En lecture
Jean-Luc Mélenchon fait sa rentrée politique à la Braderie de Lille

Jean-Luc Mélenchon fait sa rentrée politique à la Braderie de Lille

Jean-Luc Mélenchon à la braderie de Lille, le 3 septembre 2022 © Nathéo Dillenseger

Devant quelques centaines de sympathisants,  Jean-Luc Mélenchon a investi la Braderie de Lille. Entouré de députés LFI, il s’est exprimé pendant environ une heure.

À la Braderie de Lille, les interventions politiques sont presque aussi banales que les moules marinières. Ce samedi 3 septembre, c’est Jean-Luc Mélenchon qui fait sa rentrée devant une place Richebé bondée. S’il n’occupe plus de poste au sein de LFI, l’insoumis reste auréolé de son score important à la dernière présidentielle. Entouré des trois députés LFI du Nord, J.-L. Mélenchon a déroulé ses arguments dans un discours offensif et tentaculaire.

Alerte rouge et Casques bleus

Le tribun commence en se félicitant de son score chez les jeunes, affirmant que “ceux qui ont moins de 26 ans ont voté à 50% pour ma candidature“. En réalité, environ un jeune sur trois s’étant déplacé le 10 avril l’a choisi, mais Jean-Luc Mélenchon ne fait pas dans le détail. Le discours bifurque alors vers la guerre en Ukraine. L’insoumis dénonce les sanctions économiques imposées à la Russie, remettant en question leur efficacité. Il pointe les bénéfices importants que Moscou réalise grâce aux ventes de matières premières, et souligne que les Russes se sont tournés vers l’Inde et la Chine pour compenser l’embargo.  Il omet de préciser l’impact bien réel des mesures occidentales. La pauvreté a explosé et les importations ont chuté, notamment dans le secteur de la technologie dont l’armée est très dépendante.  Selon le Fonds Monétaire International, l’économie russe devrait reculer de 6% en 2022, et la Russie est entrée en défaut de paiement de sa dette pour la première fois en un siècle.  

J.-L. Mélenchon mentionne la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, actuellement occupée par les forces russes. C’est l’humanité tout entière qui est menacée si le réacteur nucléaire de Zaporijjia venait à faillir, du fait de quelque agression que ce soit” alerte-t-il. Il appelle à une intervention des Casques bleus, une force militaire internationale de maintien de la paix placée sous l’autorité de l’ONU. Sauf que cela nécessite l’accord du Conseil de sécurité, le club de grandes puissances dotées du pouvoir exécutif au sein des Nations Unies. La Russie faisant partie du Conseil, elle peut émettre son veto, et bloquer toute décision.

Le député LFI lillois Ugo Bernalicis a tenté de clarifier les choses au Pépère en évoquantune disposition particulière” des règles de l’ONU en cas de menace pour ”les intérêts généraux de l’humanité”. Celle-ci permet exceptionnellement à l’Assemblée générale des Nations-Unies (qui regroupe tous les pays membres) d’autoriser le déploiement des Casques bleus, même en cas de veto d’un membre du Conseil de sécurité. Mais cette solution reste très hypothétique, car les Casques bleus n’agissent en théorie jamais en zone de conflit ouvert. Il faudrait donc un accord de cessez-le-feu.  

Jean-Luc Mélenchon à la braderie de Lille, le 3 septembre 2022 © Nathéo Dillenseger
Jean-Luc Mélenchon à la braderie de Lille, le 3 septembre 2022 © Nathéo Dillenseger

L’ombre et le silence

L’ancien député des Bouches-du-Rhône survole ses thèmes de prédilection, à commencer par l’environnement. Il choisit un angle inattendu : le droit au silence, une nécessité de l’existence’’. 25 millions de Français sont exposés à des nuisances sonores’’ dénonce-t-il, tout en soulignant l’impact sur les animaux. Mais il ne propose toutefois pas de solution concrète au problème. J.-L. Mélenchon s’attaque ensuite à la pollution lumineuse, causée selon lui par le capitalisme qui a aboli le jour et la nuit”. Pour voir les étoiles, il faudrait donc rompre avec le capital. L’ancien candidat exige aussi de plus forts investissements dans Météo France, dont le budget est en baisse depuis près de dix ans.

Dans son discours d’une heure environ, l’insoumis revient plusieurs fois aux services publics, selon lui “saccagés” par le gouvernement. J.-L. Mélenchon cite l’école, temple suprême de la République” et condamne la stratégie de recrutement de l’Éducation Nationale face à la pénurie d’enseignants. Celle-ci a organisé des job dating où les candidats peuvent être recrutés après des entretiens d’une demi-heure. Il appelle à la titularisation immédiate” de tous les fonctionnaires. Il exige aussi la gratuité des cantines et des fournitures scolaires, clamant qu’il ne supporte pas que des jeunes gens aient faim dans un pays si riche” . Cela coûterait selon lui 3,2 milliards d’euros, qu’il compare avec les 140 milliards versés par l’État aux entreprises durant la pandémie.

Dans la dernière partie de son allocution, J.-L. Mélenchon appelle à une grande marche sur Paris” en octobre, ainsi qu’à des manifestations les 22 et 29 septembre pour exiger l’augmentation des salaires, en conjonction avec les syndicats. L’orateur souhaite d’ailleurs que ces derniers se rapprochent” des partis politiques, jugeant absurde” la séparation entre organisations. Il conclut sur une note combative : Nous ne sommes même pas fatigués, monsieur Macron, nous voilà, et vous finirez bien par partir !”. Lui, ne semble pas près de quitter l’arène.

Quelle est votre réaction ?
J'adore !
2
J'ai hâte !
0
Joyeux
0
MDR
0
Mmm...
2
Triste...
0
Wow !
0

Auteur/Autrice

Voir les commentaires (0)

Répondre

Votre adresse Email ne sera pas publié

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.