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Que va réellement changer la « stratégie jeunesse » de la ville de Lille ?

Que va réellement changer la « stratégie jeunesse » de la ville de Lille ?

C'est au conseil municipal de la mairie de Lille qu'a été voté à l'unanimité la "stratégie jeunesse" le 8 octobre 2021 © Emma Duwez

Depuis le 1er janvier 2022, le « plan jeunesse » de la mairie de Lille est mis en application. Le conseil municipal lillois a adopté à l’unanimité une stratégie pour la jeunesse le 8 octobre dernier, qui s’étalera jusqu’à la fin du mandat de Martine Aubry, en 2026. Avec ces 40 mesures, cette stratégie porte de grandes ambitions. Mais qu’en est-il de son réel impact sur les 12-25 ans ?

C’est donc ce plan, avec 40 mesures réparties en 4 axes, qui va aiguiller la politique jeunesse de la ville pendant ces 5 prochaines années. Élaborée en partie grâce à une consultation des « acteurs jeunesse » (MJC, centres sociaux par exemple) et des jeunes eux-mêmes, cette stratégie a pour ambition de répondre du mieux possible aux problématiques auxquelles font face la jeunesse, encore plus au temps de la pandémie de Covid-19.

Une prise en considération des attentes de la jeunesse

Les jeunes lillois peuvent être réjouis en lisant les 40 mesures de la nouvelle stratégie jeune de leur ville. Ce plan a un impact sur tous les plans de leur vie, améliorés de la scolarité à l’accès à la culture et aux sports, en passant par l’insertion professionnelle ou encore l’accès au logement et à la santé. Pour la scolarité par exemple, la ville prévoit de développer de nouveaux espaces de travail pour les étudiants comme les espaces de « co-working ». Pour l’accès au sport, il est question d’ouvrir un dispositif d’aide à la licence. Même si ces décisions ne sont pas destinées à être appliquées dès maintenant mais à servir de guides pour les années suivantes, elles feront rêver plus d’un lillois, d’autant plus que la pandémie leur fait vivre une période difficile depuis plus d’un an et demi. Charlotte Brun, 3ème adjointe au maire chargée notamment de l’éducation et de la jeunesse, rappelle que toutes les mesures ne sont pas nouvelles : « Certaines d’entre elles sont des mesures existantes pour lesquelles la ville réaffirme son soutien ou le renforce », d’autres « vont faire l’objet de transformations et d’évolutions ». Le reste est constitué de nouveautés qui « seront développées jusqu’à la fin du mandat ».

« Les mesures qui sont développées dans la stratégie jeunesse ont été construites à l’appui des résultats de toutes ces consultations » ce qui permettra à la ville de « répondre au mieux aux besoins des jeunes » explique C. Brun. L’un des principaux objectifs de ce plan est de renouer le lien entre les jeunes et l’engagement politique dans la ville. Il était ressorti de la consultation qu’ils souhaitaient que « leur voix soit davantage prise en compte ». Le message est bien passé : selon la troisième adjointe au maire, le plan permettra de « renforcer les moyens donnés aux jeunes pour participer et s’investir pour leur ville. » Pour cela, la ville prévoit de faciliter le développement de l’engagement associatif et la participation citoyenne via plusieurs mesures : « Cela se traduit concrètement, par exemple, par l’évolution du budget participatif, la mise en œuvre d’une bourse d’aide au projet, le soutien à la création de Coopératives Jeunesse de service ». La stratégie jeunesse se veut être un moyen de rassembler les politiques et les jeunes : « Beaucoup de jeunes ont le sentiment que les politiques sont impuissants et qu’ils ne peuvent pas faire beaucoup de choses. Notre stratégie jeunesse dit au contraire : nous pouvons agir pour changer les choses, ensemble ! »

