-Joy (Gina dans la saison 5 de Peaky Blinders, Split), Charlie Heaton (Stranger Things) et Maisie Williams (Arya dans Game Of Thrones), le film pouvait compter sur une base d’acteurs expérimentés et appréciés par beaucoup. Malheureusement, desservis par une écriture digne d’une fan fiction made in Wattpad, aucun d’entre eux n’arrive à être crédible ou susciter un quelconque attachement de la part du public, aussi minime soit-il.
Autant au niveau fictif, où les personnages s’enfoncent dans des clichés éculés (le beau gosse avec une blessure affective, la peste Russe, la timide religieuse …), qu’au niveau du jeu d’acteur, rien ne fonctionne. L’ensemble de la distribution semble en improvisation totale, la plupart du temps à la limite de la léthargie émotionnelle, la faute à une direction d’acteurs qui rappelle celle d’un téléfilm M6 du mardi après-midi.
Il n’y a que le prix de la place qui vous effraiera
Pour l’aspect horrifique, il faudra aussi repasser. Le film ne se soucie guère de créer une ambiance oppressante, à l’image de l’hôpital où se déroule la majorité de l’action, préférant aligner les scènes prévisibles. Les moments d’horreurs, mal amenés, mal construits et mal intégrés, semblent présents pour respecter le cahier des charges. Cependant, elles n’ont aucune force émotionnelle puisqu’elles ne font jamais l’histoire ou évoluer les personnages.
Leur présence à intervalle régulier sert simplement à nous rappeler que le public est venu voir un film d’horreur, et qu’il assiste au massacre du septième art. La réalisation est aussi au rabais, la photographie est fade et le déchaînement d’effets spéciaux dans le troisième acte, sans doute réalisé par un stagiaire de troisième sur Windows Movie Maker, décrocherait la rétine à quiconque s’approcherait trop proche de l’écran de diffusion.
Il n’y a vraiment pas grand-chose à sauver de ce gloubi-boulga informe et l’on arrive même à se demander comment un film a pu sortir tel quel de la salle de montage. De l’histoire, en passant par le casting et la réalisation : absolument rien n’est à sauver et les chiffres du box-office semblent confirmer le désintérêt du public pour ce nanar super-héroïque.
Noah Gaume