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Un “Autre Regard” sur le Festival du Cinéma Européen

Un “Autre Regard” sur le Festival du Cinéma Européen

© Snake Oil - Remy Archer

Cette année, la 37e édition du Festival du Cinéma Européen de court métrage se tient entièrement à distance. Toutes les séances sont disponibles en ligne jusqu’au 7 avril à minuit. Documentaires, films d’animation et films décalés, le Pépère News a regardé pour vous les courts métrages de la compétition Autre Regard.

Hormis la Compétition Officielle, qui regroupe une trentaine de courts-métrages, l’édition 2021 du Festival du Cinéma Européen propose une Compétition Autre Regard. Elle est constituée de quatre séances : une séance documentaire, une séance animation, une séance décalée et une séance expérimentale. Poésie, humour, découverte, absurdité, cette sélection éclectique jongle habilement entre différentes émotions. Vous ne serez pas déçus !

La séance documentaire

Des “réalités qu’on ne peut pas ignorer”, c’est ce que nous propose le festival cette année avec sa sélection de documentaires. La séance dure 1h30, et on n’a pas le temps de s’ennuyer. Cinéma italien, nazis, syphilis, viol ou encore foot en Tunisie, les thématiques se mêlent et s’enchaînent pour nous proposer une séance novatrice. Dans Before I Die d’Iker Esteibarlanda, on se laisse bercer par le témoignage d’une jeune femme kényane. Sur une petite île du lac Victoria, les pêcheurs ont tous les droits et “le silence tue beaucoup de filles”. La beauté des images contraste avec la violence des souvenirs d’enfance de la jeune femme.

Avec Mouvement(s) d’Elise Otinwa, on est téléporté dans un Paris en noir et blanc où plusieurs générations de danseurs reviennent sur les premiers pas du hip-hop en France. Traversez la Manche et vous vous retrouvez immergés dans l’univers d’Imogen Legrove qui réunit les témoignages d’opératrices de téléphone rose. Court mais efficace, ce documentaire expérimental expose une réalité dans laquelle n’importe qui peut être au bout du fil. Des courts métrages comme ceux-ci, il y en a six. On ne peut que vous conseiller de prendre une place pour cette séance riche en émotions.

© Before I Die - Iker Esteibarlanda
© Before I Die – Iker Esteibarlanda

La séance animation

C’est ici que s’affrontent, pour notre plus grand plaisir, diverses techniques d’animation qui sauront trouver leur public par leur diversité sans limite. Alternant coups de crayons, marionnettes, peintures animées ou animations 3D, chaque réalisateur fait la démonstration de son talent. Cette séance de dix films s’ouvre sur une oeuvre française, The other me. C’est sans mal que vous y resterez accrochés grâce à la beauté de ses couleurs et de ses formes. Pourtant dépourvue de parole, vous serez touchés par l’histoire d’un homme choisissant d’arrêter de vivre dans sa propre ombre.

Dans un tout autre style, The Adventures of Gloria Scott vous arrachera au moins un sourire par le génie de son cynisme hilarant. Paisiblement camouflés sous un voile de légèreté, Carried away, Disparu ou One left vous proposeront quelques remises en questions accompagnées d’un rire. Si après neuf visionnages le temps vous semble long, restez, ne partez pas. Le meilleur reste à venir. En effet, la séance se clôture sur une œuvre d’animation avec des marionnettes signée Bruno Collet : Mémorable. Solidement accompagnée d’une bande-son incroyable, laissez-vous emporter dans l’histoire peu à peu déstructurée et tourbillonante d’un viel homme atteint d’Alzheimer. En bonus, le making-off de cet émouvant court métrage est proposé !

© Donnie Mountain - Thijs Bouman
© Donnie Mountain – Thijs Bouman

La séance décalée

C’est en 1 heure et 55 minutes que se déroule cette séance au nom happant. Et pour bien porter son nom, elle le fait admirablement. D’une sitcom sur Vigipirate et la recherche d’un terroriste dans un décor des années 80 dans Candice à la fac à The Appointment, où les humains sont cannibales et peuvent interchanger leurs âmes, en passant par Donnie Mountain, star du porno qui a perdu la trique, la sélection est plus qu’admirable. Si le fou rire vous prendra de court, peut-être pleurerez vous d’attendrissement face à l’histoire de Mathieu, dans Champion de Sylvain Begert, qui décide, malgré son bide à bière pointant, d’affronter un professionnel de la boxe dans un combat qu’il organisera lui-même, en souvenir de son père défunt.

Si vous vous esclafferez devant Candice à la fac, la morale sera aussi de paire à chacun des courts : dans Snake Oil, un jeune filou anglais détruira l’American Dream, que son père lui avait laissé comme seul espoir dans la jarre remplie de ses cendres. Peut-être aussi rencontrerez-vous l’incompréhension devant Marcel de Marcin Mikulski, court dans lequel un homme, somme toute assez banal, se trouve être invisible aux yeux de tous jusqu’au jour où il sauve sa voisine du suicide… En bref vous croiserez le rire, les pleurs, la morale et de magnifiques décors loufoques pour le plus grand bonheur de vos pupilles tout au long de ces six courts-métrages épicés.

La séance expérimentale

En guise de clap de fin, Autre Regard propose au spectateur un voyage intérieur le faisant vaciller entre libertés espérées et regrettées. Un périple décomplexant qui amène à une heure de réflexion philosophique sur le sens de la vie. Les animations sont parfois psychédéliques, voir absurdes, quand d’autres plans restent simples, mais le message demeure ancré dans une réalité parfois amère. Avec À la fin… Nicolas Lichtle invite le spectateur à s’interroger sur le monde dans lequel il vit et ce qu’il en a fait. Une vision du monde qui contraste avec celle que propose Irina Rubina dans Black Snot & Golden Squares, où pendant une simple minute est délivré un message d’espoir sur le tant fatasmé monde de demain.

© Portrait of a woman - Natalia Durszewicz
© Portrait of a woman – Natalia Durszewicz

De ces visions du monde découlent des interrogations conceptuelles. Comme dans Altötting,  Andreas Hykade questionne la foi et l’innocence à l’image de Julia Benedyktowicz, qui tente de trouver un remède à la solitude dans Tunnel… Et le voyage continue au travers de huit autres courts-métrages de une à onze minutes, tous aussi déconcertants mais lénifiants les uns que les autres.

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