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Spirits in the Forest : un exutoire artistique pour les fans de Depeche Mode

Spirits in the Forest : un exutoire artistique pour les fans de Depeche Mode

Crédit : Golan Gafni

Jeudi 21 novembre, le Kinépolis de Lomme ne débordait étrangement pas de cinéphiles, mais de fans de Depeche Mode, à l’occasion de la projection unique de Spirits in the Forest, du réalisateur néerlandais Anton Corbijn. Alliant film de concert et documentaire, Spirits in the Forest dépeint l’histoire de 6 fans mordus du groupe de new wave britannique ayant tous participé à leur tournée mondiale The Global Spirits Tour de 2017 à la Waldbühne , « scène forestière » emblématique de Berlin. 

 

                L’incontournable Dave Gahan, chanteur du groupe. Crédit : Sound of Brit.

 

Étant moi-même une fan du groupe pour les avoir vus en concert en 2017 au stade Pierre Mauroy à Villeneuve-d’Ascq, je n’ai pas pu résister à cette projection unique. Et vous apporte donc mon regard sur ce film.

Une expérience émouvante à travers les yeux des fans

Pendant 90 min, Spirits in the Forest jongle avec les témoignages de ces six fans pour enregistrer le lien qui les unit à Depeche Mode. Un lien d’autant plus précieux que révélateur de la résonance culturelle du groupe à l’échelle mondiale depuis les années 80. Il y a le fan de Roumanie, Christian, qui découvre en 1981 les albums du groupe entrés clandestinement sur sa terre natale à l’heure du rideau de fer.

Très prudent, il accroche les albums par peur de les endommager et les écoute en cachette. Mais aussi Indra, en Mongolie, qui ne comprend pas tout de suite les paroles anglaises du groupe. Daniel, au Brésil, dont les parents sont avocats, qui nous explique que Depeche Mode lui a permis d’échapper à son quotidien très formalisé d’un Brésil qui sort de la dictature dans les années 80. Carine, la Française, victime d’un grave accident de voiture, s’en sort amnésique jusqu’à devoir réapprendre à lire et écrire. Son seul lien résident est la musique de Depeche Mode. 

Spirits in the Forests est très habile dans l’art de manipuler nos émotions par ces témoignages et atteint son paroxysme avec les deux derniers fans qui me procurent d’intenses frissons.

C’est l’histoire de Liz, en Californie, atteinte d’un cancer du sein. Elle écoutait Depeche Mode lors de ses séances de chimiothérapie pour imaginer être ailleurs, à l’un de leurs concerts, qu’elle définit comme « la meilleure église où l’on puisse aller ». Et Dicken, le Colombien, qui crée un groupe de reprise de Depeche Mode nommé DMK avec ses enfants pour maintenir le lien avec eux, malgré son divorce et leur départ pour Miami.

Son témoignage est bouleversant lorsqu’on le voit pleurer sur la musique Precious du groupe, à un concert. Une musique que Dave Gahan a écrite pour ses enfants lors de son divorce, et qui dit notamment : « Angels with silver rings : Des anges aux ailes argentées / shouldn’t know suffering : ne devraient pas connaître la souffrance / I’d wish I could take the pain for you : je souhaiterais pouvoir endurer la peine à votre place ».

Qui s’accompagne d’une charge très dynamique

Au delà du regard novateur porté sur Depeche Mode par la découverte de ces fans, le réalisateur Anton Corbijn crée le plus grand bonheur pour les fans en salle. Il nous offre les performances musicales du groupe à la Waldbühne de Berlin lors de leur tournée en 2017. Et on apprécie particulièrement les performances de Dave Gahan, véritable personnage auratique du groupe, toujours accompagné par Martin Gore à la guitare et Andrew Fletcher à la basse. C’est comme alors assister à l’un de leurs concerts mais avec nettement moins de sensations ou de à « I just can’t get enough ».

 

Depeche Mode au stade Pierre Mauroy le 29 mai 2017. Crédit : Stéphane Mortagne.

 

C’est par cette alternance fine entre témoignages des fans et performances musicales que Anton Corbijn parvient à créer le parfait rythme de son film. Et à nous faire sourire lorsque l’on reconnaît nos six fans dans la foule berlinoise. Ou nous émouvoir par l’hommage de Dave Gahan rendu à David Bowie avec Heroes.

Mais qui, pour autant, me laisse un sentiment d’inachevé

90 min, c’est trop peu pour les fans insatiables de Depeche Mode ! Et on aurait apprécié avoir davantage de détails croustillants et de témoignages du groupe. Mais rappelons que la prétention de Spirits in the Forest n’est pas l’histoire de Depeche Mode mais bel et bien celle de ses fans, qui participent paradoxalement à l’histoire du groupe.

Mais alors, y aura-t-il un quinzième album pour rassasier les mélomanes de new wave ? Que les fans se rassurent, il est fort probable que le groupe remonte sur scène à l’occasion de ses 40 ans de carrière ! 

 

Bande annonce : 

 

 

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