Un plan (trop ?) ambitieux

Cependant on peut se demander si ce n’est pas trop ambitieux, si les mesures seront toutes appliquées à terme et si elles auront un réel impact, ou si tout cela n’est que communication politique et promesses en l’air. Charlotte Brun assure que « les mesures sont toutes destinées à être appliquées durant le mandat ». Quant à leur financement, elle se veut confiante : « La ville dispose déjà d’un budget important dédié aux actions en direction de la jeunesse » de « 2 millions d’euros », qui sera renforcé d’un « budget complémentaire » afin de « renforcer les actions existantes ou de développer les actions nouvelles prévues ». Pour ce qui est de leur réel impact sur la vie des jeunes, l’adjointe croit en l’efficacité de son plan qui, selon elle, aura « un impact sur la vie quotidienne des jeunes qui vont pouvoir mieux mobiliser les aides et dispositifs pour réaliser leurs projets mais aussi mieux profiter des équipements culturels et sportifs de la ville et d’une programmation plus adaptée à leurs besoins et leurs envies ». Pour la mairie, cette stratégie est un réel engagement à vocation à changer la vie des jeunes lillois.

Une réaction au désintérêt politique des jeunes ?

Le plan veut aussi s’attaquer à la déconnexion entre les jeunes et les actions de la mairie. En effet, la consultation a mis en lumière le fait que les jeunes n’avaient pas connaissance des actions de la mairie en leur faveur et réclamaient davantage de visibilité dessus. Ce désintérêt, lié en partie au manque de communication, a été entendu : le développement d’une application qui centraliserait toutes les informations de la ville en relation avec la jeunesse afin de les rendre plus visibles et accessibles est prévu.

Au niveau national, selon un sondage de l’AFEV, un jeune sur deux se dit désintéressé de la politique. Ce phénomène ne s’explique pas par un rejet des formes traditionnelles d’engagement, mais plutôt par une méconnaissance des institutions. Beaucoup déclarent souhaiter en savoir plus sur ces organisations et la manière dont on les intègre. C’est ce même schéma que l’on retrouve chez les jeunes Lillois-es. Par exemple, Antoine, étudiant en communication, nous affirme « Je ne me sens pas concerné par la politique, j’ai l’impression de ne pas être mis au courant de ce qu’il se passe réellement dans le pays, la région et même ma ville.«  Ces problématiques semblent avoir été cernées par la mairie de Lille qui espère pouvoir changer cela pour que la voix des plus jeunes se fasse entendre et que ceux-ci prennent part à la vie politique.

Qu’en pensent les jeunes ?

Afin de sonder au mieux les avis sur la stratégie jeune, nous avons interrogés 5 jeunes hommes et femmes. Aucun d’entre eux n’avaient connaissance de ce plan. Il y a donc bien un vrai travail à effectuer sur la communication entre la mairie et les jeunes.

Pour autant, ceux-ci se sentent concernés par le plan à différents niveaux : Clara, 20 ans, s’enthousiasme davantage sur le développement d’espaces de « co-working » car selon elle, « les espaces de travail en groupe dans les bibliothèques universitaires sont trop vite saturés ». Quant à Rahim, 18 ans, il est plus enthousiasmé par les mesures qui concernent les activités sportives. Il poursuit en nous confiant que ces mesures peuvent aider les jeunes à découvrir de nouvelles choses, mais ne répondent pas vraiment à leurs préoccupations.  Émile, pour sa part, s’interroge à propos des résultats : « L’impact [du plan] dépend de l’implication des jeunes dans la concrétisation des résultats. Si des choses sont mises en place, il faut qu’ils en profitent ». Certains, comme Marie, se montrent réceptifs au plan. Même si elle ne se sent pas concernée par les actions de la mairie, « ce plan pourrait y contribuer » car il pourrait « faciliter l’accès à l’actualité de la mairie ».

En résumé, les avis sont mitigés mais plutôt positifs. Charlotte Brun nous a confirmé que la réalisation de ce plan sera possible avant la fin du mandat malgré le scepticisme de certains. Rendez-vous en 2026 pour faire le bilan de cette stratégie jeunesse.

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