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The Batman, un spectacle sombre criant de vérité

The Batman, un spectacle sombre criant de vérité

Jonathan Olley/™ & © DC Comics

Si l’on croyait ne plus pouvoir réinventer la légende du chevalier noir, Matt Reeves se tient devant nous pour prouver le contraire. En proposition frontale et brutale, The Batman s’affranchit des codes du film de super-héros pour mener la quête désespérée d’un justicier à bout de forces. Habité par un fond de vérité, le long-métrage entraîne Robert Pattinson, Zoë Kravitz et Paul Dano dans un Gotham City secoué par le vice et le jeu. 

Batman s’aventure dans les bas-fonds de Gotham City lorsqu’un tueur sadique laisse derrière lui une traînée d’indices énigmatiques. Alors que les preuves commencent à se rapprocher de chez lui et que les plans de l’agresseur prennent une dimension inquiétante, Batman doit nouer de nouvelles relations, démasquer le coupable et rendre justice aux abus de pouvoir et à la corruption qui sévissent depuis longtemps dans la métropole.

Le chevalier noir en détective

Outre ces quelques scènes de combats et de courses poursuites en Batmobile, The Batman n’a pas grand chose d’un film de super-héros comme on a coutume d’en voir au cinéma de nos jours. En brassant des thématiques inédites dans le genre, le réalisateur de Cloverfield offre un long-métrage novateur très policier.

Souvent l’on oublie qu’avant d’être un super-héros prêt à sauver l’humanité, Batman est un super-détective. La bande dessinée a toujours fait de cette caractéristique un point central, ce qui a parfois échappé aux œuvres cinématographiques majeures signées Tim Burton, Zach Snyder ou Christopher Nolan. Durant ces trois heures de film, Reeves choisit d’exploiter scrupuleusement cette facette du chevalier noir souvent laissée pour compte au cinéma. Ainsi, Batman travaille ouvertement avec la police de Gotham sur les affaires criminelles qui secouent la métropole. Les scènes détectives s’appuient notamment sur la relation de confiance réciproque entre Jim Gordon et Batman, aux airs de duo à la Morgan Freeman et Brad Pitt dans Seven de David Fincher.

En résulte un long-métrage néo-noir oscillant entre histoire policière et grand spectacle visuel et sonore, selon les exigences d’un film Batman. Matt Reeves y réussit un superbe mélange des genres cinématographiques sans jamais basculer dans la vanité : un brin de romance, de belles scènes d’action, des enquêtes policières et beaucoup de politique, voilà ce qui définit The Batman.

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Plus dark que The Dark Knight  ? 

Si le Joker de l’iconique Heath Ledger avait cousu un téléphone dans l’abdomen d’un homme dans The Dark Knight de Nolan, The Riddler du déjanté Paul Dano donne l’abdomen d’un autre homme à manger à une cage de rats. Dans le fond comme la forme, The Batman s’impose comme une fresque macabre dont l’histoire se déploie dans un Gotham englouti par la corruption et les crimes en bande organisées, rappelant L.A. Confidential de Curtis Hanson. Au coeur de cette ville dystopique qui semble n’exister que plongée dans la nuit et les intempéries, pour les personnages comme pour la palette de couleurs, il y a finalement peu de zones grises. Face à la trilogie de Christopher Nolan, Matt Reeves répond ainsi “plus sombre !”, et se débarrasse du caractère héroïque du personnage principal pour se tourner vers ses traumatismes, ses doutes et ses peurs. Interprété par le ténébreux Robert Pattinson, le personnage de Bruce Wayne y est torturé et imparfait. On cesse alors de l’idéaliser : ici, il s’affaiblit aux yeux du public.

En 2017, Joker de Todd Phillips pointait du doigt la direction à prendre pour les prochains films de super-héros, qui n’en seront plus. De fait, Reeves suit volontiers cette tendance à représenter le chaos dans nos sociétés et à dépeindre les faiblesses de son personnage principal. Garantissant le futur promis par Joker, le Gotham perçu par Matt Reeves sert de loupe pour regarder notre monde, car The Batman est bien le reflet de son époque.

Jonathan Olley/™ & © DC Comics
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Une expérience immersive

Avec The Batman, Matt Reeves joue la carte de l’immersion. Là où Christopher Nolan favorisait les plans larges, Reeves prend le parti de l’intimité et la subjectivité en proposant des plans serrés dès l’ouverture de son film. Ainsi, le réalisateur bâtit avec brio une relation étanche entre spectateurs et personnages, frôlant la confidentialité. Soutenues par une trame sonore et un montage son impeccables, les scènes d’actions semblent aussi éprouvantes pour Batman que pour le spectateur. Visuellement délicieuses, elles donnent l’impression d’être filmées caméra à l’épaule à la manière de Gus Van Sant, tandis qu’on croit se retrouver dans les véhicules avec les personnages lors des courses poursuites. Quand bien même les autres films Batman réalisés jusqu’à présent sont tout à fait appréciables, ils ne sont pas aussi immersifs que celui de Matt Reeves.

Très dense, The Batman ne déroule pas la moindre scène inutile et prend le temps de pousser son intrigue au point culminant. En découle une expérience frénétique, violente et stupéfiante dont on émerge presque accablé de fatigue, à l’instar du personnage principal. Un film d’aujourd’hui pour un public d’aujourd’hui, dont les fondations se trouvent dans tous les cinémas qu’on aime : The Batman est sûrement l’un des meilleurs films Batman réalisés au cinéma, bien que difficilement comparable avec ses prédécesseurs. À ne pas rater en salles !

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