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20ème édition du festival international du court métrage, une expérience multiculturelle

20ème édition du festival international du court métrage, une expérience multiculturelle

Festival international du court-métrage

La 20ème édition du festival international du court métrage s’est déroulée à Lille du 19 au 27 septembre. Sur les 30 films sélectionnés, 15 ont concouru dans la catégorie “Compétition internationale”. Zoom sur les deux réalisations qui nous ont le plus marqués.

Le palmarès du festival s’est tenu au soir du dimanche 27 septembre, au théâtre Sébastopol – une belle manière de conclure cette semaine de projections riche en émotions. Que ce soit sur les transats mouillés par la pluie froide dans la cour intérieure du Palais Beaux-Arts ou dans la chaleur confortable des sièges de l’Auditorium, le public a répondu présent. “Les gens sont très motivés, même malgré la météo”, s’étonne Carmen, membre de l’équipe de Rencontres Audiovisuelles, l’association qui organise le festival depuis maintenant 20 ans.

Le Pépère News avait aussi réservé ses places – à l’abri de la pluie – afin de profiter du programme de la compétition internationale. Très variée, la sélection de court métrages était plutôt réussie avec un mélange de cultures, d’ambiances et de visions du monde différentes, même si l’incompréhension a parfois pris le dessus dans le public lorsque le choc culturel était trop fort. Néanmoins, la compétition internationale reste une réussite pour le multiculturalisme, avec un enchaînement fluide de créations issues du monde entier : États-Unis, Europe, Chili, Colombie, Brésil ou encore Corée du Sud.

Little Lower Than the Angels, satire cinglante du créationnisme

Little Lower Than the Angels
Affiche du court-métrage Little Lower Than the Angels, de NEOZOON (2019). © Rencontres Audiovisuelles

Little Lower Than the Angels est un véritable coup de cœur de ce festival – c’est d’ailleurs lui qui a remporté le premier prix de la Compétition Internationale. Cette moquerie cinglante de l’humain persuadé, ainsi que le mentionne la Bible, que “l’homme a été fait à l’image de Dieu” et est supérieur à toute autre espèce animale, ne peut laisser indifférent. Le court métrage met en exergue, avec une habileté fine et un humour piquant, le décalage ridicule entre les revendications dominatrices de l’être humain et son statut réel d’animal pas forcément invincible.

En 12min42 de collage expérimental, l’humour des créateurs parvient à tenir un rythme calibré. La composition est parfaitement maîtrisée, de l’alliance fluide entre fond sonore, musique et vidéo à la superposition d’images en contraste total et pourtant parfaitement à propos. L’enchaînement des thèmes, parfois inattendus, souvent drôles, fonctionne à merveille. Pas besoin de mots, le message passe facilement par de nombreux procédés humoristiques. Des déclarations bibliques sur la création de l’Homme, la puissance mystique de Dieu, la soumission au Créateur originel, sont mises bout à bout avec des extraits de vidéos Youtube d’illuminés décrivant leur rencontre avec Jésus, de fanatiques aux yeux exorbités et de gourous de sectes jurant posséder le feu céleste. On peut aussi admirer quelques secondes, baignée d’une lumière divine sur fond de paysage paradisiaque, une colombe symbolisant “le cœur de Dieu” – avant que s’y superpose la vidéo d’un chasseur tirant des pigeons.

Mother’s, tornade d’émotions et sublimation des corps

Mother's, Hippolyte Leibovici
Affiche du film Mother’s, de Hippolyte Leibovici (2019). © Rencontres Audiovisuelles

Mother’s mérite largement d’avoir été sacré Grand Prix du festival, toutes catégories confondues. Ce court métrage est presque un documentaire, une immersion de 20 minutes au sein du cocon intime des loges de quatre drag queens avant leur show. Le film est une tornade de sentiments mêlés, sublimés par une esthétique poignante. On assiste, presque religieusement, à la transformation progressive des quatre hommes en femmes. Dernières touches de maquillage, ajustement des perruques et réflexion sur les tenues… La caméra magnifie en gros plans les paillettes sur les paupières et les contours des lèvres, les peaux poudrées et les sourcils dessinés, les sourires éclatants et les larmes brillantes. Elle offre au spectateur une proximité unique avec les protagonistes.

En parallèle des images, qui émeuvent déjà par leur beauté, se déroule une discussion privée. L’identité, l’âge, le fossé générationnel – en réalité pas si infranchissable –, les relations amoureuses, la confiance en soi, mais surtout la relation à la mère, les thèmes abordés touchent profondément par leur universalité. Comment aimer les autres sans s’aimer soi-même ? Comment éviter les maladresses face à l’histoire personnelle de chacun ? Qu’est-ce qui lie des êtres à la perception différente mais à l’identité similaire ? Privilégié, presque intrusif, on écoute les quatre drag queens confier leurs doutes, leurs douleurs, leur mal-être. On se laisse toucher par leur bienveillance, leur courage, leur liberté. Et on rit devant l’humour qu’elles opposent systématiquement à l’absurdité de la société : “Aujourd’hui je dis : je suis drag queen, coiffeur, styliste, maquilleur, et pédé. Je savais pas quel stéréotype choisir donc je les ai tous pris.”

 

Tous les films primés seront diffusés à l’Hybride, 18 rue Gosselet, le 10 octobre. Le nombre de places sera limité et l’entrée se fera uniquement sur réservation. Les informations seront à retrouver sur le site internet du festival.

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