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“Les gouttes de Dieu”, voyage sériel à la découverte de l’oenologie

“Les gouttes de Dieu”, voyage sériel à la découverte de l’oenologie

À l’occasion de la 13ème édition du festival Séries Mania qui s’est déroulée à Lille du 17 au 24 mars 2023, a eu lieu la première mondiale de la série adaptée du célèbre manga à succès de Tadashi Agi et Shu Okimoto, Drops of God (Les Gouttes de Dieu). Le Pépère News revient sur l’une des projections les plus attendues du festival.

20h30. L’auditorium du Nouveau Siècle fait salle comble. Presque 2.000 personnes sont au rendez-vous pour la présentation de la série réalisée par Oded Ruskin : Les Gouttes de Dieu. En lice dans la catégorie “Compétition Internationale“, c’est un événement pour la co-production française, japonaise et américaine, qui présente ses deux premiers épisodes. Pour l’occasion, sont notamment présents l’acteur et chanteur japonais Tomohisa Yamashita (Alice in Borderland S2), la comédienne Fleur Geffrier ainsi que Quoc Dang Tran (Le Bureau des légendes) créateur et co-scénariste de la série.

Une aventure pluriculturelle aux thèmes universels

Comment adapte-t-on un manga ?” : c’est la question qui a occupé Quoc Dang Tran qui, après la lecture des mangas, pensait l’adaptation impossible. C’était s’attaquer à un monstre japonais : le seinen (manga destiné aux jeunes hommes) de 44 tomes conquiert depuis presque 20 ans les publics japonais et français. Ainsi, pour Quoc Dang Tran, l’adaptation est un travail de “déconstruction et de reconstruction” de l’œuvre originale. “Il fallait essentialiser le manga, en gardant l’esprit des personnages et sa philosophie” : l’histoire de Camille, qui, suite à la mort de son père, oenologue de renom, est lancée dans une chasse au trésor dans le monde du vin l’opposant à Issei Tomine, “fils spirituel” du défunt.

L’équipe franco-japonaise, les collaborateurs américains, ainsi que le réalisateur israélien se sont retrouvés pour réaliser une série multiculturelle et polyglotte unissant les nationalités par l’universalité des thèmes traités. Cet universalisme s’exprime par le traitement du thème de l’héritage par le prisme du vin. C’est une série portant sur “l’éternel problème des racines et sur les rapports complexes entretenus avec les parents“, explique Fleur Geffrier. Le scénariste Quoc Dang Tran l’affirme, “On peut toucher du doigt l’universalité des émotions et des sentiments, écrire des histoires qui touchent le monde entier“. C’est ce qui a séduit Tomohisa Yamashita qui a “apprécié travailler en plusieurs langues et en côtoyant plusieurs cultures, mais qui convergent dans un même sens“.

Manga numéro 1 des Gouttes de Dieu dont s'inspire la série
Manga numéro 1 Les Gouttes de Dieu de Tadaski Agi et Shu Okimoto dont s’inspire la série ©Youriblog (Flickr)

Pourtant, le premier jour du tournage, c’est une curieuse note d’intention qu’avait laissé le réalisateur : “Bonjour, je suis Oded Ruskin, je suis israélien, je ne parle pas français et je n’aime pas le vin. Bon courage“. Des obstacles dépassés par le scénariste Quoc Dang Tran qui, avec le sommelier Sébastien Pradal, a cherché à rendre la série “audible pour un public qui s’y connaît très bien en vin mais aussi pour tous ceux qui n’y connaissent rien“. Dès lors, toute l’essence du manga est puisée dans l’ivresse de la compétition entre Camille et Tomine.

Les Gouttes de Dieu est un thriller enivrant, où quête de l’arôme devient quête existentielle. La série capte ainsi la philosophie du manga : un récit initiatique à la découverte du vin… et de soi.

Une adaptation entre fidélité et libertés

La différence majeure entre le manga et son adaptation concerne le personnage principal. Dans le manga, Shizuku est un jeune homme révolté contre son père. Au début de la série, le public découvre une jeune femme, écrivaine, perdue, vivant à Paris. Choix que Quoc Dang Tran trouvait intéressant : “Une jeune femme catapultée dans un univers d’homme ça la rend beaucoup plus combative“.

Néanmoins dans la série, l’esprit compétitif semble moins féroce que dans le manga. C’est ce que Lila, étudiante, regrette. Elle applaudit la retranscription fidèle du lien émotionnel entre vin et mémoire, de par l’esthétisme de la série, “J’ai adoré tout le côté artistique, ainsi que la musique” mais regrette que le vin, central dans l’adaptation, le soit moins que dans le manga : “Dans Les Gouttes de Dieu, on découvre chaque vin, pas seulement selon des critères abstraits et de simples arômes, mais vraiment sous toutes ses coutures“. Tomohisa Yamashita, fan du manga, s’avoue lui, “conquis” par cette liberté scénaristique. Fleur Geffrier, elle, n’a pas voulu se pencher sur le manga après avoir été retenue au casting. Elle précise avoir commencé à le lire, puis s’être arrêtée, confessant : “Je ne voulais pas me faire polluer par le manga“.

Le manga s’est ainsi transformé sous la plume de Quoc Dang Tran pour se teinter, dans la série, des couleurs françaises. Le créateur affirme : “Je ne crois pas être rentré dans les clichés“. Il explique avoir été assisté par des spécialistes du vin, des Français et des Japonais pour que le scénario soit “suffisamment cadré pour ne pas faire de fautes“. Pourtant, à l’issue de la projection, Lila déplore : “Presque tout est cliché, le personnage féminin de la bourgeoise parisienne n’est pas très profond. Le rapport à la vigne et au terroir est occulté, cliché car on décrit le quotidien de businessmen, pas de passionnés“. Seul le visionnage de la suite des Gouttes de Dieu nous dira si, finalement, la série se révèle à la hauteur du manga.

Anecdotes et secrets de tournage

Une production de cette ampleur, un casting et un tournage international commencé en 2021, c’est le bon assemblage pour un cru d’anecdotes ! 2021, synonyme de difficultés liées au Covid-19. Alors que l’équipe de tournage est sur le point de se rendre au Japon, visas en poche, le pays fait face à un regain de l’épidémie et décide de fermer ses frontières et d’annuler les visas délivrés. Le tournage se voit ainsi retardé de 6 longs mois…

Dans un registre plus comique  : d’importantes scènes de la série ont failli se tourner dans une cave… vidée de ses bouteilles ! Lors du repérage des lieux, la cave du Château de Beaucastel, à Châteauneuf-du-Pape (84), se présente comme le décor parfait. Seul problème : une semaine avant le tournage, cette dernière a été vidée de toutes ses bouteilles. La production s’est donc vue dans l’obligation de racheter 100.000 bouteilles de vin pour la re-remplir. Mieux vaut une cave pleine pour tourner une série sur des férus de vin !

Alors, envie de découvrir l’univers du vin en voyageant au Japon ? D’être pris dans un thriller haletant explorant des thématiques qui nous touchent toutes et tous ? Peut-être, vous laisserez-vous séduire par Les Gouttes de Dieu, disponible en avril sur Apple TV+ et plus tard sur France Télévision.

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